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Partager Partager Temps de lecture estimé : 9minsPour sa deuxième carte blanche, la critique d’art et spécialiste de l’image, de l’art contemporain et de la photographie plasticienne, Dominique Baqué nous parle de « l’affaire Mila », jeune fille de seize ans qui a suscité la polémique il y a deux ans sur Instagram. Tout le monde se souvient de cette adolescente aux cheveux violets, dont le portrait a été partagé partout dans les médias et sur les réseaux sociaux, devenue le visage de l’islamophobie pour les un·es et du droit à la critique de toutes les religions pour les autres. Pour ses prises de position, la jeune Mila a reçu plus de 50 000 messages de menaces de viols et de meurtres. Ce n’est pas une photographie. Mais l’image Instagram d’une jeune fille postée sur les réseaux sociaux, comme il y en a des millions. Cheveux courts teints en violet, grands yeux bleux glacier, peau claire et satinée, bouche pulpeuse, ou plutôt en « canard », celle qu’affectionnent tant les millenials. Rien que de banal. La jeune fille est de toute évidence photoshopée, conformément aux normes d’une beauté standardisée. De fait, elle semble très jolie. Mais elle s’appelle Mila. Et, en France, elle est devenue ce qu’on appelle « l’affaire Mila ». Suscitant une violente polémique, liée au modèle de la « laïcité à la française », issue de la loi de 1905, qui signe la singularité de mon pays, et qui ne se comprend à peu près nulle part ailleurs — notamment dans les pays anglo-saxons. Il convient ici de rappeler les faits, rien que les faits : en janvier 2020, une jeune fille âgée de seize ans répond à des insultes homophobes sur son compte Instagram en critiquant ouvertement l’Islam : « Je déteste la religion […]. Le Coran il n’y a que de la haine là-dedans, l’Islam c’est de la merde, c’est ce que je pense ». Certes, la jeune Mila ne s’embarrasse pas de nuances, mais, d’une part c’est en tant que gay qu’elle se voit attaquée ; et d’autre part son langage provocateur, voire même vulgaire, est celui de sa génération, celle des millenials. On peut, c’est vrai, ne pas souscrire à de tels propos et s’indigner de leur grossièreté, mais ils s’inscrivent dans le cadre du droit français, qui consacre et préserve le droit à la critique de toutes les religions. L’histoire pourrait s’arrêter là, mais non : très vite, des milliers de haters vont la harceler, chaque jour, plusieurs fois par jours, mêlant l’insulte, la menace de mort, et l’appel à la décapitation au nom d’Allah. À tel point que Mila doit être déscolarisée et en permanence placée sous protection policière. Il faut ajouter plusieurs points non négligeables : la majorité des gauches est restée muette, tandis que la communauté LGBTQ+, à laquelle Mila appartient, a choisi de la « lâcher » pour soutenir les musulmanes « offensées » par une telle diatribe. Au moins, les choses sont claires, et l’on voit encore une fois combien les LGBTQ+ ne cessent de se tromper de combat. Nicole Belloubet, alors ministre de la Justice, croit bon d’affirmer que « l’insulte à la religion est une atteinte à la liberté de conscience », alors qu’en tant que garde des Sceaux, elle devrait, a minima, savoir que la notion de blasphème n’existe pas dans le droit français. Et, à défaut de soutenir la jeune fille ostracisée, se taire à tout le moins. Dans un sondage IFOP effectué dans le cadre de cette affaire, je constate avec effarement que 44% des Français souscrivent à la remontrance de Belloubet, dont une très large majorité dans la tranche d’âge des 18-24 ans. Plus dramatique encore : depuis la décapitation de Samuel Paty par un islamiste radical tchétchène, un nouveau sondage IFOP montre que les jeunes sont particulièrement divisés sur la question de la liberté d’expression face à l’obscurantisme : si 58% des jeunes interrogés valident la démarche pédagogique de l’enseignant et confirment qu’il a eu raison de montrer les caricatures de Charlie Hebdo à ses élèves — et je tiens ici à rappeler les précautions qu’il avait prises en amont —, ils sont tout de même 22% à considérer qu’il s’agissait d’une provocation inutile — toujours la même rengaine — et 20% des sondés ne souhaitent pas répondre. Enfin, 14% — ce qui n’est pas anodin — considèrent que la démarche du professeur décapité pour avoir osé faire son métier relève en réalité d’une « démarche islamophobe ». Nous y voilà, encore et toujours. À quoi a répondu, non sans cet humour caustique qui est toujours la signature du journal, une couverture de Charlie Hebdo intitulée « Si on veut défendre la liberté d’expression, il faut cesser d’être jeune ». Le problème fondamental est que c’est cette nouvelle génération qui est censée inventer un nouveau monde… ⚠️ <strong>TW : Attention contenu sensible</strong>, cliquez pour continuer la lecture du texte de Dominique Baqué Mais j’en reviens à Mila, qui vient de publier Je suis le prix de votre liberté, dont l’incipit, qui relate au mot près l’une parmi des milliers d’insultes, injures et menaces de mort qu’elle a subies, doit être lu par respect pour celle qui n’a jamais baissé les bras : « Crève sale pute, quand je vais trouver ton adresse je vais venir t’égorger de mes propres mains mais tu vas bouffer tes entrailles et celles de ta mère sale chienne t’as aucun respect et on va te crever pétasse on va rigoler quand je vais venir te violer tu vas implorer Dieu tu vas la sentir ma grosse bite te sortir par les yeux connasse pétasse poufiasse j’ai hâte que tu meures je veux t’entendre couiner comme une truie tu vois mon couteau tu vas le sentir sous ta gorge je vais te découper et quand tu seras morte je vais te violer sale lesbienne ta mère va se la prendre dans le cul on va tous te passer dessus on va te brûler à l’acide d’abord le visage et puis les seins on va t’égorger sale pute je vais t’enterrer vivante te massacrer on va te retrouver et on va te tuer tu vas souffrir avant de mourir c’est qu’une question de temps avant qu’on te retrouve ». Ce texte ignoble, posté par un hater si courageux qu’il n’a pas décliné son identité, me laisse sans voix. Pourtant, il faut le lire jusqu’à la lie, et le partager pour prendre la mesure du calvaire enduré par Mila. Et certains ont eu l’impudeur de s’offenser de la — minime — vulgarité de la première publication de Mila ? Honte à eux et à elles. Selon Richard Malka, son avocat, Mila a reçu à ce jour 50 000 messages de menaces de viols et de meurtres. Pour autant, elle vit seule et ostracisée dans un coin inconnu et protégé de cette France qui fut, autrefois, la patrie des Droits de l’homme. Mais, pis encore, la haine n’a pas été le fait que de décervelés mais dangereux islamistes : elle a aussi été relayée sur le Net par des citoyens offensés, qui en un seul clic mettent à mort une jeune fille, sans prendre conscience aucune de la gravité de leur acte, comme le montra leur totale indifférence lors du récent procès que Mila à fini par gagner — symboliquement, tant les peines furent dérisoires. Le désaveu est aussi venu de personnes publiques, comme Ségolène Royal, ne voyant dans la position de Mila qu’une « crise d’adolescence » et estimant qu’elle a manqué de respect à la religion de Mahomet. Ou encore du clown médiatique Cyril Hanouna, complice de la meute lorsqu’il donne la parole, dans sa trop célèbre émission sur C8, à l’humoriste Yassine Belattar, qui a fustigé sans pitié Mila, la dénonçant comme « la mascotte du RN ». À quoi Mila répondra dans son livre : « Je suis abandonnée par une nation fragile et lâche ». Et d’affirmer avec raison : « Je suis le prix de votre liberté » — le titre même de son livre. Oui, le peuple français est devenu lâche. Il n’ose plus la liberté de penser, de critiquer, de jouer, de rire, de caricaturer, de blasphémer, qui fut sa force… il y a trop longtemps. Faut-il rappeler à toutes ces consciences nourries de wokisme, devenues serviles au nom de la bienséance et du politiquement correct, qu’il est des pays, comme le Pakistan, et de nouveau aujourd’hui l’Afghanistan depuis leur reprise du pouvoir par les Talibans le 15 août 2021, où des femmes meurent pour lutter contre les lois qui interdisent le blasphème ? Faut-il leur rappeler l’affaire Asia Bibi en 2018, lorsqu’une toute jeune chrétienne a été condamnée à mort au Pakistan pour avoir « souillé le puits des musulmans » (sic) en y puisant un simple verre d’eau, parce qu’elle avait soif ? Dans ces pays où fait rage l’islamisme radical, défendre Asia Bibi ou dénoncer la loi anti-blasphème peut coûter la vie. Est-ce ce « modèle » culturel que l’on veut importer, ou à tout le moins tolérer, en France ? Dire « merde à Dieu », comme y enjoint Malka, serait-il donc insidieusement devenu punissable en terre voltairienne ? Ce sont là des signaux extrêmement graves, qu’on ne saurait prendre à la légère, ni évacuer d’un revers de la main. Mais le pire, encore une fois, est que la gauche, muette, complaisante ou complice, est aux abonnés absents dans ce combat pourtant essentiel à notre vie démocratique. Si l’on excepte quelques courageuses militantes républicaines à la pointe de la lutte anti-islamiste, telles que Fatiha Boudjahlat et Zineb El Rahzoui, rescapée du massacre de Charlie Hebdo, qui sait de quoi elle parle et qui vit sous protection policière permanente, pourquoi les intellectuelles et artistes féministes ne se sont-elles pas levées pour défendre Mila ? Peur, une nouvelle fois, d’être taxées de « racisme » et d’« islamophobie » ? Incapables de défendre l’héritage libertaire ? Ou, pour les plus politiques d’entre elles, tentative opportuniste de séduire un électorat musulman, dont l’on sait pourtant qu’il vote majoritairement à droite ? Je l’avoue : j’ai honte pour elles. J’ai honte pour nous. D’autant qu’il y a de si nombreux pays, de par le monde, où les citoyens, et plus encore les citoyennes, rêvent d’adopter les lois françaises, de vivre librement leur sexualité, de jeter leur voile aux orties, encourant la prison ou, pire, la lapidation ou la pendaison. Favori5
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