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Pour sa deuxième carte blanche, notre invitée de la semaine, la photographe Claudine Doury revient sur l’ouvrage « Amour » publié en novembre 2019 par les éditions Chose Commune – portées par Cécile Poimboeuf-Koizumi. “Amour” est le récit d’une quête menée par Claudine Doury sur les rives du fleuve sibérien éponyme. Débutée il y a trente ans, la photographe a choisi de suivre les familles et les peuples qu’elle avait rencontrés lors de son premier voyage en 1991. On retrouvera l’exposition « Amour, Une odyssée sibérienne » au Centre photographique documentaire – ImageSingulières à Sète dès le 20 janvier.

Edité sous la forme d’un carnet Moleskine, ce journal très sobrement intitulé “Amour” rassemble les photographies réalisées par Claudine Doury ses trente dernières années, autour du fleuve Amour. Comme elle l’explique dans cet ouvrage, l’idée de cette épopée sibérienne lui est venue un soir d’hiver 1989. Ses yeux posés sur un atlas voient le mot “Amour” qui courre le long d’une longue ligne bleue. Cet immense fleuve s’étend sur près de 4400 kilomètres. En Chine, on le surnomme le “Dragon noir”. Si beaucoup le connaisse de par son nom, il a été peu vu et encore moins photographié. C’est ainsi que, deux ans plus tard, Claudine Doury se rend en Sibérie et part à la rencontre des peuples autochtones des rives du fleuve, les Nanaïs, les Oultches et les Oudégués. Son deuxième voyage attendra six ans après sa première exploration, pour y retourner enfin plus de vingt ans plus tard. C’est une quête qu’elle aura menée sur presque trois décennies. Allant à l’encontre de la logique d’un journal de bord, ou même d’un journal intime, Claudine Doury ne choisit pas de faire apparaître ses images par date de voyage, ces trois expéditions sont mêlées et entrecoupées. Il est d’ailleurs étonnant de voir que visuellement, ce territoire n’a pas subit de changements majeurs en 30 ans… Le seul indice qui sépare les différentes périodes d’exploration, réside dans l’utilisation de la couleur et du noir et blanc. Mêlant ainsi les temporalités, Claudine Doury cherche à restituer son cheminement à travers les différentes générations des familles, et de ces peuples qu’elle avait rencontrés lors de son tout premier voyage. Le temps ayant fait son œuvre, la photographe n’a pu que constater lors de sa visite en 2018, que les abords du fleuve se sont transformés et que la culture et les traditions des peuples sibériens disparaissent avec la jeune génération. C’est donc tout un pan de cette histoire qui est en train de disparaître. Cet évanouissement culturel, elle l’évoque subtilement dans ses images. On pourra remarquer d’une image à l’autre, certains visages qui reviennent, marqués par le temps…

Amour
Claudine Doury
Chose Commune
19 x 25 cm, 104 pages
Date de publication : 14 novembre 2019
ISBN : 979-10-96383-15-3
Sold out
https://chosecommune.com/fr/produit/amour_claudine-doury/

INFORMATIONS PRATIQUES

ven20jan(jan 20)10 h 00 mindim09avr(avr 9)19 h 00 minClaudine DouryAmour. Une odyssée sibérienneCentre photographique documentaire - ImageSingulières, 17 rue Lacan 34200 Sète

Détail de l'événement

Claudine est devenue photographe en empruntant les chemins de traverse. Nous nous sommes rencontrés dans une petite agence photo puis au journal Libération où elle officiait comme iconographe, à l’orée des années 80. C’est donc par ce biais détourné qu’elle est arrivée à ses fins, en s’enrichissant tout d’abord du travail des autres jusqu’à pouvoir assouvir elle-même sa passion. Très vite elle intègre l’agence VU’, vivier de la nouvelle photographie des années 80/90 où, avec l’aide de l’incontournable Christian Caujolle, elle s’affirme comme une grande photographe, lauréate entre autres du Prix Niepce en 2004. Claudine c’est aussi une travailleuse infatigable, perfectionniste au possible. Elle a produit une oeuvre documentaire majeure en ex-URSS, labourant le terrain lors de longs voyages hasardeux où le romantisme de ses pérégrinations lointaines se mêle à une forme d’ethnologie sociale dans laquelle le souci des gens qu’elle photographie est toujours présent. Le travail de Claudine Doury répond parfaitement à la ligne du Centre photographique documentaire où nous montrons en alternance de la photographie émergente et des auteurs importants de la scène photographique, mais qui indifféremment travaillent toujours sur un temps long, vertu cardinale du style que nous défendons.
Gilles Favier, directeur artistique d’ImageSingulières

Claudine Doury est une photographe française née à Blois et basée à Paris. A l’intersection du réel et de la fiction, son travail aborde les notions de mémoire et de transition notamment autour de l’adolescence et du voyage, thématiques centrales de son œuvre. En 2017 elle est lauréate d’une commande nationale du Ministère de la Culture et de la Communication sur la jeunesse en France, et reçoit cette même année le Prix Marc Ladreit de Lacharrière – Académie des Beaux-Arts. En 2022, elle est aussi lauréate de la commande du Ministère de la Culture destinée aux photojournalistes. Ses travaux sont régulièrement exposés en France et à l’étranger et ses photographies figurent au sein de prestigieuses collections privées et publiques dont le Fonds National d’Art Contemporain à Meyrin (Suisse), le Musée de la Photographie à Braga, l’Imagerie à Lannion, et la collection Agnès B. Elle a publié 5 ouvrages monographiques dont « Amour » (éd. Chose Commune). Claudine Doury est représentée par la galerie In Camera à Paris et elle est membre de l’agence VU’.