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L’appel à candidatures pour le second mentorat organisé par les Filles de la Photo lancé en avril dernier a permis de réunir plus de 230 candidatures. Le jury composé des 10 marraines de cette édition ont sélectionné les 5 femmes photographes pour un suivi au long cours autour d’une série. Les noms des lauréates viennent d’être dévoilés, il s’agit de Sarah Braeck, Orianne Ciantar, Celeste Leeuwenburg, Anaïs Oudart et Pauline Rousseau. Chacune sera accompagnée par deux professionnelles de la photographie, membre de l’Association Les Filles de la Photo pour une durée de 15 mois avec une restitution en novembre 2023. Découvrez les projets soutenus.

Sarah Braeck

© Sarah Braeck, “In Between”

Née en 1986, Sarah Braeck est une photographe « photo-sensible ». Son travail est le reflet d’un regard délicat, pictural et nostalgique sur ce qui l’entoure. Elle ausculte le vivant avec tendresse pour saisir le silence et les chuchotements derrière une présence.

Ce projet grandit en moi depuis plusieurs années et je continue de vouloir l’investir. J’aimerais lui donner toutes les chances de se développer. Ce Mentorat m’aiderait à mieux le structurer, le rendre visible et le faire exister.”

© Sarah Braeck, “In Between”

PROJET EN COURS – ” IN BETWEEN”
“Sous l’eau, il existe des forêts qui ne sont pas soumises au danger du feu”. À l’heure où les forêts brûlent, il devient nécessaire de trouver une alternative capable de capturer le carbone émis par notre planète en réchauffement. Une forêt d’algues, qu’elle soit naturelle ou en culture, peut capter autant de carbone que sa surface équivalente de forêt amazonienne/terrestre. Les algues servent également à préserver les écosystèmes marins en absorbant les excédents d’azote et en évitant la prolifération d’algues toxiques. Pour ce projet, Sarah Braeck choisit de collaborer avec les scientifiques de la station de Roscoff en Bretagne. Elle intervient sur des photos d’incendie de forêts terrestres avec du bois carbonisé ou à la flamme. Ces images cohabitent avec des photographies de forêts d’algues retravaillées qui irradient et mettent en avant le potentiel de ces super plantes et de leur environnement.

Sarah Braeck est accompagnée par Valérie Cazin (Fondatrice & Directrice de Galerie – Galerie Binome) et Marie Moulin (Acheteuse d’art Freelance – Photo & film).

Orianne Ciantar

Née en 1981, Orianne Ciantar est diplômée d’un Master en cinématographie, en criminologie puis en journalisme (EJCAM). Son approche photographique s’ancre dans le goût de l’enquête, de la philosophie et de la poésie, et explore les zones de failles existentielles dans des environnements en tension. Ses principaux travaux récents se développent en Bosnie, en France et au Moyen-Orient.

Les deux prochaines années sont celles de tous les risques. Ma fille atteignant l’âge de raison, j’ai décidé de quitter mon emploi pour retrouver ma liberté et ainsi le temps nécessaire à la création. J’ai décidé de me laisser deux ans pour éprouver le chemin de la reconnaissance. Être accompagnée par Les Filles de la Photo serait à la fois signe de dialogue, de rencontres, d’espoir et de concrétisation.

© Orianne Ciantar, “Mélancolie des Crépuscules”

PROJET EN COURS – “MÉLANCOLIE DES CRÉPUSCULES”
“C’était comment, de recevoir un enfant? On pense à la mort. Quand on a un enfant, on sait qu’on mourra un jour.” Mais que devient-on quand on le perd ? “Mélancolie des crépuscules” explore la question de la disparition dans une approche poétique et philosophique. Dans un dialogue entre peur et réalité, l’intention se développe comme un travail de recherche sur le fond et la forme au sein duquel l’éternité et l’éphémère sont en tension.

Orianne Ciantar est accompagnée par Agathe Kalfas (Directrice artistique & Consultante photo – AK Whispers) et Erika Negrel (Secrétaire Générale, réseau Diagonal)

Céleste Leeuwenburg

Née en 1986 Céleste Leeuwenburg est une artiste franco-argentine. Autodidacte, elle se forme aux côtés d’artistes et cinéastes argentins. Elle s’intéresse à la mémoire et aux émotions, aux histoires vécues, qu’il s’agisse des siennes ou celles des autres, pour les réinterpréter et les transformer en oeuvres du présent.

J’ai eu l’honneur cette année d’être sélectionnée pour le prix Louis Roederer aux Rencontres d’Arles où je présente un travail autour de la danse et la mémoire. Le projet Ella baila est dans la même lignée […] Son développement demande des ressources humaines aussi bien que techniques. L’accompagnement proposé représenterait un réel soutien pour me fournir les outils permettant de lui donner l’ampleur nécessaire.”

© Photo d’archive / Celeste Leeuwenburg ( droit à l’image ). Marcia Moretto – Argentine, Buenos Aires 1965. Ph : Oscar Bony. | © Photo Celeste Leeuwenburg
Catherine Ringer, Paris 2020.

PROJET EN COURS – “ELLA BAILA”
“Marcia ouvre ses bras, elle danse avec des jambes aiguisées comme des couperets, Marcia saltaba en rondas, Marcia era bella….» Qui est Marcia ? Céleste Leeuwenburg, artiste photographe franco-argentine, part à sa recherche. Partir à la recherche de Marcia, c’est partir à la recherche de sa danse. Née en Argentine en 1949 et morte à l’âge de 36 ans à Paris, Marcia Moretto est danseuse ; c’est la Marcia que la plupart des français connaissent sans la connaître, dont ils crient le nom sur la piste de danse avec le Marcia Baïla des Rita Mitsouko. Les traces laissées par Marcia restent vivantes dans les récits et les mémoires, mais rares sont les enregistrements de son image et encore moins de sa danse. Face à cette absence de traces sur un personnage singulier et fascinant, Céleste Leeuwenburg travaille depuis 2011 à la recherche d’une danse que l’on n’a jamais filmée.

Céleste Leeuwenburg est accompagnée par Virginie Chardin (Commissaire d’exposition, autrice, historienne de la photographie) et Laurence Tordjman Levy (Agent et fondatrice de l’agence LT2)

Pauline Rousseau

Née en 1989, Pauline Rousseau est diplômée de l’Ecole du Louvre et de l’ENSP. Teinté d’audace et d’ironie, son travail questionne le rapport photographe/modèle, mais aussi l’identité et le portrait. Pour tenter de répondre à ces questions, le processus créatif qu’elle emploie est souvent proche de la performance, il interroge le geste photographique en lui-même, mais aussi la limite ténue entre réalité et fiction.

J’attends de ce programme qu’il me permette à travers un projet déjà avancé de passer un cap dans ma carrière. C’est à mon sens la force de l’association Les Filles de la Photo de permettre l’émergence de rencontres, d’échanges précieux et indispensables.

©Pauline Rousseau / Juliette Seban, “Homonyma”

PROJET EN COURS – “HOMONYMA”
« Je suis châtain, j’ai les yeux marrons, je mesure 164 cm, ce qui correspond exactement à la taille moyenne des femmes en France. Je chausse du 38 et porte du 38 en vêtements, dans les deux cas il s’agit de taille standard. En France, mon prénom, Pauline, est porté par plus de 130 000 personnes. Mon nom de famille, Rousseau, est l’un des 25 noms les plus communs. Par conséquent, on peut dire qu’une certaine banalité me définit. Mon anthroponyme : Pauline Rousseau, quant à lui, pourrait devenir un nom commun tant il est courant.» Pour son projet “Homonyma”, Pauline Rousseau entame un travail proche de l’enquête depuis 2014 en partant à la rencontre “d’autres Pauline Rousseau”. C’est une véritable quête de soi à travers l’autre qu’elle effectue dans ce projet. Elle y interroge de manière inattendue l’intime, le nom, l’identité, la magie, la sororité et la mise en scène du soi.

Pauline Rousseau est accompagnée par Aurélia Marcadier (Directrice de Photo Saint Germain) et Isabelle Mocq (Directrice achat d’art & producer – BETC)

Anaïs Oudart

Née en 1983, Anaïs Oudart vit et travaille à Paris. Ses projets photographiques explorent, sous différentes formes, la fragilité des rapports humains. Son travail de portraitiste engagée, cherche à la fois à dénoncer les violences, mais aussi, à rendre hommage à des parcours de vie résilients. En 2022, elle est lauréate de la bourse du ministère de la culture pilotée par la Bibliothèque Nationale de France : “Radioscopie de la France, Regards sur un pays traversé par la crise sanitaire.”

© Anaïs Oudart, « L’Étreinte »

Je sollicite le Mentorat afin d’être accompagnée dans la réalisation de ce reportage, mais également dans la finalisation d’un projet plus vaste, pensé en trois volets, sur la thématique des violences sexuelles faites aux femmes. Votre soutien me permettra de donner une visibilité plus grande à leurs histoires.”

© Anaïs Oudart, « L’Étreinte »

PROJET EN COURS – “L’ÉTREINTE”
Cette série présentera des cas de prostitution déguisés, dont sont victimes les réfugiés ukrainiennes, depuis le début du conflit avec la Russie. Son investigation photographique commencera en France, où ces femmes se retrouvent parfois à la merci de ceux qui les hébergent et leur viennent en aide. Le projet s’étendra ensuite au territoire ukrainien, où elles subissent le viol, utilisé comme arme de guerre. « L’Etreinte », est un sujet actuel, de société, qui informera sur les violences sexuelles infligées aux femmes ukrainiennes en temps de guerre. Anaïs Oudart sera accompagnée par Médecins du monde et la Fondation SEMA pour la réalisation de ce projet.

Anaïs Oudart est accompagnée par Adelaïde Samani (Responsable de la production – Konbini) et Léonor Matet (Iconographe et responsable des partenariat – Polka Magazine)
BIOGRAPHIE

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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