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Portrait d’enfance de Catherine Rebois

Cette semaine, nous accueillons l’artiste photographe, enseignante, chercheuse en esthétique de la photographie et commissaire d’exposition Catherine Rebois, à l’occasion de l’exposition Re-présentation photographique, actuellement visible à Topographie de l’Art (Paris). Depuis plus de dix ans, Catherine Rebois conçoit des expositions expérimentales autour de la photographie contemporaine. Dans cette nouvelle proposition artistique, elle invite des artistes photographes à dialoguer autour du thème de la reprise. Jusqu’à vendredi, elle partagera son univers à travers une carte blanche éditoriale singulière.

Je suis née à Nancy et je vis et travaille à Paris. Je suis artiste photographe et spécialiste de la photographie. J’ai une approche de ce médium avant tout en tant qu’artiste, mais je suis également théoricienne / chercheuse et commissaire d’exposition. J’enseigne à Paris, en France et à l’étranger, comme à Munich, dans une école d’art de la Ville.
Ma première exposition, en tant qu’artiste, a été “Cherchez L’homme“ à la Fondation Pernod Ricard, à Paris, en 2 000 et la dernière, à ce jour, se tient actuellement à Topographie de l’art, à Paris.
Après des études dans la réalisation cinématographique et une longue pratique du documentaire pour la presse avec la photographie, je soutiens un doctorat en Esthétique de l’Art à Paris 8. Aujourd’hui, je suis docteure en Esthétique, Sciences et Technologies des Arts, spécialité Art Plastique et Photographie.
J’ai publié deux volumes théoriques sur la photographie et ses enjeux aux éditions l’Harmattan, avec respectivement des préfaces de Françoise Paviot, et d’Alain Chareyre-Méjan, « De l’expérience à l’identité photographique » et « De l’expérience à la re-connaissance ». Corps Lato Sensu, a été éditée en septembre 2012, aux éditions Trans Photographic Press pour laquelle Dominique Baqué a écrit la préface.
Mon travail a été à deux reprises sélectionné pour concourir comme finalistes pour le prix Niépce en 2001 et 2003.
Les problématiques liées à l’expérimentation, à la déconstruction et au photographique nourrissent mon travail photographique autant que mon travail de recherche.

https://www.catherinerebois.com/

Le portrait chinois de Catherine Rebois

Si j’étais une œuvre d’art : une sculpture d’Alberto Giacometti. Haute comme trois pommes, je me suis trouvée régulièrement enfant à la Fondation Maeght, dans le sud de la France, devant les sculptures de Giacometti qui m’obligeaient déjà de par leurs présences à réfléchir à la perception des formes et des lignes. La sculpture a également un rapport très particulier à la lumière, tout comme la photographie. Bernd & Hilla Becher, en 1990, reçoivent le grand prix de sculpture de la Biennale de Venise avec leur travail photographique sur l’architecture industrielle qu’ils transforment en sculpture anonyme.
Si j’étais un musée ou une galerie : le Centre Pompidou, le Jeu de Paume, le Bal, la MEP ou la galeries Binome, Bigaignon et Gaillard.
Si j’étais un·e (autre) artiste: Bacon pour sa vision, son intensité émotionnelle et poétique, pour l’expression si juste de la vie qui déborde. Francis Bacon a puisé une partie de son inspiration dans la photographie, emprunts à Eadweard Muybridge et Etienne-Jules Marey, par exemple, aussi dans des photogrammes de Serguë Eisenstein ou d’Abel Gance, ce qui a joué un rôle important dans le développement de son travail. Il s’est également peint en train de prendre une photographie, un autoportrait au polaroid, dans un miroir.
Si j’étais un livre : “ Lettres à un jeune poète “ de Rainer Maria Rilke. Rilke y défend l’idée que la solitude est essentielle à la création . Il invite à ne pas chercher à plaire, à mûrir lentement et à ne pas fuir l’incertitude.
Si j’étais un film : “Portrait de la jeune fille en feu“ de Céline Sciamma. Un regard féminin et un film qui interroge sur le comment on regarde, qui regarde, et avec quelle intention.
Si j’étais un morceau de musique : “ The photographer “ de Philip Glass, 1982, qui est une pièce de théâtre musical basée sur la vie et les travaux du photographe Eadweard Muybridge. Il y est question de son procès, il fut acquitté pour l’assassinat de l’amant de sa femme, et aussi de ses travaux et expériences photographiques. Il put, entre autres, démontrer photographiquement en juin 1878 qu’un cheval au galop se retrouve, l’espace d’un instant, les quatre pieds au-dessus du sol. Muybridge’s The Horse in Motion, 1878.

Je ne peux pas ne pas citer : People Have the Power de Patti Smith, 1988, Wolfgang Amadeus Mozart, Requiem en ré mineur, 1791, Massive Attack – Blue Lines, 1991, Avishai Cohen, Aurora, 2009.

A galloping horse and rider, 1887, Eadweard Muybridge

Si j’étais une photo accrochée sur un mur : une photographie trouvée qui surprend, étonne désarçonne …
Si j’étais une citation : « La contemporanéité est donc une singulière relation avec son propre temps, auquel on adhère tout en prenant ses distances; elle est très précisément la relation au temps qui adhère à lui par le déphasage et l’anachronisme. Ceux qui coïncident parfaitement avec elle sur tous les points ne sont pas des contemporains parce que, pour ces raisons mêmes, ils n’arrivent pas à la voir. Ils ne peuvent pas fixer le regard qu’ils portent sur elle. » Giorgio Agamben
Si j’étais un sentiment : la déconstruction comme outil pour une analyse critique. La déconstruction n’est pas une destruction, bien au contraire c’est un mouvement, une forme de vigilance, une manière d’interroger. C’est désobstruer des couches d’interprétations et permettre un « nouveau commencement » et un déplacement du regard.
Si j’étais un objet : Une camera obscura car elle restitue le monde à l’envers.
La lumière provenant d’une scène extérieure traverse un petit trou et frappe la surface intérieure de la boite, où la scène est reproduite, inversée (de haut en bas) et inversée (de gauche à droite), mais avec des couleurs et une perspective préservées.
Si j’étais une expo : “La Boîte de Pandore. Une autre photographie “ par Jan Dibbets, en collaboration avec François Michaud, au Musée d’Art Moderne de Paris en 2016. Une relecture de l’histoire de la photographie, depuis son invention jusqu’à nos jours. « Au cours de la brève histoire de la photographie, nous pouvons voir comment ce médium diabolique et hybride a commencé à revendiquer de plus en plus sa position dans les arts, notamment depuis les années 60 avec l’art conceptuel. » « (…) en fin de compte, la photographie ne m’a jamais intéressé sous cet angle historique ou historiographique. Je m’attache à l’art, à la photographie qui s’inscrit dans un contexte artistique, mais pas à la photographie en tant que telle » Jan Dibbets.
Jan Dibbets, son travail sur les perspectives corrigées et ses anamorphoses, fut le sujet de mon master à Paris 8.
Si j’étais un lieu d’inspiration : un atelier de prise de vue et/ou un grand mur blanc vide.
Si j’étais un breuvage : de l’eau fraiche, car on ne peut pas s’en passer, mais j’aime savourer avec plaisir un verre de très bon vin.
Si j’étais un héroïne : une amazone, car c’est une femme qui illustre une certaine idée de la liberté.
Si j’étais un vêtement : un caban marin en drap de laine ( d’abord utilisé par les pirates ( XV e – XVII e siècles) pour affronter les tempêtes…

CARTES BLANCHES DE NOTRE INVITÉE

Carte blanche à Catherine Rebois : re présentation photographique (mardi 10 juin 2025)
Carte blanche à Catherine Rebois : un travail photographique et une approche singulière (mercredi 11 juin 2025)
Carte blanche à Catherine Rebois : Topographie de l’art, une galerie atypique (jeudi 12 juin 2025)
Carte blanche à Catherine Rebois, chercheuse et théoricienne (vendredi 13 juin 2025)

INFORMATIONS PRATIQUES

jeu17avr(avr 17)14 h 30 minmer18jui(jui 18)18 h 30 minre présention photographiqueExposition collectiveTopographie de l'art, 15 rue de Thorigny 75003 Paris

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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