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Photographie d’identité judiciaire de Gabrielle Bompard ayant participé à l’assassinat de Toussaint-Augustin Gouffé en 1889 (Photographie d’illustration de l’article)

Le Prix du musée d’Orsay 2025 vient d’être décerné à Célia Honoré – docteure en histoire de l’art – pour sa thèse « Photographier les criminelles. Figures de la déviance féminine dans la culture visuelle de la modernité (France, 1855-1914) », menée sous la direction de Giovanna Zapperi, professeure à l’Université de Genève, et soutenue en février 2024. Ce prix permettra grâce à une dotation de 10 000 € d’éditer son travail de recherche et ainsi d’enrichir l’histoire de l’art et de renforcer les liens entre le musée et les universités dans un soutien commun aux jeunes chercheurs.

L’ensemble du jury, composé de France Nerlich (préfiguratrice du Centre de ressources et de recherche Daniel Marchesseau, musée d’Orsay), Bertrand Tillier (professeur, université Paris I Panthéon-Sorbonne), Isabel Valverde Saragoza (professeure, université Pompeu-Fabra, Barcelone), Stéphane Paccoud (conservateur en chef, musée des Beaux-Arts de Lyon) et Élise Dubreuil (conservatrice en chef, musée d’Orsay), a souligné l’intelligence et l’originalité de l’approche, la rigueur scientifique, la maturité méthodologique et l’importance des questions soulevées par une thèse résolument engagée, qui aborde un corpus photographique allant de la photographie judiciaire à la photographie du fait divers et à la gravure en passant par les portraits, les mises en scène et les transpositions dans la presse illustrée. La thèse aborde les enjeux de la constitution d’un régime d’autorité visuel qui prescrit les formes et les apparences de la criminalité féminine, voire la définit, et porte une attention extrêmement fine aux contextes de production.

Bertrand Tillier s’est dit impressionné par son audace : « Elle renouvelle notre compréhension de la construction des imaginaires de la criminalité féminine en articulant figures, visualité et contexte social. L’analyse, qui va de la Commune à la Belle Époque, révèle des angles morts fascinants – comme l’absence des femmes dans les archives Bertillon – et propose des rapprochements inédits, notamment avec le musée Grévin ». Isabel Valverde Saragoza exprime quant à elle son admiration pour une proposition intellectuelle claire et ambitieuse : « Elle offre une histoire des idéologies des images à la fois réjouissante et précieuse pour penser leur agentivité. Une contribution de premier plan, importante pour l’histoire de l’art ».

Célia Honoré est docteure en histoire de l’art de l’Université de Genève, où elle a soutenu sa thèse en février 2024. Titulaire d’un Master de recherche en Sciences humaines et sociales, spécialité « Arts et langages », de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris, elle est chercheuse associée au laboratoire ACTE (Arts Créations Théories Esthétique) de l’université Paris I Panthéon Sorbonne. Elle a publié divers articles sur les femmes criminelles, les insurgées de la Commune, la culture visuelle de la déviance féminine et elle dispense des cours en histoire et théorie des arts à Paris I et à l’Université de Genève.

https://www.musee-orsay.fr/fr/ressources/ressources-scientifiques/presentation-et-mode-demploi/prix-du-musee-dorsay

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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