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Bon nombre de photographes consacrent un temps précieux à la réalisation de dossiers pour répondre à des appels à candidatures de prix, de bourses ou de résidences. Autant d’heures qui ne sont plus dédiées à leur création ou à leur production. Dans un métier qui se paupérise de plus en plus, ces appels à candidatures deviennent une manière détournée d’obtenir une rémunération, de plus en plus rare. Mais les places sont chères : dans ce domaine, on « choisit » « le ou la meilleur·e ». La photographe et sociologue Irène Jonas partage son coup de gueule !

Pour tout photographe, les dossiers de réponse pour les appels à résidence, les appels à projet, les bourses, les concours, etc. sont un investissement en temps et en énergie pour accroître une visibilisation de son travail ou avoir l’opportunité́ d’entamer un nouveau projet.

De prime abord, sur le papier, la règle du jeu parait simple : on concourt, on est vu par un jury, on est sélectionné ou non. Or, là où l’on suppose qu’il n’y a qu’une seule sélection des dossiers envoyées, il y en a en fait deux. Au fil des années, on réalise, parfois par hasard ou en croisant un membre d’un jury, qu’à plusieurs reprises et à sa grande surprise le dossier de candidature ou le livre n’ont même pas atteint l’objectif pour lesquels ils avaient été envoyés : être vus par un jury.

Cela ressemble à une double peine… La première, qui fait partie de la règle du jeu, est d’apprendre que son dossier de candidature n’a pas été retenu ; la seconde, discrète et occulte, est de découvrir qu’il n’est même pas arrivé aux yeux du jury. Jury, qui sans le sélectionner aurait néanmoins pu remarquer le travail d’un ou d’une photographe.
Et ce, sans savoir ce qui lui a valu le fait d’être écarté d’office.

© Irene Jonas – Agence révélateur

Si bien souvent le nom des membres du jury est indiqué, à de rares exceptions près, il n’est fait aucune mention ni de l’existence d’un comité de pré-sélection, ni des personnes en charge de cette pré-sélection, ni des critères de sélection. Cette commission occulte a pourtant une importance fondamentale puisque c’est elle qui va décider de l’aptitude à concourir en divisant les candidatures en deux tas : celles qui partiront d’emblée aux oubliettes et celles qui auront la chance de jouer le rôle pour lequel elles ont été créées : être vues et être sélectionnées ou non par un jury.

Quid de cette pré-sélection qui se fait tellement discrète qu’on en ignore tout ? Qui pré-sélectionne ? Quels en sont les critères ? Si critères il y a, par qui sont-ils établis et en fonction de quoi ? Le jury en a-t-il connaissance ? A-t-il in fine accès aux dossiers non pré-sélectionnés ?

Si l’on peut admettre que la nécessité d’une pré-sélection s’impose aujourd’hui, compte tenu du nombre de plus en plus important de dossiers artistiques reçus, il semble néanmoins nécessaire que non seulement cette étape soit clairement énoncée mais également la plus transparente possible. Ce qui est loin d’être le cas actuellement.

Il paraît donc important que dans les règlements de concours, les photographes soient prévenus de cette étape de sélection souvent passée sous silence, qu’ils en connaissent les modalités et encore mieux qu’ils soient avertis lorsqu’ils ne sont pas retenus pour être présentés au jury.

EXPOSITIONS D’IRÈNE JONAS

jeu12jui(jui 12)14 h 00 minmer17sep(sep 17)19 h 00 minIrène JonasTraces. A l'Est...Atelier/Galerie Taylor, 7 Rue Taylor, 75010 Paris

jeu11sep(sep 11)12 h 30 minsam18oct(oct 18)18 h 30 minL'épreuve du réelExposition collectiveGalerie VU', 60 Av. de Saxe, 75015 Paris

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