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Partager Partager Temps de lecture estimé : 8minsLe 7 janvier dernier, la Galerie Les Filles du Calvaire inaugurait l’exposition « The Other End of the Rainbow », une série réalisée par la jeune photographe canadienne Kourtney Roy. Un travail en rupture avec ses précédentes séries, puisqu’elle quitte un monde fictionnel et ultra coloré au profit d’un travail documentaire au long cours sur les disparitions de femmes et jeunes filles le long de la Highway 16, une route du nord de la Colombie Britannique. Des actes misogynes et racistes perpétrés depuis plus de quarante ans sur cette voie de 720 km tristement appelée la Route des larmes. À l’occasion de son exposition, j’ai rencontré Kourtney Roy. Morning, Quesnel, 2018Series The Other End of the RainbowCourtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris The road I, 2018Serie The Other End of the RainbowCourtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris Vicki at the graveyard, 2018Series The Other End of the RainbowCourtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris Dans « the other end of the rainbow », tu créés une véritable rupture de avec tes précédentes séries. Comment en es-tu venue à documenter cette histoire de la Route des larmes ? J’ai commencé à entendre parler de cette histoire de la Route des larmes en 2015. À cette époque, j’étais au Canada et je travaillais sur un tout autre projet, j’étais accompagnée d’une de mes amies qui vient de cette région (Colombie Britannique) et c’est elle qui m’a parlé de cette terrible histoire. Ça a tout de suite résonné en moi, je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais cette route dans le nord du Canada m’a interpellée. J’étais à une époque de ma vie où j’étais ouverte à une nouvelle pratique photographique et à me tourner vers les autres… Peux-tu nous parler de cette « Route des larmes » ? La Highway 16 est une route longue de 720 kilomètres traversant le nord de la Colombie-Britannique entre des sites industriels isolés et les anciens comptoirs de fourrures de Prince George et Prince Rupert. Durant plus de quarante ans, des femmes et des jeunes filles ont disparu le long de cette route solitaire, lui accordant ainsi le surnom de « Route des Larmes ». Elles sont assassinées ou disparaissent sans qu’on ne sache jamais ce qu’elles sont devenues, la plupart des victimes sont originaires des Premières Nations. Il y a le fait que ce soit des femmes bien sûr, mais pas seulement, cela intervient également car ce sont des autochtones. Aujourd’hui encore, cette violence systémique est accueillie avec indifférence, désinvolture ou avec un racisme non déguisé par le public, les médias et la police. La disparition et le meurtre de femmes et de jeunes filles blanches suscitent généralement davantage d’attention que le sort tragique de femmes indigènes. La Route des Larmes n’est pas un incident isolé ; des drames similaires endeuillent le Canada depuis des années. Les Nations unies ont qualifié de génocide la violence exercée au Canada contre les femmes et les jeunes filles indigènes et, en 2015, cet organisme a demandé une enquête publique sur ces atrocités. Where Loren was found, 2018Series The Other End of the RainbowCourtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris First snowfall, 2017Series The Other End of the RainbowCourtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris Virginia under the tree, 2018Series The Other End of the RainbowCourtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris Comment as-tu choisi de traduire ce sujet en mêlant des paysages et des portraits ? Je me suis rendue sur place, j’avais fait beaucoup de recherches et je devais maintenant me rendre compte par moi-même ce que c’était que cette « Route des larmes ». J’ai donc décidé de voyager le long de cette Highway 16, pour partir à la rencontre des paysages, des détails, et des personnes qui y vivent. Au départ, c’était juste une prise de repère. J’avais besoin de voir ce qui se cachait derrière ce lieu et comprendre si ma perception serait entachée par ces histoires de disparition. Lors de mon premier voyage, au hasard de mes pérégrinations, j’ai fait la connaissance de gens et je me suis rendue compte que beaucoup étaient liés plus ou moins directement à une histoire de disparition. Cela a permis de concrétiser ce qu’il se passait la-bas, en côtoyant ces gens qui ont perdu des amies, ou des personnes de la famille, cela donne un tout autre sens. Ça m’a beaucoup marquée. Lorsque je suis retournée là-bas la seconde fois, j’ai activement recherché des témoignages de proches de femmes assassinées ou disparues pour qu’ils me racontent leur histoire, mais également pour qu’ils partagent avec moi leur vie sur cette autoroute. Le projet s’est rapidement dessiné, il était évident que je devais photographier cette route, ces paysages, mais que je devais également les accompagner des portraits des gens que je rencontrais et qui m’ont livré leurs témoignages. Tu nous parlais de l’indifférence des forces de police et même du gouvernement du triste sort de ces femmes, est-ce que ce travail a permis de faire un peu changer les choses ? Je ne crois pas. Ce travail n’a pas beaucoup de résonance là-bas, le livre est sorti en France et l’exposition n’a pas encore été présentée au Canada. Il y a de nombreuses personnes sur place qui sont très investies, que ce soit des proches de victimes mais aussi des journalistes qui interpellent les autorités et le gouvernement. Blizzard 2018Series The Other End of the RainbowCourtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris Payphone and mist in Houston 2017Series The Other End of the Rainbow, 2019Courtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris At the trailer park 2018Series The Other End of the RainbowCourtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris L’ouvrage est donc sorti l’été dernier, aujourd’hui ta galerie Les Filles du Calvaire expose ce travail, comment avez-vous pensé l’exposition ? galerie est sur deux niveaux, donc nous avons choisi de traiter les espaces différemment. En bas, on a réuni des images des villes que j’ai visitées lors de ce voyage et qui sont présentées dans l’ordre géographique, le long de cette autoroute. On a choisi 5 lieux que l’on présente à travers des paysages, des portraits et des détails de ces villes spécifiques. Et on entre vraiment dans les histoires grâce aux témoignages. En haut, c’est différent, on a délibérément choisi de ne donner que très peu d’informations. Cet espace est plus fluide, il reste ouvert aux interprétations des visiteur·ses. On propose un voyage à travers une sélection de paysages. Si au premier niveau on contextualise, au second, on imprègne les visiteur·ses d’une « ambiance ». C’est beaucoup plus subjectif… Quelles sont les réactions des visiteur·ses ? Les personnes qui viennent voir l’exposition sont très touchées, elles sont émues de découvrir cette histoire. C’est difficile, on parle quand même de récits qui sont très choquants. Les gens sont parfois bouleversés, touchés par ce que cette exposition raconte. Est-ce que cette série t’ouvre de nouvelles voies, de nouvelles pratiques photographiques ? Oui, c’est sûr que ça m’a vraiment donné envie de m’investir d’avantage dans ce type de projets. Même si c’était un sujet difficile, ça m’a libérée de le faire. J’aime beaucoup voyager, rencontrer des gens et faire des recherches… J’ignore encore quand je vais pouvoir commencer un nouveau sujet dans cet esprit, j’espère prochainement. Actuellement, je suis en train de réaliser un long métrage, donc je serai occupée encore pour plusieurs mois et j’ai donc l’intention, une fois cette fiction terminée, d’entamer des recherches pour de nouveaux projets, j’ai quelques idées, mais rien de concret pour le moment. INFORMATIONS PRATIQUES Galerie Les filles du calvaire17 rue des Filles-du-Calvaire 75003 Paris sam07jan(jan 7)11 h 00 minven24fev(fev 24)18 h 30 minThe Other end of the RainbowKourtney RoyGalerie Les filles du calvaire, 17 rue des Filles-du-Calvaire 75003 Paris Détail de l'événementLa galerie a le plaisir d’annoncer The Other End of the Rainbow, une exposition personnelle de l’artiste canadienne Kourtney Roy. La photographe reconnue pour la créativité de ses mondes fictionnels, Détail de l'événement La galerie a le plaisir d’annoncer The Other End of the Rainbow, une exposition personnelle de l’artiste canadienne Kourtney Roy. La photographe reconnue pour la créativité de ses mondes fictionnels, aborde avec ce travail un sujet grave : depuis plus de quarante ans, le long de la Highway 16, une route du nord de la Colombie Britannique , disparaissent des femmes et jeunes filles pour la plupart originaires des Premières Nations. D’octobre 2017 à septembre 2019, Roy se rend cinq fois dans la région et voyage de façon anonyme sur cette portion de 720 km de long tristement appelée la Route des larmes. “Au cours de mes voyages, j’ai rencontré et échangé avec de nombreuses personnes admirables directement touchées par la violence sur cette route. Malgré les tragédies qu’elles ont dû endurer, elles m’ont permis de m’immiscer dans leur vie en toute confiance et sincérité, prêtes à me confier leur histoire. Je passais régulièrement beaucoup de temps avec elles, sans forcément prendre de photos, en partageant leurs activités et leurs aventur es quotidiennes. Leurs histoires m’ ont aidé à mieux comprendre les obstacles qu’elles avaient dû surmonter dans leur vie. Leur connaissance des grandes forêts, des routes et des infrastructures de la région était essentielle pour me permettre de retrouver et de prendre en photo des endroits liés aux tragédies, dont le voyageur ordinaire n’a pas connaissance. J’ai été intriguée par la façon dont l’architecture de cette route particulière a été influencée par son histoire sombre et sa violence chronique. Com ment donner du sens à un lieu insignifiant ? Comment l’architecture banale qui borde cette route et les personnes qui y circulent en tout anonymat peuvent – elles se lier pour créer une atmosphère à la fois ordinaire et néfaste. Dans une région encore aux prises avec un sombre passé colonialiste, le réseau routier national a favorisé la décentralisation, amené fonctionnalité et rapidité, anonymat, isolement, pauvreté et violence. La banalité des endroits que j’ai photographiés suggère la présence d’événements sinistres autant qu’elle la cache. Leur aspect terre à terre est magnifié par le passé sombre de cette autoroute, ce qui ajoute une note d’effroi à ces paysages censés être neutres. Je désirais proposer une image composite d’un lieu complexe mais extraordinaire. Le genius loci, ou « génie du lieu » , pour le dire simplement, est cette qualité ou cet « esprit » qui donne son sens à un lieu particulier – une ville, une clairière, une région ou une route. En ce sens, la Highway 16 ne conduit pas simplement vers une destination ; elle est une destination , imprégnée d’un sentiment singulier de l’histoire et d’une présence à travers les atrocités répétées commises sur toute sa longueur. » – Kourtney Roy L’exposition présente un extrait de cette mise en récit par l’image d’un fait divers qui s’enracine dans la violence, la misogynie et le racisme systémique. Ce projet, hybride artistique et documentaire, est présenté dans son ensemble dans un livre publié chez André Frère. DatesJanvier 7 (Samedi) 22 h 00 min - Février 24 (Vendredi) 5 h 30 min(GMT-11:00) LieuGalerie Les filles du calvaire17 rue des Filles-du-Calvaire 75003 Paris Galerie Les filles du calvaire17 rue des Filles-du-Calvaire 75003 ParisLa galerie Les Filles du Calvaire, fondée en 1996 à Paris, a pour vocation de montrer et de défendre la création contemporaine. Ouvert du mardi au samedi de 11h à 18h30 Get Directions CalendrierGoogleCal Related Events Loire 25 Novembre 2021 3 h 00 min - 22 Mai 2022 7 h 00 min Conversation et signature du livre le 18 février à 16 heures. Conversation entre Kourtney Roy et François Cheval. Ensemble ils reviendront sur l’exposition présentée à la galerie ainsi que sur le livre publié chez André Frère Editions. A LIRE « The Other End of the Rainbow » : Kourtney Roy traverse la route des larmes Carte blanche à Fany Dupêchez : Kourtney Roy, The other End of the Rainbow Favori0
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