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La tempête de Jon Cazenave

Temps de lecture estimé : 3mins

Si l’année 2020 nous a éloignés des salles d’exposition, elle nous aura incontestablement rapprochés de l’édition. Les maisons d’édition auront été généreuses dans la qualité des ouvrages proposés. C’est le cas de « Galerna » de Jon Cazenave publié par Dalpine et l’Atelier EXB. Il révèle dans une beauté magistrale, la violence et la colère d’un photographe à la recherche de ses racines et de son identité autour d’un territoire partagé. Somptueux et percutant

« Le noir et blanc a quelque chose à voir avec la lumière à l’intérieur de la grotte. Il rend le geste plus visible, les blessures restent à sa surface, la beauté du désir, la douleur longtemps contenue, on distingue mieux les heures de travail de longue haleine en noir et blanc. Il est en lien avec la légende, ce qu’il montre est réel mais il le transforme en fiction. Parce qu’il n’est pas totalement précis, il laisse de la place à l’imagination du spectateur. » Kirmen Uribe

Jon Cazenave est né à San Sebastian, en 1978. La photographie s’impose à lui comme une évidence, lorsqu’il entame un travail de recherche sur son identité et sur son appartenance à un territoire : le pays basque. L’ouvrage « Galerna » – qui signifie tempête en basque – dont le projet a débuté en 2016 avec Fannie Escoulen et Xavier Barral, est la destination finale de son voyage introspectif. Celui qui décimera sa colère.

Pendant dix ans, il part ainsi, seul, avec son appareil photo, explorer un territoire avec une situation politique comme point de départ, pour l’inscrire dans sa propre histoire. Il va ainsi découvrir l’âme de ces terres en parcourant les forêts, gravissant les montagnes ou encore en explorant les grottes préhistoriques. C’est l’expérience de ses origines qu’il traduit en image. Des photographies en noir et blanc, mais aussi en couleur, allant du charbonneux intense, au minimalisme graphique. Galerna est un voyage initiatique où la puissance de la nature acquiert une dimension universelle en questionnant les concepts de transmission et d’héritage culturel. C’est la nature environnante qui est venue lui apporter des réponses et ainsi apaiser son fort intérieur. Et comme l’exprime Fannie Escoulen, « si cette série lui a pris dix ans, c’est qu’il a cherché une forme d’épuisement à la fois physique et mental. Il est allé au bout du bout du bout, pour – enfin – trouver la lumière et il y a, du reste, cette progression-là dans le livre. Jon est obsédé par la profondeur du noir, par l’obscurité, mais à la toute fin du livre, c’est le blanc qui apparaît. Il y a, chez lui, un besoin d’élévation aussi. Arriver à trouver une échappatoire par la photographie pour s’extraire du fracas de la violence. »

INFORMATIONS PRATIQUES :
Galerna
Jon Cazenave
Français / Anglais
Textes de Kirmen Uribe & Fannie Escoulen
Co-édition Atelier EXB & Dalpine
Octobre 2020
21 x 28 cm
256 pages
144 photographies couleur et N&B
ISBN : 978-236511-278-9
42
https://exb.fr/

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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