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Pour sa troisième carte blanche, notre invité de la semaine, le photographe français Arno Brignon, nous rappelle l’importance d’agir en collectif et de rompre avec l’idée reçue qu’être photographe est un métier solitaire. Dans un secteur ou la compétition et l’individualisme priment souvent, il est important de créer des réseaux vertueux et d’entraides. Dans cette carte blanche, Arno nous parle du festival Zoom en Couserans créé il y a deux ans et dont le but est de « Faire ensemble et être en lien ». La thématique 2024 est « Zones de confluence » et illustre parfaitement cette dynamique.

Contrairement aux idées reçues la photographie n’est pas une pratique solitaire, pas uniquement du moins. Elle a toujours été pour moi une histoire de rencontre. Peut-être parce que j’ai commencé mon parcours par la formation d’un collectif : Du Grain à Moudre (avec David Ameye, Cédric Friggeri et Julien Pebrel). Nous n’aurons pas tenu aussi longtemps que nos modèles de Tendance Floue, mais l’envie, ou le besoin, de faire ensemble ne m’a plus quitté. Si j’ai depuis rejoint l’agence Signatures, maison de photographes, et l’association de photographes Déclic (avec Gaël Bonnefon, Anne Desplantez, Lilie Pinot), d’autres collectifs plus informels sont tout aussi important dans mon parcours, celui de l’appart de Arles en bonne position.

Il existe chez tous les photographes, des familles, des binômes, des groupes aussi essentiels que les structures officielles. Des espaces où se tissent les liens et la confiance qui aide à surpasser les doutes si nombreux dans nos métiers, à partager les joies et trop souvent les déceptions. 

« Il faut faire son réseau » est un mantra répété dans les écoles d’arts, à quel but ? Faire du lien, oui. Car il faut créer des espaces pour se soutenir, s’entraider, inventer ensemble. L’encontre d’un système où la compétition et l’individualisme s’imposent trop souvent. J’en suis persuadé, travailler en collectif ou porter le projet d’un autre est toujours bénéfique. 

D’Amour et de Rage © Mathieu Farcy / Signatures

D’Amour et de Rage © Mathieu Farcy / Signatures

D’Amour et de Rage © Mathieu Farcy / Signatures

D’Amour et de Rage © Mathieu Farcy / Signatures

D’Amour et de Rage © Mathieu Farcy / Signatures

Des artistes comme Mathieu Farcy se sont saisis de cette question jusque dans la redéfinition de la place de sujet et d’auteur. Il interroge la posture du photographe, et plus largement le champ de la photographie sociale. Montrer ne peut être la seule finalité du besoin d’alerter ou de témoigner. Quelle place laisse t’on à celui qu’on va chercher ? S’aventurer dans la rencontre c’est prendre le risque d’être pris en défaut mais surtout la chance de pouvoir s’ouvrir des portes, de dépasser ses préconçus. Mathieu Farcy crée des espaces du commun, pour un travail d’écoute, d’attentions mutuelles et d’images pensées ensemble. Dans son dernier travail D’amour et de rage, « sont imaginés (avec les sujets) des œuvres comme des résistances, des actes d’affirmation de soi, des refuges pour les histoires qui dorment au fond de nos ventres. Des images comme des manifestes poétiques ».

Un festival s’est créé il y a deux ans, impulsé par l’association Autres Directions, autour de cette question du « Faire ensemble et être en lien ». Le festival Zoom en Couserans, est maintenant porté par un collectif ouvert de structures et de personnes : Le Bus Culturel Mobile, l’association Déclic, le collectif Trigone, ArtCade, l’ADEC, Ingrid Coumes-Marquet… Au travers de ce fil conducteur, le festival a la volonté d’impulser une dynamique culturelle, sociale et environnementale au sein de leur programmation mais aussi plus largement pour le territoire.

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« Zones de confluence » est l’intitulé choisi pour illustrer en 2024 cette dynamique.

Il s’agit, comme il est précisé, dans l’appel à auteur qui définira une part des expositions, de porter une attention particulière à l’idée de « croisements », comme autant d’endroits dans lesquels les humains – et le vivant en général – ne peuvent faire autrement que de se rencontrer. Là où nous ne pouvons qu’être en lien et faire ensemble.

Ces zones d’intersection, dans ce qu’elles engagent de tensions et de mouvements, de confrontations et de conciliations sont notre commun à défendre. 

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