Rencontre Claire Bernardi, directrice musée de l’Orangerie : « Dans le flou, un impensé des Nymphéas de Monet et de l’histoire de la représentation » 10 heures ago
Sarah Moon est la lauréate 2025 du Grand Prix de l’Académie des beaux-arts en photographie 1 jour ago
Le Monde selon l’IA, Jeu de Paume : Interview avec Ada Ackerman, commissaire associée. Ce que l’IA fait à la culture visuelle 19 mai 2025
Photo London 2025, Interview Sophie Parker, directrice : « Une édition emblématique pour célébrer les 10 ans de Photo London ! » 16 mai 2025
L’effet boomerang : Contre l’oubli et l’indifférence, le Collectif Argos documente la lutte climatique 13 mai 2025
Letizia Battaglia, Une vie de lutte. “Je m’empare du monde où qu’il soit” aux éditions Actes Sud 30 avril 2025
Dernier chapitre d’une trilogie familiale, le photographe Pierre-Elie de Pibrac en Israël (Episode 7 et fin) 7 mai 2025
Rencontre Claire Bernardi, directrice musée de l’Orangerie : « Dans le flou, un impensé des Nymphéas de Monet et de l’histoire de la représentation » 10 heures ago
POUSH, interview Yvannoé Kruger, directeur : D’un espace refuge à un écosystème devenu prescripteur ! 1 jour ago
WORTH au Petit Palais, interview Marine Kisiel, conservatrice du patrimoine, département mode XIXe siècle au Palais Galliera 4 jours ago
Année Brésil/France 2025 : Interview Barbara Gouget, directrice du musée des Beaux-Arts de Nîmes 5 jours ago
Partager Partager Temps de lecture estimé : 12minsNé en 1979 dans la petite ville bulgare de Svishtov, au bord du Danube, Svilen Nachev s’intéresse à la photographie depuis son adolescence. Pour lui, la photographie est une passion, un plaisir, une échappatoire à l’ordinaire mais aussi un moyen de documenter la vie et de s’exprimer. Lorsqu’il se met derrière son appareil et sort dans la rue, sa principale motivation est d’explorer de secrets, de capter des visions presque illusoires de la vie quotidienne. Svilen Nachev laisse ses images prendre la parole à sa place. Avec une seule image, il invite le spectateur à s’immerger dans son récit, permettant à celle-ci de transmettre son histoire sans avoir besoin d’explication textuelle. Ses capacités d’observation et son besoin d’expérimentation s’expriment à travers l’enregistrement de moments inattendus et l’application d’angles de prise de vue particuliers. Svilen Nachev se met constamment au défi : des séries de photos consacrées aux animaux et aux enfants démontrent ses compétences en matière de rapidité et de style. Ses images surprennent le spectateur par l’inventivité du sujet et par l’œil de mise en scène souvent surréaliste du photographe. Svilen Nachev, The Illusion of meaning, 2020 S’il y a une chose qui caractérise et distingue Svilen Nachev en tant que photographe, c’est son intérêt pour la manière dont la photographie enregistre et transmet des informations sur une génération à l’autre. Le passé et l’histoire de la Bulgarie sont au centre de ses recherches photographiques : sites naturels, architecture locale, bâtiments de divers types, éléments folkloriques se répètent dans plusieurs séries photographiques. La série Persin l’île de la Béléné réalisée en 2017 est cependant la première série dans laquelle Svilen Nachev se consacre à un enregistrement documentaire sur un sujet historique. Plus précisément, le photographe propose aux spectateurs une série d’une quinzaine de photographies prises dans le plus grand camp de travail forcé de la Bulgarie communiste dans les années 1950 et l’un des plus longs à avoir survécu. Aujourd’hui, une prison est toujours en activité dans la partie occidentale de l’île, tandis que la partie orientale est une réserve naturelle gérée. D’ailleurs, l’île de Béléné est la plus grande île des eaux bulgares et constitue la frontière internationale entre la Bulgarie et la Roumanie. L’île est devenue au début des années 1990 un symbole des répressions communistes en Bulgarie. Selon Daniela Koleva, la commémoration de ses victimes est restée largement limitée aux activités sporadiques des organisations politiques et civiques, et les monuments ont ensuite été laissés à la décision des autorités locales en réponse aux initiatives civiques¹. Svilen Nachev, Persin, 2017 Il convient de noter que pour du côté bulgare, commenter la période communiste a longtemps été un sujet tabou en raison du fait qu’il s’agit encore d’un souvenir très récent. Ces dernières années, la situation semble toutefois changer grâce à l’apport des films et des expositions (par exemple l’exposition « Without a trace ? The labour camp in Belene 1949-1959 » organisée au Musée National des Beaux-Arts en Bulgarie en 2009). Ainsi, différentes formes de mémoire culturelle engagent le public à la fois moralement et émotionnellement dans ce sujet². À travers sa série photographique, Nachev offre non seulement un témoignage visuel puissant sur les commémorations de ce lieu emblématique des répressions communistes, mais participe également aux efforts de réappropriation et de réflexion autour de cette histoire. Son approche photographique, entre documentation et expression personnelle, illustre ainsi le rôle essentiel de l’image dans les processus de mémoire culturelle et de transmission intergénérationnelle. Εnfin, le parcours artistique de Svilen Nachev témoigne d’une quête constante d’exploration, d’expérimentation et de transmission par l’image. Animé par un regard à la fois sensible et critique, il parvient à transformer la photographie en un langage universel capable de documenter, d’émouvoir et d’interroger. Svilen Nachev, The Illusion of meaning, 2020 Vous avez commencé la photographie à l’adolescence. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette activité si jeune ? En fait, j’ai commencé à photographier à 30 ans, mais je m’y intéresse depuis mon plus jeune âge. Je comprends maintenant que c’était ma préparation mentale. La photographie est-elle votre principale profession aujourd’hui ? Pas pour le moment. Sur quels thèmes avez-vous travaillé à vos débuts ? Qu’est-ce qui vous a attiré vers la photographie de rue à partir de 2011 ? Au début, je voulais juste photographier et comprendre si j’étais capable de prendre une bonne photo. Je n’avais pas de thème précis, je cherchais juste à comprendre la composition, la lumière, le fonctionnement de l’appareil, etc. C’est intéressant de noter que ma première photo que j’ai vraiment appréciée est apparue environ quatre ans après mes débuts. Svilen Nachev, Dream of the fech, 2019 Vous avez souvent mentionné, en parlant de vos aspirations de photographe, que votre principale motivation pour photographier est d’explorer « les aciers à la recherche de quelque chose de caché et d’entrevoir la vie des générations futures ». Comment percevez-vous l’histoire de la photographie dans votre pays ? Quel est votre rapport à l’histoire photographique de la Bulgarie et à son passé ? Effectivement, je suis connecté à l’histoire photographique de mon car je photographie en Bulgarie, mais vivant dans un monde ouvert, je peux m’inspirer aussi des travaux de photographes du monde entier et échanger avec eux à travers leur art. Vous travaillez en noir et blanc, et parfois en couleur. Plus précisément, deux séries sur la famille et les enfants sont en noir et blanc (Home 2019, To build a house 2018). Que signifie ce choix ? Pour moi, la photographie en noir et blanc apporte toujours plus d’abstraction et il est important que mes projets documentaires stimulent l’imagination et ne pas se limiter à présenter des faits. Svilen Nachev, From Home Bulgaria, 2022 En fait, est-il facile de photographier des enfants et leurs réactions inattendues face à l’objectif ? C’est difficile, comme tout le reste en photographie. En regardant ces photos, je me demande s’il existe un désir de créer une archive de l’histoire personnelle de ces enfants. De contribuer, en tant que photographe, à constituer un patrimoine photographique pour les générations futures. Habituellement, les parents photographient leurs enfants de manière conventionnelle ; les portraits photographiques que vous créez en tant que photographe se concentrent sur le regard et les expressions des enfants. Vous choisissez de les photographier dans des moments où ils ne regardent pas l’objectif, dans des moments d’insouciance ou dans des moments abstraits. Par exemple, une fillette regardant un papillon qui s’est posé sur elle, deux garçons profitant de leur bain et un garçon effrayé pleurant par terre, regardant l’objectif. Dans le projet « Home », je photographie ma famille. Les enfants dans le bain sont en fait des jumeaux : une fille et un garçon. Je m’intéresse au quotidien et je crois qu’en photographie, ce qui révèle l’essence de la vie, c’est l’originalité. Svilen Nachev, From Home Bulgaria, 2022 Svilen Nachev, To build a house, 2018 Nous aimerions en savoir plus sur la série To build a house (2018) réalisée à l’école d’arts et métiers « Dimitar Ekimov » de Rusalya, où des professionnels éduquent des enfants doués artistiquement issus de familles défavorisées. En effet, l’école d’arts et métiers « Dimitar Ekimov » de Rusalya est un lieu très intéressant. J’y ai travaillé pendant six mois. Je voulais montrer la vie des enfants et tout ce qu’ils font dans leur quotidien. En 2025, un documentaire consacré à cet endroit est sorti en ligne. Je vous le recommande vivement. Si l’on observe attentivement, le cadre est souvent coupé à hauteur des yeux. Quel est le but de ce choix ? Est-ce une autre façon d’explorer le regard de l’enfant ? Oui, ainsi on peut le supposer. En général, j’essaie de montrer une nouvelle perspective à travers différentes compositions. Svilen Nachev, Persin, 2017 Le sujet de la période communiste en Bulgarie préoccupe beaucoup les photographes documentaires contemporains. Vous avez consacré à ce sujet la série Persin (Belene island), qui fait référence à un camp de travail forcé de cette époque. Votre travail sur l’île de Béléné marque un tournant dans votre carrière en vous plaçant au croisement de l’art et de la mémoire collective, contribuant à la construction d’un récit visuel sur un passé longtemps occulté en Bulgarie. Nous aimerions en savoir plus sur l’histoire de ce lieu. Sauf erreur, l’accès est fermé aux visiteurs, non ? L’île Béléné est un lieu fascinant, essentiel à l’histoire de la Bulgarie. Pendant la période communiste, se trouvait un camp de concentration où des milliers de personnes ont été tuées sans jugement ni procès. Le reportage que j’ai réalisé est issu de la commémoration de 2017, organisée chaque année en mémoire des victimes. L’île abrite actuellement une prison, fermée aux visiteurs. Dans cette série, on découvre des visages empreints d’émotion et de gravité. Une autre caractéristique de la série est qu’on ne voit pas de personnalités officielles, mais des simples citoyens ayant visité l’île le seul jour où l’accès y est autorisé. Avez-vous choisi de montrer le sujet sous cet angle ? D’ailleurs, sur une photo, on vous voit observer les événements de loin à travers l’objectif. Oui, mon objectif n’était pas seulement de documenter l’événement, mais d’amener le spectateur sur place grâce à mes photos. Svilen Nachev, Persin, 2017 Quel est le rôle et la position d’un photographe contemporain lorsqu’il aborde des sujets historiques ? Je ne sais pas trop comment répondre à cette question. Je pense souvent que la manière d’aborder d’importantes questions historiques relève d’un choix personnel. Parfois, je crois que l’auteur doit avant tout rester fidèle à lui-même et à ses convictions, tandis qu’à d’autres moments, il doit rester serein et éviter de se laisser emporter par ses émotions. Passons maintenant à une autre série intéressante, In Between. Le mode de vie représenté dans les images de la série caractérise-t-il les villes ou les villages bulgares ? Pourquoi cette tendance à toujours comparer avec l’Europe ? Cette série présente la vie des habitants des villages des Rhodopes, au sud de la Bulgarie. La question de la place de la Bulgarie en Europe a toujours été importante pour nous, car nous vivons à la croisée des chemins, entre deux continents et deux religions, entre des cultures et des visions du monde différentes. Svilen Nachev, In Between, 2020 Votre travail sur ce projet vous a-t-il permis de tisser des liens avec des communautés que vous n’aviez pas auparavant ? Vos rencontres photographiques ont-elles des anecdotes que vous aimeriez partager avec nous ? En fait, pas du tout. J’ai réalisé ce projet en seulement cinq jours, en parcourant ces lieux à moto. Comment choisissez-vous les photographies qui composent chaque série ? C’une question très complexe. Je crois que la sélection représente la moitié du travail et que chaque photographe doit adopter une approche très claire pour exprimer ses idées. Svilen Nachev, Interiors from bandoned places, 2021 Dans la série Interiors from abandoned places, les bâtiments sont les protagonistes. Que représentent ces bâtiments pour vous ? Comment choisissez-vous les espaces et selon quels critères ? Recherchez-vous d’abord leur histoire ? Avec ces intérieurs, j’essaie de montrer une sorte de métaphore de ce que nous avons abandonné par le passé : tout doit être entretenu, sinon tout s’écroule. L’histoire des lieux ne m’intéresse pas, car j’essaie de ne pas accabler le spectateur émotionnellement avec elle. Svilen Nachev, Interiors from bandoned places, 2021 Pourquoi certains espaces ont-ils été abandonnés ? En observant attentivement, on constate encore des traces de vie à l’intérieur des bâtiments. Meubles et objets décoratifs rappellent que quelqu’un a vécu dans ce bâtiment ; on y trouve des traces de passages humains. Dans une maison, on trouve même des journaux étalés sur la table, comme si quelqu’un les avait laissés pour les lire. Le temps semble s’être arrêté brusquement. En Bulgarie, suite à l’émigration et au déplacement des populations des villages vers les grandes villes, de nombreux lieux ont été abandonnés : écoles, maisons, chalets, casernes militaires, etc. Nombre d’entre eux ont été ravagés par des intrus, et certains portent encore les traces d’une vie antérieure. J’essaie de relier le temps passé à la vision de l’abandon, au quotidien contemporain, en présentant une photographie qui parle au-delà du visible. Pour avoir plus d’informations : https://svilennachev.com/ Svilen Nachev, In Between, 2020 Svilen Nachev, Animal planet, 2016 Svilen Nachev, In Between, 2020 Svilen Nachev, Animal planet, 2016 Svilen Nachev, Twilight Bulgaria, 2024 ¹ Daniela Koleva, « Belene: remembering the labour camp and the history of memory », dans Social History, 37(1), 2012, pages 1–18. ² Voir Krasimira Butseva, « Vernacular memorial museums: memory, trauma and healing in post-communist Bulgaria », dans Museums & Social Issues 16:1,2022, pages 41-56. Marque-page0
L'Edition Zed Nelson – The Anthropocene Illusion. Récit d’une mort annoncée Avec cette série au long cours, le photographe documentaire et anthropologue britannique Zed Nelson a été consacré Photographe de l’année aux Sony ...
News Ed Alcock est le lauréat de la 70ème édition du Prix Niépce Cette année, l’association des Gens d’Images célèbrent le 70ème anniversaire de deux prix institutionnels de la photographe : le Prix Niépce et ...
Evénements Rencontre Claire Bernardi, directrice musée de l’Orangerie : « Dans le flou, un impensé des Nymphéas de Monet et de l’histoire de la représentation » Si le flou, l’indéterminé, l’indistinct n’a jamais été aussi présent dans nos vies, il n’avait pas encore fait l’objet d’une exposition. C’est ...
L'Interview Le Monde selon l’IA, Jeu de Paume : Interview avec Ada Ackerman, commissaire associée. Ce que l’IA fait à la culture visuelle
L'Interview Photo London 2025, Interview Sophie Parker, directrice : « Une édition emblématique pour célébrer les 10 ans de Photo London ! »
Interview Art Contemporain Rencontre avec Eva Nielsen, La Verrière, Fondation d’entreprise Hermès (Bruxelles)
S’élever au milieu des ruines, danser entre les balles de Maryam Ashrafi par Brigitte Trichet (éditions Hemeria)
Rencontre Claire Bernardi, directrice musée de l’Orangerie : « Dans le flou, un impensé des Nymphéas de Monet et de l’histoire de la représentation » 10 heures ago
Sarah Moon est la lauréate 2025 du Grand Prix de l’Académie des beaux-arts en photographie 1 jour ago
Le Monde selon l’IA, Jeu de Paume : Interview avec Ada Ackerman, commissaire associée. Ce que l’IA fait à la culture visuelle 19 mai 2025
Photo London 2025, Interview Sophie Parker, directrice : « Une édition emblématique pour célébrer les 10 ans de Photo London ! » 16 mai 2025
L’effet boomerang : Contre l’oubli et l’indifférence, le Collectif Argos documente la lutte climatique 13 mai 2025
Letizia Battaglia, Une vie de lutte. “Je m’empare du monde où qu’il soit” aux éditions Actes Sud 30 avril 2025
Dernier chapitre d’une trilogie familiale, le photographe Pierre-Elie de Pibrac en Israël (Episode 7 et fin) 7 mai 2025
Rencontre Claire Bernardi, directrice musée de l’Orangerie : « Dans le flou, un impensé des Nymphéas de Monet et de l’histoire de la représentation » 10 heures ago
POUSH, interview Yvannoé Kruger, directeur : D’un espace refuge à un écosystème devenu prescripteur ! 1 jour ago
WORTH au Petit Palais, interview Marine Kisiel, conservatrice du patrimoine, département mode XIXe siècle au Palais Galliera 4 jours ago
Année Brésil/France 2025 : Interview Barbara Gouget, directrice du musée des Beaux-Arts de Nîmes 5 jours ago