Bientôt le lever de rideau. Nous l’attendions tous, impatients de fermer la parenthèse. Peut-être pour la première – et espérons-le – la dernière fois se voir et voir des oeuvres était devenu un rêve. Qui l’eut crû? Un rêve collectif, un rêve générale pour reprendre un slogan des manifestations de 2009.
« Il faut que le cauchemar s’arrête. Que l’on puisse à nouveau rêver » disait une manifestante à cette occasion.
Depuis mars 2020, le cauchemar a suivi son cours mais nous avons rêvé. Par-delà les souffrances, les peurs et les déceptions, nous n’avons jamais cessé de rêver, et c’est peut-être le plus important.
Alors, évidemment cela ne fait que confirmer la résilience de la nature humaine (mais à quel prix?).
Mais il y a autre chose dont il faut se réjouir. Ce rêve général fait profession de foi de tout ce pourquoi nous, gent artistique, vivons. C’est une confirmation – si j’ose poursuivre la sémantique.
La fermeture de ces lieux a provoqué un manque, un vide, un sentiment de non-sens et fait passer nos engagements pour une quête superfétatoire. Cependant de partout et non plus des lieux où les artistes nous chuchotent à l’oreille, des voix se sont élevées, réclamant une autre nourriture terrestre.
Comme quoi « se taire et taire toute chose du monde » (René Char) n’est pas art.
Que restera-t-il de nos mots, nos pensées, nos rêves et nos absences solitaires ?
Que restera-t-il de ce silence – général ?
S’il est une chose, cette année aura défiée nos limites et démontré que la conscience collective est toujours à l’oeuvre. Ouvrons encore plus grand les portes aux rêves! Rêvons plus loin, plus fort! Et n’oublions jamais que les belles endormies que nous fûmes nous guettent.
A titre personnel, j’ai hâte de découvrir les futurs artistes dont la vocation est née cette année particulière. Qu’en diront-il.elle.s?
Et maintenant, de quoi allons-nous rêver demain?
Texte & Photo : © Selma Bella Zarhloul