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Ventes caritatives : Le Louvre, MERCI, Artagon… les artistes à la rescousse !

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Les artistes sont désormais de plus en plus sollicités pour des ventes caritatives orchestrées par des musées (Le Louvre), des fonds de dotation (MERCI, Thanks for nothing), des associations (Art Projects/Aides, Artagon, Artaïs) des collectifs (Les Amis des artistes) ou des collectionneurs (Marty de Montereau-By My Guest production). Mais le message est-il toujours bien perçu du public et les intentions si louables derrière les arguments de façade ? Si les objectifs poursuivis ne sont pas les mêmes, chacun soigne son image à travers de telles opérations. Penchons-nous sur les mécanismes qui régissent ce nouveau business.

JR sur les toits du Louvre

Après les excellents résultats de la Vente Heaven organisée par Thanks for Nothing (relire mon interview avec la présidente Marine van Schoonbeek) à l’occasion des 10 ans du Fonds de dotation MERCI (100% des lots vendus et 262 710€ récoltés), c’est au tour du Louvre de se lancer et pour la première fois via une plateforme « Bid for the Louvre » orchestrée par Christie’s et soutenue par Drouot. En effet si la situation de nos musées n’est pas aussi préoccupante qu’aux Etats-Unis et en Angleterre où les institutions doivent se priver de quelques fleurons de leur collection pour garantir leur fonctionnement, Le Louvre qui a vu chuter sa fréquentation de 75 % mais dont la collection reste inaliénable, surfe sur cette tendance en y associant des artistes ayant une relation particulière ou ayant exposé dans le musée.

Off-White et Virgil Abloh avec le sac 2.8 Jitney, inspiré par le motif de la pyramide

Bid for Le Louvre : Vacheron Constantin, une montre personnalisée et unique Les Cabinotiers avec une oeuvre du Louvre

Ainsi Candida Höfer offre le cliché Musée du Louvre Paris XXII (2005) d’une valeur de 20 000€, Jean-Michel Othoniel la peinture La Rose du Louvre d’une valeur de 45 000 € ou Eva Jospin l’installation Forêt estimée à 6000€, la palme allant à Soulages avec une toile d’une valeur de 800 000€. On peut aussi s’offrir des moments d’exception comme un pique-nique romantique sur les toits de l’Arc du Carrousel, une balade nocturne avec JR, un voyage entre les 3 Louvre : Paris, Lens et Abu Dhabi mais aussi une nuit au Ritz, une robe Dior ou un sac Off White dont Virgil Abloh revendique l’inspiration de la pyramide, selon la générosité des différents mécènes impliqués. Si ce mélange des genres n’est pas du goût de tous, le directeur du musée, Jean-Luc Martinez s’en défend en invoquant le projet pédagogique et solidaire du Studio, espace dédié aux activités éducatives de 1150m² qui devrait ouvrir à l’automne au centre du musée. Le Louvre qui flirte plus avec le glamour dans la mouvance anglo-saxonne que la solidarité, donnera-t-il une impulsion aux autres de nos grands musées ?

Jean-Michel Othoniel, La Rose du Louvre, 2020

En attendant et c’est beaucoup plus concret avec la 8ème édition de la Vente Art Projects au profit de la lutte contre le VIH/Sida sous une forme 100% digitale en cette année de pandémie. L’événement solidaire qui se déroule habituellement à la librairie Yvon Lambert a su fédérer plus de 130 artistes français et internationaux qui se mobilisent pour créer des œuvres inédites au format carte postale (10 x15 cm), mises en vente au prix unique de 100 euros. L’intégralité du montant des ventes sera reversée à l’association AIDES pour financer ses actions de prévention et de dépistage. Si la vente en ligne pourra se poursuivre jusqu’en janvier en fonction des stocks, il est fort à parier qu’avec des noms tels que Mona Hatoum, Daniel Buren, Mircea Cantor ou Claude Closky, les e-acheteurs-ses soient nombreux-ses au rendez-vous ! Chaque artiste ayant signé sa carte au dos, les potentiels-les acheteurs-ses découvriront l’auteur-rice de leur acquisition seulement lors de la réception de leur carte. Merci aux artistes de nouveau !

L’association Artagon dont nous avions interviewé les fondateurs aux Magasins Généraux, qui assure la promotion de la scène émergente, s’associe à Thanks for Nothing et au magazine G.I.V.E pour proposer une exposition digitale et vente de posters en soutien à 11 jeunes artistes. Martin Belou, Jeanne Briand, Marion Charlet, Idir Davaine, Hoël Duret, Chourouk Hriech, Charles Le Hyaric, Estrid Lutz, Josèfa Ntjam, Sara Sadik, Edgar Sarin ont ainsi été invités à présenter une œuvre ayant pour sujet la nature et l’écologie positive dans les pages du troisième numéro du magazine digital G.I.V.E., nouveau média de Condé Nast dédié aux nouvelles générosités.

Artaïs, vidéos d’artistes confinés : Esmeralda da Costa

L’association Artaïs pour laquelle je participe au magazine, a aussi proposé une vente de multiples après avoir diffusé des vidéos d’artistes confinés pendant tout le confinement. Ces multiples étaient vendus au prix de 100 euros, entièrement versés aux artistes. Le résultat est tout à fait probant d’après Sylvie Fontaine, présidente de l’Association.

Autre modèle avec le collectif Les Amis des Artistes fondé par Isabelle de Maison Rouge, Sylvia Beder, Margaux Derhy, Louis-Laurent Brétillard et Julen de Ajuriaguerra qui a permis à des artistes de vendre leurs œuvres en direct sur Instagram et Facebook, dans le respect des règles du marché de l’art et en toute transparence, lors de deux campagnes. Ce sont ainsi 400 œuvres ont été vendues sur Instagram pour un total de 180.000€ d’avril à novembre 2020. Pour la campagne Acte 2 du second confinement qui s’est déroulée du 6 au 22 novembre, les sommes collectées ont été versées à l’Association des Amis du National Museum of Women (NMWA), pour soutenir les initiatives du projet Urgence Artistes Femmes (UAF) qui a pour mission d’encourager la créativité et d’amplifier la visibilité des femmes artistes.

Last but not least, le collectionneur Marty de Montereau a lancé la plateforme de vente Smarty’s Arty sans commission mais avec des frais de fonctionnement relativement élevés à 14%. C’est un peu dommage car sa sélection d’artistes est toujours pertinente comme Léa Dumayet, Morgane Porcheron, Jeanne Susplugas ou Romain Vicari dont je suis plus particulièrement le travail.

Construction Structurée – 2019
Terre, terreau, graines de fèves et treillis métallique
Dimensions évolutives
@Morgane Porcheron / ADAGP

A votre bon cœur messieurs-dames ! c’est bientôt les fêtes et on n’oublie pas de se faire plaisir avec ce petit supplément d’âme que nous transmet les artistes.

EN SAVOIR PLUS :
> Bid for the Louvre
Du 1er au 15 décembre 2020
https://www.drouot.com/news/actuDetaillee/76218

> Fonds de dotation merci
Jusqu’au 31 décembre 2020
http://www.fondsdedotationmerci.org/

> Artais art contemporain
https://artais-artcontemporain.org

> Les amis des artistes – L’élan de solidarité entre artistes plasticiens
https://tribew.fr/lesamisdesartistes/

> SMARTY’S ARTY
https://smartys-arty.bemyguestproduction.com/

> Thanks for nothing
https://thanksfornothing.fr/

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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