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Rencontres de Bamako 2017 : Coup de coeur – Phumzile Khanyile

Temps de lecture estimé : 3mins

Sortie du Market Photo Workshop à vingt-cinq ans à peine, Phumzile Khanyile déploie un travail complètement décalé autour de l’autoportrait. Les collectionneurs semblent déjà séduits par ses images : on a pu les voir en mai dernier à New York sur le stand d’Afronova lors de la foire 1:54 pendant l’Armory Show, où dix-huit photos se sont vendues en trois jours ! Un vrai succès. C’est grâce à la bourse et au mentorat Gisèle Wulfsohn (nom d’une photographe documentaire sud-africaine) reçus en 2015 que Phumzile Khanyile a pu commencer sa formation et bénéficier d’un encadrement avec la photographe Ayana V. Jackson (États-Unis).

Avec son titre célébrant un monde superficiel en plastique, un univers de fêtes et d’alcool, le corpus Plastic Crowns de la photographe se lit comme un journal intime fictif. Ce projet a été réalisé dans la maison de sa grand-mère à Soweto, quartier où la jeune femme est terrorisée de sortir. En effet, Phumzile s’est fait attaquer par cinq hommes pendant qu’elle prenait des photos en extérieur quelques années auparavant. Alors comment faire des photos ? Durant deux ans, elle décide de travailler autour de cette peur, de cette solitude et de son ennui omniprésent à travers des mises en scène simples assorties de vêtements et accessoires de sa grand-mère pendant que cette dernière se trouve à l’église. Pour la petite histoire, Nomvo (c’est le prénom de sa grand-mère) a découvert Plastic Crowns lors de l’exposition de fin d’études au Market Photo Workshop : une vraie surprise pour elle qui n’imaginait pas ce que faisait sa petite-fille en son absence.

Ces images intimes oscillent entre une palette douce floue et des ombres fortes en se jouant d’un univers féminin presque fané, voire morbide. À travers ses autoportraits, la photographe dévoile ses peurs, son envie d’émancipation, ses questionnements sur la condition des femmes en Afrique du Sud, sa sexualité, mais aussi sur la difficulté de faire face au monde.

Son succès continue grâce à de nombreux articles : elle a été repérée par Sean O’Toole pour Artforum, ainsi que dans le dernier numéro d’Aperture sur l’Afrique. En novembre, c’est à Paris Photo sur le stand MAGNIN-A en collaboration avec AFRONOVA GALLERY de Johannesburg que l’on pourra découvrir Plastic Crowns pour la première fois en France.

Texte Jeanne Mercier / Afrique in Visu

INFORMATIONS PRATIQUES
Les Rencontres de Bamako – Afrotopia
Biennale Africaine de Photographie
Exposition Panafricaine : Phumzile Khanyile
Du 2 décembre 2017 au 31 janvier 2018
Musée national du Mali
Bamako, Mali
https://www.rencontres-bamako.com

Anna-Alix Koffi
Anna-Alix Koffi est directrice de création, dirige et publie des titres liés à l'art. Après la revue photographique OFF the wall ( 2013-2016 ), SOMETHING WE AFRICANS GOT (2017), revue d’art et de pensée dédiée à l’Afrique et au monde noir, et SWAG high profiles (2019) - sa version magazine dédiée aux personnalités - sont des références de créativité et de contenu de qualité. Ces titres rassemblent les artistes venus d’Afrique et de sa diaspora dans un perspective de dialogue permanent avec le reste du monde. Avec woman paper, journal en édition spéciale en collaboration avec foires et festivals internationaux, est une voix pour les femmes du monde de l’art. Dans toutes les publications : des images fortes, originales, et toujours très esthétiques accompagnées de textes de grande qualité ( auteurs, chercheurs, commissaires, artistes ... ) qu’ Anna-Alix met elle-même en forme dans une mise en page inconventionnelle pour des objets d’édition rares à collectionner. avril27.com

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