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Quelques mois après avoir remporté la 31ème édition du Prix Roger Pic qui récompense un regard humaniste et généreux, le photographe mozambicain, Mário Macilau est le lauréat de la seconde édition du Prix James Barnor à destination des photographes d’Afrique de L’Est à mi-carrière. Le prix a été remis au FOMU d’Anvers à l’occasion de la rétrospective de James Barnor, pionnier de la photographie ghanéenne, ouverte au public jusqu’au 9 mars 2024. Mário Macilau a été choisi parmi 18 dossiers finalistes, il succède ainsi à la photographe béninoise Sènami Donoumassou, lauréate de l’année passée.

© Mário Macilau (Mozambique)
Untitled, série « Circle of Memories », 2020

James Barnor a toujours revendiqué sa volonté de mettre son travail au service des nouvelles générations de photographes africains. Aujourd’hui âgé de 94 ans, il continue d’influencer de nombreux artistes contemporain.es et a souhaité concrétiser cet esprit de transmission par le biais d’un prix annuel dédié aux photographes africains. Cette volonté de se concentrer sur la photographie africaine, relativement rare dans le champ des prix photographiques, découle des objectifs de la Fondation James Barnor, organisatrice du Prix : le soutien à la culture africaine et à l‘éducation, la formation, et la promotion de nouvelles générations d’artistes africain.es. Accompagné d’une bourse de 10.000 €, le Prix décerné par la Fondation James Barnor a pour objectif de récompenser la carrière de photographes établi.es et de les mener vers la reconnaissance.

© Mário Macilau
De la série « Faith », 2022

Mário Macilau est un artiste-activiste pluridisciplinaire, principalement renommé pour son travail photographique et considéré comme l’une des figures-clé de la nouvelle génération d’artistes mozambicains. Né en 1984 à Maputo, il a dû, comme beaucoup d’enfants, travailler tôt pour aider sa famille, expérience qui marquera sa démarche artistique. Macilau vit et travaille aujourd’hui entre Maputo, Lisbonne et Le Cap, et séjourne régulièrement à l’étranger pour réaliser ses travaux photographiques. Au fil du temps, Mário Macilau a développé une écriture qui invoque une certaine sensibilité dans le choix de ses sujets et sa capacité à entrer en connexion avec eux.

C’est en 2003 qu’il commence la photographie, passant les premières années de sa carrière à se former. En 2007, il se lance comme photographe professionnel, abandonnant le téléphone portable de sa mère au profit d’un appareil NIKON FM2. En peu de temps, il jouit d’une certaine visibilité sur la scène internationale. Macilau remporte plusieurs prix, travaille dans le monde entier, et voit son travail exposé à l’international. Il est notamment présenté par la fondation Dapper à la biennale de Dakar en 2022. Il publie son premier livre Growing in Darkness aux éditions Kehrer en 2015, avec des textes de Roger Ballen, Mia Couto et Simon Njami.

© Mário Macilau
De la série « Growing on darkness », 2015

Sa photographie met en lumière les questions d’identité, de problématiques politiques et de conditions environnementales, en donnant la parole à des groupes isolés socialement, non seulement en pointant les inégalités et injustices sociales du monde, mais aussi en saisissant des scènes d’humanité, de fraternité, de victoire, d’amour et d’espoir. Partant du portrait comme point de départ, son approche photographique ouvre les portes de perspectives plus larges.

Pour Macilau, la photographie peut à la fois montrer la dure réalité de la vie et développer une conscience sociale, à travers la perception des problèmes au Mozambique et ailleurs. Ses photographies illustrent comment l’environnement affecte les individus dans leur vie quotidienne, cherchant toujours à établir un certain niveau de vérité avec ses sujets, évitant l’écueil de la barrière émotionnelle que peut faire surgir la présence d’un appareil photographique.

Il est représenté par la galerie Ed Cross Fine Art.

Mário Macilau a été nominé au Prix James Barnor par Christine Barthe et Owanto.

A LIRE
Mário Macilau est le lauréat de la 31ème édition du Prix Roger Pic
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Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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