Juillet, 2022

L’Été photographique de Lectoure 2022

sam16jul(jul 16)15 h 00 mindim18sep(sep 18)19 h 00 minL’Été photographique de Lectoure 2022Faire flamboyer l’avenirCentre d’art et de photographie de Lectoure, Maison de Saint-Louis, 8 cours Gambetta, 32700 Lectoure

Détail de l'événement

Le festival L’été photographique est un temps fort incontournable de la programmation annuelle du Centre d’art et de photographie de Lectoure qui œuvre au quotidien, dans le Gers en Occitanie, pour créer, partager un projet artistique et participer à la dynamique culturelle de ce territoire rural, dans un souci permanent de grande exigence artistique. Chaque année, ce rendez-vous estival, déployé dans plusieurs lieux emblématiques du patrimoine lectourois invite les visiteurs à découvrir des expositions temporaires et des événements ponctuels dans des lieux atypiques, véritables catalyseurs de créativité, terrain d’observation, d’expérimentation et de partage pour les artistes, les équipes et les visiteurs.

Accueillir de nouvelles écritures curatoriales, diversifier les formes et les formats d’exposition, explorer des partenariats inédits participe à la vitalité d’un centre d’art. C’est à ce titre que j’ai souhaité cette année apporter un souffle neuf à L’été photographique en invitant la critique et commissaire d’exposition indépendante Émilie Flory. Tête chercheuse et voyageuse, Émilie Flory ne badine pas avec l’humour et a « carte blanche» pour concevoir la programmation artistique de l’édition 2022 du festival. Son projet nous entraîne dans une authentique aventure et délivre une édition tout à la fois acérée et enchanteresse, une édition 2022 qui déride, qui interpelle, surprend, dénonce et expérimente.

– Marie-Frédérique Hallin Directrice du Centre d’art et de photographie de Lectoure

L’édition 2022

Faire flamboyer l’avenir¹

Le monde comme une petite boule de cristal,
tourne sur un torchon d’aspect métallique.
Si tu as grandi et que tu es encore enfant,
tu l’as, maintenant, dans tes mains.
Mais si tu t’es forcé à grandir, en oubliant ton enfance,
le monde se retrouve à tes pieds,
languit entre tes mains,
tremble devant tes yeux,
explose avec tes pensées,
et fait pleuvoir tes malheurs amers.²

Pour L’été photographique 2022, alors qu’une guerre aux portes de l’Europe vient s’ajouter à un contexte de pandémie mondiale, j’ai tenu à axer mon projet autour d’artistes dont le travail questionne la construction des mondes. Depuis toujours, les artistes ont su utiliser l’humour et l’absurde, faire des pas de côté pour parler de la réalité, se décaler et user de l’élan vital du rire pour supporter l’insupportable. Créer et détourner pour donner à penser. Ils construisent des mondes d’un point de vue politique, enfantin, architectural, utopique, fantasque, imaginaire. Leurs œuvres traitent de gravité et d’espoir, elles permettent de s’extraire, de rire et de rêver, de continuer à avancer. À la longue, la vie sans utopie devient irrespirable, pour la multitude du moins : sous peine de se pétrifier, il faut au monde un délire neuf.³

Il faut un délire neuf, celui de la Movida que la jeunesse madrilène a composé et bâti au sortir du franquisme, celui aussi des performances qui flirtent avec le nonsense en pleine guerre du Vietnam, des interventions minimales et conceptuelles quand l’apartheid ronge l’Afrique du Sud. Il faut aussi la joie, la liberté et la puissance de la photographie conceptuelle et performative des années 60-70. Elle marque l’entrée de ce medium dans l’art contemporain par ceux qui étaient enfants en 39-45. Les œuvres de ces artistes — déjà ancrés dans une histoire mondiale de l’art contemporain — dialoguent ici avec une jeune génération allemande, belge, espagnole et française. Plus sombres, ces derniers oscillent, leurs œuvres conservent cette double lecture, un peu plus grinçante. Certains embrassent, comme leurs aînés, la respiration qu’offrent les contre-cultures et la science-fiction. Ils travaillent, forment une communauté de pensées au délire commun. Ils revisitent les symboles historiques, pointent la ville contemporaine utopique et déchue, l’inventivité des survivants de conflits soumis aux dictatures, s’intéressent aux pseudosciences qui adoubent les communautés « platistes » et « ufologues », interpellent les passages entre réalité et fiction, jouent du quotidien, des objets, des espaces. Ainsi, pour cette nouvelle édition de L’été photographique de Lectoure, la nécessité de construire des mondes revêt différentes formes, en différents lieux de la ville. Une utopie est un berceau4, conservons des yeux d’enfants, continuons à écouter les poètes et faisons flamboyer l’avenir !

– Émilie Flory Madrid, mars 2022

1. et 4. Victor Hugo, La Fonction du poète in Les Rayons et les Ombres, 1840

2. Ouka Leele, Naturaleza viva, naturaleza muerta, Arnao Ed., 1986
3. Emil Michel Cioran, Histoire et utopie, 1960

Avec : Anna et Bernhard Blume, Philippe Braquenier et David De Beyter, Thorsten Brinkmann, Valérie du Chéné, Nicolás Combarro, David Coste, Étienne Courtois, Louis Dassé, France Dubois, Anne-Charlotte Finel, Ouka Leele, Marie Losier, Annabelle Milon, Alexey Shlyk, Miguel Ángel Tornero, William Wegman, William Wegman et Robert Breer, Ian Wilson.
Commissariat : Émilie Flory

 

Photo : Philippe Braquenier, Jerry, série Earth Not A Globe, 2016-2021 © Philippe Braquenier – courtoisie galerie The Ravestijn, Amsterdam

Dates

Juillet 16 (Samedi) 2 h 00 min - Septembre 18 (Dimanche) 6 h 00 min(GMT-11:00)

Centre d’art et de photographie de LectoureMaison de Saint-Louis, 8 cours Gambetta, 32700 LectoureDurant les expositions (d’octobre à juin) : du mercredi à dimanche, de 14h à 18h | Durant les résidences (d’octobre à juin) : du mercredi au vendredi, de 14h à 18h. Durant l’Été photographique : tous les jours de 14h à 19h