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PhotoPortfolio L’héritage des Transbordeuses par Marjorie Gosset La Rédaction13 janvier 2023 Partager Partager Temps de lecture estimé : 6minsPour la première publication de l’année 2023, dans notre rubrique consacrée aux photographes, nous avons choisi de vous présenter « L’héritage des Transbordeuses », un travail de mémoire documentaire sur le combat mené par ces femmes en charge du transbordement de marchandise entre la France et l’Espagne au début du siècle dernier. Nous sommes en 1906 lorsqu’elles ont risqué leur vie pour demander une hausse de leur salaire, c’est la première grève féministe en France. Cette série est disponible pour être exposée. En 1906, à Cerbère, une petite ville à la frontière franco-espagnole, un groupe de travailleuses s’allonge sur les rails en signe de protestation contre leurs conditions de travail. Celles qu’on appelle les Transbordeuses portent des charges lourdes – elles transbordent des marchandises le long des voies ferroviaires, principalement des agrumes, entre l’Espagne et la France. Cette fois, elles réclament une hausse de salaire de 5cts. Prêtes à risquer leurs vies, elles obtiennent finalement gain de cause. C’est la première grève féministe en France. En octobre 2020, à l’occasion d’une recherche photographique à la frontière entre la France et l’Espagne, une région dans laquelle je me rends plusieurs fois par an, et où j’ai déjà travaillé, j’ai rencontré des femmes qui m’ont pour la première fois parlé de cette mémoire… Au fil de mes séjours sur place, j’ai ainsi pu faire connaissance avec les filles et les petites filles des Transbordeuses. Plus d’un siècle après elles, j’ai eu envie de revisiter cette page de l’Histoire, pour révéler cette force palpable que ces héritières dégagent. Avec cette série photographique, j’ai envie de transmettre une fiction historique, au présent, inspirée de faits et de témoignages réels dont voici un aperçu. « Elle ne gagnait pas tellement ma mère, en plus des oranges, elle faisait le ménage chez le Maire de Cerbère. C’était un travail dur et qui n’était pas reconnu. » Jacqueline est la première fille de Transbordeuse que je rencontre. Elle a 72 ans et en l’écoutant se remémorer sa vie, ses peines, ses regrets et ses joies… je commence à imaginer le fil de ce travail photographique. Elle me présente ses amies. Je photographie d’abord Jeannette, 89 ans, ancienne institutrice du village. Elle vit seule dans sa maison sur les hauteurs de Cerbère. Elle n’a pas d’enfant et ne s’est jamais mariée. La fenêtre de sa chambre donne directement sur la voie ferrée. Sa grand-mère, Rosine, s’est allongée sur les rails en 1906 : « Bien sur qu’elle a fait grève ma grand-mère, nous sommes d’un tempérament révolutionnaire. Quand le cheminot à vu toutes ces femmes allongées, il parait qu’il a freiné, ça a fait un boucan terrible, et la machine s’est arrêtée…. Et elles n’ont pas bougé ! » Raymonde, 89 ans, a aussi fait partie de ce mouvement d’ouvrières. Elle se souvient: « Une année, à minuit, les cloches de Noël sonnaient pendant qu’on on descendait à la gare… mais toujours pour le même prix ! Et sans être déclarées. Écoute, il fallait remuer une tonne d’oranges pour avoir 1,20 Franc. Et personne ne me fera taire ! Parce que moi je l’ai vécu ! » À travers ce projet de réappropriation photographique, j’ai envie de faire acte de transmission, en mêlant mon univers photographique à leurs récits. C’est ma manière de faire renaître l’esprit émancipateur de ces mères et grands-mères si inspirantes pour l’époque d’aujourd’hui. Cette série est disponible sous forme d’exposition. Vous êtes intéressé·e, contactez la photographe en cliquant ici. Marjorie Gosset née en Touraine, vit et travaille à Nantes. Des études d’histoire de l’art, de communication visuelle, et sa maîtrise du design graphique déterminent sa relation aux images, à la couleur et la géométrie aujourd’hui identifiables dans sa pratique de la photographie. Sa première approche prend la forme d’explorations, mais sa recherche devient vite une obsession, doublée du désir d’un partage de ses visions. Telles des illusions, la lumière et la forme géométrique marquent des espaces distincts ou sans frontière, où s’invitent le jeu des reflets et des miroirs. Sa première série Centaure réalisée en tant qu’artiste – avec Claudine Doury comme mentor, Arles 2019 – détermine sa forme d’écriture comme une évidence pour exprimer sa perception du monde sensible. Suit la série Inô – qui restitue un imaginaire qui l’habite, pétri de mythologies ou de présences invisibles. Travail qui est largement révélé en 2021, dans l’exposition D’îles en mer, – où quatre photographes nantais sont choisis par la Quinzaine Photographique de Nantes – puis à Arles, dans le cadre du festival Eté Indien(s) à la Galerie Volver, enfin à la Galerie Sabrina Lucas à Nantes. Dès 2020, elle initie un nouveau projet plus ancré dans le réel, Les Transbordeuses : c’est en Catalogne, aux portes de l’Espagne qu’elle rencontre ces femmes héritières du premiers mouvements féminins en France. A l’écoute de leurs vies, saisie par la force de la transmission, multipliant les allers-retours entre la Bretagne et l’Occitanie, elle s’immerge dans les récits de leur combat – qui font tout à la fois histoire mais aussi écho en elle, provoquent un effet miroir. Ce qui l’amène l’année suivante, à réinventer une cérémonie où elle invite des femmes à se réunir pour créer un rituel qui les relie, Cerimònia, – cherche à conjurer le sort (des femmes) et donne du sens au réel, au vécu du partage qui rend plus fort. Aujourd’hui sa pratique s’oriente à la fois avec des projets concrets, proches de l’humain, particulièrement avec Parlez-moi d’amour où Marjorie prend le temps d’échanger avec nos aînés sur le sujet de l’amour et aussi avec des projets à la frontière de l’invisible comme dernièrement CHRYSOPOEIA et LE FLEUVE BLANC ses deux dernières séries mystérieuses. http://www.marjoriegosset-photographe.com Vous êtes photographes et vous souhaitez donner de la visibilité et de la résonance à votre travail ? Notre rubrique Portfolio vous est consacrée ! Comment participer ? Pour soumettre votre travail à la rédaction, il vous suffit d’envoyer à info@9lives-magazine.com • Une série composée de 10 à 20 images. Vos fichiers doivent être en 72DPI au format JPG avec une taille en pixels entre 1200 et 2000 pixels dans la plus grande partie de l’image ; • Des légendes (si il y a) ; • Un texte de présentation de votre série (pas de format maximum ou minimum) ; • Une courte biographie avec les coordonnées que vous souhaitez rendre public (site web, email, réseaux sociaux…) Favori1 Article précédent Les résidences photographiques de l’Hôtel Fontfreyde Article suivant Ça s’est passé un 16 janvier : Egalité juridique entre l’homme et la Femme La Rédaction9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.
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