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Partager Partager Pour sa deuxième carte blanche, notre invitée de la semaine, la photographe Lynn S.K., partage avec nous son coup de cœur pour la photographe Lola Khalfa, et en particulier pour sa série intitulée « De l’Air« . Basée à Marseille, Lola est née en Algérie, dans son travail, elle retrace les fractures invisibles laissées par l’effacement et le déplacement politiques. Ancrée dans son expérience d’exil intérieur durant la Décennie noire algérienne, et façonnée par une lignée d’activisme et de silence, sa pratique explore les espaces où la mémoire se désintègre, tant personnelle que collective. Un flou algérien J’ai rencontré Lola lors d’un workshop de Bruno Boudjelal à Alger en 2015 (!). Quand j’ai montré ma série Rue Belouizdad, Alger, sur l’appartement de mes tantes, Lola est venue me voir à la fin pour me dire qu’elle croyait reconnaître l’une des femmes. On a vite compris que la famille de Lola était voisine de ma tante Naïma, à Annaba, à quelques 700 km d’Alger. Et qu’on partageait les mêmes souvenirs d’enfance flous et un peu magiques de l’appartement de Naïma — notamment de la statue de Néfertiti qui trônait dans son salon. Série De l’air © Lola Khalfa Série De l’air © Lola Khalfa Depuis, nous nous sommes retrouvées sur le projet Tilawin (en savoir plus en cliquant-ici), et moi je suis toujours aussi touchée par son travail et sa sincérité. De l’air me parle pour des raisons à la fois intimes et politiques : le deuil brutal, la « décennie noire », la question de transmission. Et bien sûr par le texte qui l’accompagne, signé par l’écrivain franco-libanais Sabyl Ghoussoub — dont les mots me touchent autant que les images de Lola. Découvrir la série complète « De l’air » de Lola Khalfa https://lolakhalfa.myportfolio.com/de-lair « L’histoire de mon père n’a jamais été écrite » m’a dit la photographe Lola Khalfa. Série De l’air © Lola Khalfa Série De l’air © Lola Khalfa Série De l’air © Lola Khalfa L’écriture de l’histoire d’un pays n’est pas le fait d’un seul homme ou d’une seule femme mais d’une assemblée de personnes qui à un instant T décident de construire un passé commun pour mieux envisager l’avenir. Celle d’un homme ou d’une femme, qui plus est d’un père ou d’une mère, ne dépend que de quelques individus : un enfant, un proche, un curieux. Cette responsabilité infime mais immense, Lola Khalfa a décidé de la porter en s’intéressant à la mort inélucidée de son père. Raconter un homme, c’est raconter un pays dans son intimité, ses paradoxes, ses nuances. La série « De l’air » de Lola relève de l’enquête familiale mais pas seulement. Se plonger dans l’histoire de son père, c’est revenir sur la décennie noire en Algérie (1991-2002) qui a vu s’opposer islamistes et gouvernement militaire dans une guerre civile qui a fait entre cent mille et deux cent mille victimes. Série De l’air © Lola Khalfa Série De l’air © Lola Khalfa Série De l’air © Lola Khalfa Nous sommes dans les années quatre-vingt. Le père est syndiqué, la mère est professeure de français, elle ne porte pas le voile. Les deux sont engagés dans des associations socialistes et féministes. Ils vivent à Hjar-Eddis dans la dernière maison avant la montagne, là où resteront les rêves de Lola. Le vent tourne. Une décennie plus tard, un coup d’état a enclenché une guerre qui a ravagé et divisé le pays. Les islamistes commencent à frapper aux persiennes de la maison pour menacer les parents de Lola. Leurs activités politiques déplaisent, on leur reproche aussi de blasphémer. La mère se met à porter le voile pour éviter les remarques mais elle ne change rien à ses combats. Le père, lui, n’arrêtera jamais d’être celui qu’il est, de défendre les idéaux d’une « Algérie juste » et ces mots sont de sa fille. Le père meurt. La mère abandonne définitivement la maison près de la montagne. « Ce qui est passé est mort. On ne revient pas dessus » dira le président algérien Bouteflika quatre ans après la fin des hostilités à propos des massacres, des tueries, des disparus de ces dix années de guerre civile. Série De l’air © Lola Khalfa Série De l’air © Lola Khalfa À côté des documents, des articles de presse, des archives familiales où l’on peut d’ailleurs voir la mère en maillot deux pièces à la mer, image qui la surprendra elle-même lorsqu’elle la reverra des années plus tard avec sa fille, il y a les photographies floues de Lola. Sa famille, son village, sa terre. Ce flou algérien en rappelle un autre, celui du photographe Bruno Boudjelal qui l’a consacré. Une manière de passer, d’être là sans être là, de ne pas figer l’histoire. On va, on revient, on repart. On interroge ses proches. On en découvre toujours un peu plus mais jamais assez. Lola, elle, a eu besoin de s’éloigner pour se rapprocher de son vécu. C’est à Marseille et même à Beyrouth lors d’une résidence artistique où elle travaillait sur un projet sur la communauté LGBT+ en Algérie qu’elle commence à se plonger dans la vie de son père. Sur ce passé, elle pèse ses mots pour en parler. Ses images viennent combler les silences, s’approcher d’une vérité sans jamais l’atteindre mais est-il seulement possible de l’atteindre ? L’histoire du père de Lola n’est pas encore écrite mais un jour le flou laissera place à la clarté, à la justice et c’est cet espoir que donne à voir le travail de Lola Khalfa. – Sabyl Ghoussoub Marque-page0
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