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Partager Partager Temps de lecture estimé : 9minsCet ancien ouvrier devenu photographe vient d’inaugurer avec sa petite équipe la Maison de la Photographie de Brest. Ainsi, ce nouveau lieu porté par l’association Rade Movie, devient le seul espace public dédié à la photographie dans tout le Finistère. Ce lieu chaleureux qui promeut la création et le partage accueille jusqu’à fin juin l’exposition Odyssée 2.0 de la photographe Alexa Brunet. Nous avons rencontré Dominique Leroux à quelques mois de l’ouverture de ce nouveau lieu dédié à la photographie. Dominique Leroux, pouvez-vous vous présenter ? Portrait de Dominique Leroux Je suis Brestois avant d’être Breton, avant d’être français. J’ai eu une autre vie avant la photographie, j’ai été ouvrier à l’arsenal de Brest où je construisais des bateaux. J’ai découvert la photographie et je l’ai pratiquée en amateur en parallèle de mon métier. La photo est devenue une véritable passion qui a pris de plus en plus de place dans ma vie. Mes frères étaient musiciens dans des groupes de rock, j’ai donc commencé par la photographie de spectacles. Je suis ensuite devenu agent de sécurité du travail sur la construction du porte-avions Charles de Gaulle, où j’ai vu ce monstre se construire. J’ai demandé aux autorités de pouvoir faire des photos pendant mes jours de congé pour documenter ce chantier titanesque. Et en 1993 j’ai quitté la fonction publique pour devenir photographe ! J’ai eu de la chance parce qu’avec cette série, j’ai publié l’ouvrage « Dresseurs de métal » avec Olivier de Kersauson, et les émissions Thalassa et Littoral ont fait un reportage sur mon histoire. Ça a vraiment lancé ma carrière de photographe ! J’ai aussi eu la chance de faire les bonnes rencontres, comme celle avec Yann Le Goff, qui était directeur photo à l’Humanité, il m’a vraiment mis le pied à l’étrier. Projet Odyssées 2.0 © Alexa Brunet La Maison de la Photographie à Brest est-il votre premier projet culturel ? Avant de penser à la Maison de la Photographie à Brest, on a créé bénévolement en 1996 avec quatre amis le Centre Atlantique de la Photographie au Quartz, un lieu culturel de Brest. On organisait des expositions et on a eu beaucoup de succès, mais pris par nos professions respectives nous avons dû arrêter… J’ai poursuivi avec la création d’une galerie d’art qui s’appelait La galerie des docks, qui était située sur une marina. Vous avez été le directeur artistique du festival photo de Vannes ? Pour Vannes, cela s’est fait un peu différemment, à l’époque cela s’appelait le festival de la photo de mer. J’y ai exposé un sujet que j’avais réalisé pour Paris Match, sur le naufrage du chalutier Bugaled Breizh. Un jour, la directrice de la culture de la Mairie de Vannes m’a appelé pour me dire que le Maire souhaitait faire évoluer ce festival et ils m’ont demandé de réfléchir à un nouveau format. C’est ainsi que Vannes Photos Festival est né, nous changions de thématique chaque année pour offrir une programmation différentes au public. J’avais un contrat de quatre ans. Malheureusement, aujourd’hui le festival n’existe plus. Vous venez d’inaugurer la Maison de la Photographie à Brest, comment est né ce projet ? Ce projet est né très naturellement. Il y avait une forte volonté au départ, cela faisait plusieurs années que j’interpellais la mairie pour que Brest retrouve un nouveau lieu consacré à la photographie, suite à la disparition du CAP. Mais le problème c’est qu’il manquait de moyens. Et c’est par Brest Métropole Habitat que le projet a pu se faire. Le directeur m’a informé qu’il y avait un local vide jamais exploité en plein centre ville. Nous avons signé une convention avec eux pour une durée de 7 ans, nous occupons les lieux gratuitement en échange de réaliser tous les travaux nécessaires. J’ai mobilisé des forces, j’ai trouvé des mécènes, j’ai fait une cagnotte sur Internet et avec l’aide de beaucoup de bénévoles nous avons pu donner vie à cette Maison de la Photographie dont j’assure le commissariat. Le conseil d’Administration de notre association est essentiellement féminin. Notre présidente est Lénaïg L’Aot-Lombart, adjointe de l’administrateur et chargée de l’action culturelle du Musée nationale de la Marine de Brest. Armelle Lebret est commerçante et c’est notre trésorière et Christelle Le Gall qui dirige une société de production vidéo est notre secrétaire. Nous sommes une petite équipe, mais avec de fortes compétences. Quelle ambition avez-vous pour ce lieu ? Nous disposons d’une centaine de mètres carrés et d’un sous sol qui nous permet de stocker les expositions. Ce n’est pas très grand, ce qui n’est pas plus mal parce que je voulais que cette Maison de la Photographie soit un endroit chaleureux. Il me paraissait important d’offrir au public l’accès à une bibliothèque de livres photos, parce qu’on ne peut pas tout montrer aux murs. Et pour cela, Yann Le Goff que j’évoquais plus tôt, a joué un rôle très important, car il nous a prêté toute sa collection de livres, dont des éditions très rares. On a donc installé un salon pour que les gens puissent consulter les ouvrages sur place. Il y a bien évidemment cet espace avec les expositions qui seront renouvelées tous les deux mois, avec cinq expositions dans l’année, car nous serons fermés tout l’été. C’est une période un peu particulière, car les brestois partent pendant les vacances et les touristes sont sur le port plutôt qu’en centre ville. Le positionnement de cette Maison est important parce que c’est le seul lieu public dédié à la photographie dans tout le Finistère. Projet Odyssées 2.0 © Alexa Brunet Quelle direction artistique souhaitez-vous donner à ce lieu ? Je veux que ce soit le plus ouvert possible. Je ne souhaite pas me concentrer sur un style ou une thématique précise. C’est un peu ce qui me bloquait au festival de Vannes, d’autant plus que pour moi, la parité est importante, donc je ne souhaite pas m’enfermer dans une mouvance plutôt qu’une autre. Et même si je suis en charge du commissariat du lieu, j’aimerais également l’ouvrir aux autres commissaires d’expositions… Dans ce projet, ce qui m’intéresse, c’est le partage. C’est bien de faire des expositions, mais il ne faut pas oublier de les rendre accessibles grâce à la médiation. En très peu de temps, nous avons déjà mis en place des conventions pour travailler avec des écoles pour faire de l’éducation à l’image. Tous les soirs je fais des ateliers photo. Il y a un lycée professionnel à Brest qui a un nouvel internat, j’apprends la photographie aux lycéens. Ce qui donnera l’occasion de publier un petit livre et de monter une exposition en avril prochain ! Je tiens également à créer du lien avec l’organisation de rencontres et de conférences. On créé des transversalités, notre première exposition a été présentée dans le cadre du festival européen du film court de Brest, avec une série de portraits d’acteurs. En ce moment notre programmation s’inscrit dans le cadre du festival Pluie d’Images, qui réunit une trentaine de lieux expositions brestois. Nous avons présenté Patrice Terraz avec un sujet inédit qu’il a réalisé en automne dernier à Mayotte. L’exposition actuelle est la série Odyssée 2.0 d’Alexa Brunet. Son livre a été publié aux éditions du Bel en L’air, ce travail est un parcours photographique inspiré du mythe d’Homère qui suit les pérégrinations d’Ulysse au sein d’une « Smart City » fictive et dystopique. Projet Odyssées 2.0 © Alexa Brunet Quel est votre modèle économique ? C’est difficile comme partout. La culture n’est jamais une priorité. Nous avons plusieurs solutions qui s’offrent à nous, je vais relancer le mécénat avec les entreprises privées. Elles sont très pragmatiques et donnent de l’argent pour des choses concrètes. Si elles ont participé pour la création du lieu, maintenant je vais devoir les emmener vers le culturel. Ensuite il y a les subventions à aller décrocher, auprès de la mairie, du département, de la région et de la DRAC. Notre problème c’est qu’aujourd’hui le département du Finistère ne finance plus les coûts de fonctionnement, et qu’il est difficile de mener à bien des projets sans pouvoir assurer en premier lieu les salaires. Cela participe à l’économie locale, je ne comprends pas que les politiques ne saisissent pas l’importance de soutenir ces coûts essentiels… Gwendal Keruzec, qui nous accompagne depuis le début de l’aventure a pu être salarié, mais il faut pouvoir pérenniser ce poste. Le département a déjà participé un peu financièrement, la région est intéressée, je pense que le reste va suivre. Je suis confiant. Et puis on va lancer un club, avec une cotisation annuelle qui va nous permettre de faire entrer un peu d’argent, et qui offrira des avantages comme l’accès aux vernissages, aux rencontres… Projet Odyssées 2.0 © Alexa Brunet Vos budgets sont réduits mais avez-vous prévu de reverser des droits d’auteur aux photographes exposés ? Je suis très syndicaliste, j’ai toujours rémunéré les photographes que j’exposais. Mais il va y avoir une petite exception pour l’exposition d’Alexa – que je connais bien. Elle renonce à ses droits de représentation pour nous aider à nous lancer. C’est très généreux de sa part. Mais bien entendu, nous produisons l’ensemble de l’exposition qu’elle pourra récupérer par la suite. Patrice Terraz que nous exposons en ce moment nous a fait la même proposition, que nous avons acceptée compte tenu de la situation. INFORMATIONS PRATIQUES Maison de la Photographie de Brest1 rue Henri Moreau, 29200 Brest mer20mar(mar 20)14 h 00 minsam29jui(jui 29)19 h 00 minAlexa BrunetOdyssée 2.0Maison de la Photographie de Brest, 1 rue Henri Moreau, 29200 Brest Détail de l'événementOdyssée 2.0 est un parcours photographique librement inspiré du mythe d’Homère qui explore notre rapport aux technologies numériques. A travers ce voyage photographique d’Ulysse au sein d’une ville-machine fictive baptisée Technopolis, Détail de l'événement Odyssée 2.0 est un parcours photographique librement inspiré du mythe d’Homère qui explore notre rapport aux technologies numériques. A travers ce voyage photographique d’Ulysse au sein d’une ville-machine fictive baptisée Technopolis, ce projet invite à une réflexion critique sur l’informatisation du monde et de la technologisation de l’espace public urbain. Pour donner à voir les dérives de la « Smart CIty » ultra-connectée, notre héros explore différentes facettes de nos vies à l’ère numérique telles que l’identité numérique, l’économie de surveillance, la multiplication des drones, la sexualité virtuelle ou encore la police prédictive. DatesMars 20 (Mercredi) 1 h 00 min - Juin 29 (Samedi) 6 h 00 min(GMT-11:00) LieuMaison de la Photographie de Brest1 rue Henri Moreau, 29200 Brest Maison de la Photographie de Brest1 rue Henri Moreau, 29200 BrestOuvert du Lundi au Samedi de 14h00 à 19h00 Get Directions CalendrierGoogleCal https://maisondelaphotographie.fr/ Cet entretien a été réalisé dans le cadre du numéro #368 de Réponses Photo. Favori2
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