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20 ans du Festival PHOT’Aubrac 2022 : Tous sont des amoureux de la nature (3/3)
Hans Silvester et deux de ses confrères photographes

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On ne présente plus ce grand Monsieur de quatre vingt deux ans, mais comment ne pas tout de même s’attarder sur ses photographies qui témoignent bien de ses démarches humanistes et poétiques. Passionné d’écologie depuis très longtemps, Hans Silvester aime plus que tout se retrouver au plus près de la nature comme au contact de celles et ceux qui vivent dans des régions les plus reculées de notre globe. Hans Silvester est un photographe indépendant qui milite pour l’environnement et pour le respect d’autrui. Exemple à Chaudes-Aigues, où il expose des images d’éventails saisies au cours de ses nombreux voyages de par le monde.

C’est dans le sud de la France où il demeure, que lui sont apparues pour la première fois en 1960, ces figurines fascinantes autant qu’éphémères. Mais aujourd’hui fort de ses nombreuses observations sur le terrain, il nous alerte, nous livre un message.
A l’occasion de la présentation de son exposition installée dans le parc du Moulin Juery de la ville, il nous raconte que cet art populaire disparait.
La cause, une pollution qui ne cesse d’augmenter et des traitements phytosanitaires qui n’en finissent plus et détruisent les insectes. Il y a donc de moins en moins d’oiseaux dans nos campagnes. Alors, chargés de simplement effrayer les différents volatiles pour protéger les semences, les épouvantails non donc plus leur rôle à jouer, ni leur place.
En Camargue on chiffre le déficit d’oiseaux à 60 %.

© Hans Silvester

Autre évènement de cette vingtième édition lié à ses photographies qui interroge.
Dans cette belle Occitanie, certains se souviendront sans doute assez longtemps d’un triste fait, passé presque sous silence, et qui s’est déroulé en août dernier à Rodez même, durant une autre de ses expositions « Pastorale africaine » nombreuses photographies en grand format installées tout autour de la place de la Cité. Elle a débuté le premier juillet et s’achèvera le 30 septembre.
En effet, certaines de ses photographies installées sur des panneaux en bois ont été vandalisées. Nous allons y revenir, mais avant parlons d’abord de ces superbes images, le témoignage d’un mode de vie ancestral qui est précieux.
Durant 13 années, Hans Silvester s’est rendu 38 fois aux confins de l’Ethiopie, du Kenya et du Soudan, dans la basse vallée de l’Omo, un territoire grand comme deux fois la Belgique. Le grand photographe a souhaité y rencontrer les Surma ou Suri.
Son but : nous relater par la force de ses images, la vie d’une tribu d’éleveurs semi-nomades.
Dès leur plus jeune âge, les enfants Suri deviennent des bergers-gardiens de troupeaux, ils vivent en osmose avec leur bêtes, se nourrissent de leur lait et de leur sang. Ses belles photographies en témoignent. Là bas, il vivent nus en prise directe avec la nature, se peignent le corps comme nous autres nous nous habillons, ou comme chez nous, les femmes se maquillent. Ce sont leur culture et leurs coutumes.

Hans Silvester a su patienter, observer puis très tôt s’adresser et échanger avec les anciens, comme lui aux cheveux blancs, pour expliquer sa démarche de photographe. Dans ces tribus nomades, ce sont les anciens qui décident. C’est ainsi, qu’Il obtiendra au fur et à mesure l’autorisation de photographier des enfants-bergers avec leurs animaux, avec ce lien intime qui s’établit entre l’homme et l’animal.

Certaines de ces images pleines d’humanité, de tendresse et de beauté n’ont, assurément, pas été vues ni reçues de cette manière par certains individus.
Durant un week-end, quelques unes ont été vandalisées et l’une d’elles, même volée: celle d’un jeune garçon posant avec une vache, a carrément été arrachée et a disparu, comme le précise un article paru dans le journal Centre-Presse et chez confrère la Dépêche d’Aveyron, daté du 10 août 2022.

Que devient le respect de la liberté d’expression artistique? Celle, ici, d’un grand reporter qui nous informe sur la vie des peuples de notre planète et comment interpréter une telle agression? En constatant ces gestes et actes d’intolérance et de mépris, on doit réellement s’inquiéter une fois de plus, pour notre culture et notre vie en démocratie.
Très choquée, comme le fut durant quelques jours Hans Silvester, l’association Phot’Aubrac a donc décidé de saisir la justice, le préjudice est aujourd’hui estimé à 4000 euros.
Jamais cette exposition « Pastorale africaine » qui tourne, n’avait, jusqu’à ce jour de 2022 à Rodez, été vandalisée.

Populus tremuloides © Cédric Pollet

Restons maintenant sur une note de saine liberté et encore de beauté, avec ces quelques grandes images d’Olivier Mulhoff photographe plasticien qui par ses créations nous emmène dans un monde imaginaire où les personnages apparaissent isolés dans leur propre univers, comme le long travail de Cédric Pollet qui lui, nous fait découvrir en gros plan, la magie picturale et graphique des écorces issues d’arbres différents.
Toutes ces photographies sont magnifiquement présentées en grand format, sur des supports en bois conçus et installés par l’association PHOT’Aubrac, ici au Rieutort d’Aubrac, en pleine nature, au lieu dit la ferme de Josiane Pages.

Les nombreuses expositions en intérieur des autres photographes amateurs ou professionnels, ont commencé, quant à elles, le mercredi 21 septembre, en présence de leurs auteurs durant toute la durée de cette manifestation, afin de permettre au public d’échanger avec les photographes.

En Aubrac, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, le huitième art continue d’attirer beaucoup de visiteurs.
Lors de la sélection des oeuvres pour cette vingtième édition, plus de 200 photographes ont postulé, 40 ont été retenus et 20 auteurs ont été invités par les organisateurs de ce festival.

A LIRE :
20 ans du Festival PHOT’Aubrac 2022 : « Entre ciel et terre » (1/3)
20 ans du Festival PHOT’Aubrac 2022 : Ciel, espace… et épopée afghane (2/3)

INFORMATIONS PRATIQUES
PHOT’Aubrac
Du 17 au 25 septembre 2022
5179A Rue du Commerce
48260 Nasbinals
https://www.photaubrac.com

Texte et Image © Jacques Revon

Jacques Revon
Jacques Revon est photographe, journaliste d'investigation et grand reporter français. Reportages humanitaires, conflits divers, rallyes aériens, sujets économiques et sociaux, médicaux et scientifiques, échanges culturels, tournés dans de nombreux pays… Il réalise de nombreux reportages pour France 3 dans le domaine du jazz, et en photographie pour Culture Jazz et Media Music, il couvre de nombreux festivals. En 2020, il publie "Au temps du coronavirus", un ouvrage rassemblant des images d'un collectif de photographes qui témoignent de la vie quotidienne sous pandémie (L'Harmattan).