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Jardins trompeurs, l’homme et l’animal par Tina Merandon

Temps de lecture estimé : 5mins

Cette semaine, nous vous proposons une immersion dans la nature vietnamienne. La photographe française Tina Merandon revient d’une résidence à la Villa Saïgon pour développer sa série photographique « Jardins trompeurs« , dans le prolongement de ses précédentes séries sur le rapport entre l’humain et l’animal. Ce travail est actuellement exposé en Corée, dans le cadre de la 10ᵉ Biennale de photographie de Daegu, qui vient d’ouvrir ses portes et se clôturera le 16 novembre prochain, sous la direction artistique d’Emmanuelle de l’Ecotais.
Cette rubrique vous est consacrée, si vous souhaitez partager vos portfolios, n’hésitez pas à nous soumettre vos travaux !

« La question de ce que signifie être « vivant » a longtemps oscillé entre perspectives biologiques et philosophiques, suscitant l’intérêt à la fois des scientifiques et des philosophes au fil de l’histoire. Aujourd’hui, le concept de Symbiocène nous invite à repenser le sens même de la vie à travers le prisme de l’interdépendance de tous les êtres vivants.
De l’humain au non-humain, du monde visible aux forces surnaturelles, la 10e Biennale de la photographie de Daegu explore la diversité, la fragilité et la résilience du vivant à travers des œuvres qui interrogent notre relation à la nature et la place de l’humanité dans le cosmos. »

Jardins trompeurs – 2025

Villa Saigon – Institut français du Vietnam

Une résidence à la Villa Saïgon, l’Institut français du Vietnam en 2025 me permet de parcourir ce pays et de rentrer en immersion avec la nature. Je rencontre toutes sortes d’êtres, profonds jusqu’à la gravité. Les postures sont silencieuses, simples, personne ne se dévoile tout à fait.

Si cette relation à l’animal est principalement utilitaire dans les campagnes, elle se teinte parfois d’affection et de discrète complicité. Elle est souvent traversée par la philosophie bouddhiste, qui célèbre l’harmonie entre l’homme et la nature, à l’image de ce dicton : « Les humains et les animaux sont des compagnons sur le long chemin de la vie. »

Ce projet m’a ouvert les portes de jardins luxuriants, véritables sanctuaires intimes, où la nature se déploie dans une profusion de verts. Ces verts, comme un camouflage naturel, évoquent à la fois la jungle, la guerre, les ruses de la guérilla, mais aussi les replis secrets de l’âme. Car dans ces feuillages denses, sous chaque feuille et derrière chaque fleur, se tapissent des émotions enfouies, des pensées silencieuses, des attachements invisibles. Parfois, cette intimité devient souterraine, parfois le camouflage végétal sert à préserver — à protéger ce qui est précieux, discret, intime.

Le jardin devient alors un miroir de l’âme : un lieu où l’on dissimule et protège l’essence de ce que l’on est. Un espace à la fois extérieur et intérieur, où se joue une danse silencieuse entre l’homme et l’animal, entre la nature et l’esprit — une chorégraphie de lumières, de gestes, de regards.

– Tina Merandon

Tina Merandon vit à Montreuil et travaille partout. Elle explore la relation à l’autre, les échanges et les confrontations qui sont un thème récurrent prenant la forme d’une chorégraphie improvisée. Tout est lié au corps, à la peau, à la gestuelle qu’elle soit animale ou humaine. La thématique de l’animal devient essentielle, mais toujours en lien avec l’homme, la relation formant le sujet central. Son activité alterne entre résidences, commandes, cartes blanches, ateliers pédagogiques auprès de différents publics. Tina Merandon est professeure, chargée de cours à la Sorbonne Paris1, option photographie.

Nominée pour le Prix Kodak de la critique photographique en 1998, elle est lauréate du Prix Jeune Création 2003, Mention Spéciale Roger Pic en 2012, finaliste prix Nadar 2022. Ses œuvres figurent dans les collections publiques telles que le Fonds National d’Art Contemporain, la Bibliothèque Nationale de France et les collections du Musée Nicéphore Niepce, mais aussi privées. Elle est diffusée par l’Agence VU.


Elle mène des entretiens avec Vincent Lecomte, docteur en esthétique, qui lui consacre un chapitre dans « l’art contemporain à l’épreuve de l’animal » aux éditions de l’Harmattan. Elle collabore avec Anne Simon et Vincent Lecomte au carnet de zoopoétique d’Animots en 2022 dans un entretien de vingt pages. Et correspond avec Jocelyne Porcher, l’autrice de « Vivre avec les animaux, une utopie pour le XXIe siècle » aux éditions La Découverte. Tina Merandon poursuit un travail de terrain avec des éleveurs dans le Lot.

https://tinamerandon.com/

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• Une série composée de 10 à 20 images. Vos fichiers doivent être en 72DPI au format JPG avec une taille de 2000 pixels dans la plus grande partie de l’image ;
• Des légendes (s’il y a) ;
• Un texte de présentation de votre série (pas de format maximum ou minimum) ;
• Une courte biographie avec les coordonnées que vous souhaitez rendre public (site web, email, réseaux sociaux…)

La Rédaction
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