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L’autre poumon de la Biennale de Lyon : les Anciennes Usines Fagor malheureusement exploitées pour la dernière année par l’équipe de la Biennale, la scénographie d’Olivier Goethals apporte un vrai plus à l’édition 2019 en créant des sortes d’enveloppes qui dessinent des membranes. Parmi les immanquables : l’installation monumentale de Dana Awartani, réplique en briques de terre de la Grande Mosquée d’Alep sévèrement endommagée pendant le conflit syrien, l’installation sonore de Munem Wasif autour de la disparition de l’industrie du jute au Bengladesh, le collage multimédia de Philip Timischl à partir de la liquidité des images, les tapisseries hybrides d’Erin M. Riley, les équilibres précaires de Jose Dàvila, les vidéos documentaires de Randa Maroufi, réalisées à la frontière de Ceuta, enclave espagnole au Nord du Maroc, prétexte à de nombreux trafics.

Sans oublier la magistrale scène de crime de Hans Op de Beck, figée dans les cendres grises ou le labyrinthe de verre d’Aurélie Pétrel autour des images latentes du récit d’une jeune lyonnaise à partir d’un agenda des années 1950 trouvé chez un bouquiniste à Beyrouth.

Lucile Boiron. 16ème Biennale de Lyon, photo Marie de la Fresnaye

Le 3ème site à voir sans hésiter est le Musée Guimet. Lieu cher au cœur des lyonnais, fondé par l’industriel et collectionneur Emile Guimet puis tour à tour théâtre, patinoire, brasserie.. avant d’être définitivement fermé en 2007 quand ses collections sont transférées au Musée des Confluences. Ses couloirs et ses salles restées dans leur jus deviennent un fantastique terrain de jeu pour les artistes très inspirés. Clément Cogitore a bénéficié d’une commande spéciale s’est inspiré d’une processus de carnaval médiéval à Bâle en Suisse. Sublime installation de Daniel de Paula en réponse à un masque funéraire romain du Musée du Lugdunum –dans lequel se tient un autre chapitre de la Biennale et sur lequel je reviendrai. Sculpture en suspension de Tarik Kiswanson qui rejoue les notions de déplacements en prolongement de son exposition au Carré d’art de Nîmes. Dispositif immersif anxiogène d’Evita Vasiljeva dans les anciennes réserves où sont encore inscrites les zones géographiques des objets. Le plus impressionnant se joue avec Ugo Schiavi dans la plus vaste salle de l’ancien musée où il recréé à partir de scan 3D d’ossements et de végétaux fossilisés un environnement ethno-futuriste spectaculaire.

16ème Biennale de Lyon, photo Marie de la Fresnaye

Etape immanquable également : l’ascension sur la Colline de Fourvière à la découverte d’autres institutions plus historiques comme le Lugdunum, Musée et théâtre romains. Construit en béton par l’architecte Bernard Zehrfuss, sa rampe hélicoïdale est une invitation à aller dans les tréfonds du passé. Plusieurs œuvres ponctuent le parcours avec une pertinence variable. Citons la sculpture organique de Klara Hosnedlovà en rupture avec le brutalisme ambiant, les œuvres textiles de l’artiste saoudienne Filwa Nazer en hommage aux femmes de son pays ou les dessins de l’artiste nigérienne Toyin Ojih Odutola autour du vécu d’une femme noire et ses représentations.

Il n’est pas indispensable de se perdre dans le grand Parc de la Tête d’Or célèbre pour avoir accueilli l’Exposition Coloniale de 1894 et ses zoos humains. Les 3 artistes n’y sont pas déployés avec suffisamment de force, Nina Beier n’étant visible que de l’extérieur du Chalet.

En conclusion : une visée très internationale qui dynamise de nombreux lieux même si l’intention de départ reste assez contradictoire avec les défis et promesses infinies du monde, pour reprendre le titre d’un des chapitres de l’ensemble.

L’identité visuelle a été confiée au Studio de Design Safar (Beyrouth)

Ne pas manquer la Jeune Création Internationale à l’IAC – Villeurbanne

avec : AMANDINE ARCELLI, JIMMY BEAUQUESNE, LORENA COCIONI, ADJI DIEYE, MINNE KERSTEN, MAÏTÉ MARRA, OLOF MARSJA, LOUISE MERVELET, MAR REYKJAVIK, ALMA SAURET-SMALL, PIERRE UNAL-BRUNET

Le Prix Jeune création Auvergne-Rhône-Alpes a été décerné à l’artiste Maïté Marra.

A LIRE :
Biennale de Lyon#16 : quand fragilité ne rime pas avec sobriété ou décroissance ! (Partie 1/2)

INFOS PRATIQUES :
Manifesto of fragility
16ème Biennale de Lyon
Jusqu’au 31 décembre 2022
Billetterie
Plein Tarif : 18 € | Tarif réduit : 10 €
https://www.labiennaledelyon.com/
Jeune Création Internationale
http://i-ac.eu/fr/expositions

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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