Le secteur de la photographie prêt à faire sa révolution ?

Nous avons attendu longtemps que la parole se libère sur les violences perpétrées au sein du « petit monde de la photographie ». Il y a bien eu quelques initiatives lancées ici et là par le passé, mais il semblait alors que le bâillon entravant les victimes était encore trop serré. Certains affirment même que notre secteur échappe à tout ce que l’on peut voir ailleurs, comme dans le milieu du cinéma… Mais ces derniers mois, les choses commencent à bouger avec le lancement d’un @metoophoto_ par @metoomedia_ et l’arrivée du hastag #balancetonphotographe qui semble prendre de l’ampleur. Alors le secteur de la photographie est il prêt à faire sa révolution ?

Le cinéma, en voilà un bel exemple pour parler des violences, si l’affaire Weistein est une petite révolution, il convient de préciser qu’elle ne s’est pas passée sur le sol français. L’homme aux 81 Oscars est aujourd’hui en prison pour viols et agressions sexuelles alors qu’ici, en France, on nous demande encore de séparer « l’homme de l’artiste »… Les auteurs des faits ne sont nullement inquiétés, beaucoup trop d’affaires mènent à des non lieux (qui ne les innocentent pas, rappelons-le) et certains perçoivent même le soutien public du chef de l’Etat…

 

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L’occasion de faire… Une mise au point !

De notre côté, cela fait plusieurs mois que nous réfléchissons à mettre en place un espace bienveillant pour aider à la libération de la parole de toutes les victimes. Permettre de changer les choses, d’agir en collectif, se soutenir les un·es, les autres… Partant du principe que la parole des victimes est systématiquement remise en cause, que la perte de l’anonymat de certaines victimes peut avoir de vraies conséquences sur une carrière comme sur la vie privée, nous avons décidé d’agir tout en protégeant les victimes.

Voilà pourquoi nous lançons un formulaire visant à récolter les témoignages anonymes de violence sous toutes ses formes, qu’elle soit physique, psychologique, sexuelle,… qu’il s’agisse de harcèlement – moral ou sexuel ou de discrimination de nature sexuelle ou sexiste, d’origine ou encore liée à l’orientation sexuelle… Un environnement safe pour les victimes mais aussi pour les témoins.

Cette action a pour but d’agir sur les comportements présents et futurs des auteur·ices des faits, mais aussi d’éveiller les consciences de l’ensemble des membres du secteur de la photographie. Il est important que ces histoires soient connues, comprendre qu’elles existent, et que l’on ne doit plus fermer les yeux sur certains agissements. Pour éveiller nos consciences, ces témoignages anonymes, seront publiés (avec l’accord des victimes) sur une page Instagram dédiée : @mise_au_point_temoignages

De manière confidentielle, il sera également possible (avec le seul accord de la victime) de communiquer le nom des auteur·ices des faits dans le but de recouper les informations afin de lutter contre tous les agissements attentatoires de notre secteur et d’envisager des actions en collectif. Ensemble, nous sommes plus fort·es ! Nous n’oublions évidemment pas le principe de présomption d’innocence, c’est pour cela que ce système permet l’anonymat et la confidentalité.

Nous sommes très certainement nombreux·ses à avoir vu certains agissements, à avoir été informé·e de faits graves. Des histoires qui se racontent dans le secret, dans la honte parfois. Certain·es établissent des listes noires des personnes à éviter dans ce milieu. Dans nos pages, un directeur de festival nous avait annoncé qu’il communiquait une liste de photographes un peu « lourdingues » à leurs jeunes stagiaires. Quelle est la définition de lourdingues dans ce contexte ? Un mode opératoire tout en discrétion qui ne vise toujours pas à remettre ces personnes à leur place…
Et si on décidait de ne plus laisser faire ?

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