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Pour sa troisième carte blanche, le Directeur artistique du festival « L’Image Satellite », Yowen Albizù-Devier nous présente une artiste de la programmation. Il s’agit de l’artiste Silina Syan, dont le travail sera présenté à partir de demain et jusqu’au 15 octobre au Chantier 109. L’occasion aujourd’hui de découvrir dans un entretien, cette artiste transdisciplinaire qui place la notion d’hybridité culturelle au cœur de ses travaux artistiques. Silina Syan travaille également au sein du média en ligne indépendant Echo Banlieues en tant que co-directrice et photographe.

Bengali Interiors, 2018 © Silina Syan

Bengali Interiors, 2018 © Silina Syan

Hala Gabarina, 2018 © Silina Syan

Comment t’es tu mises à la photo ?

Quand j’étais plus jeune, je faisais déjà de la photographie, parce que ma mère m’a très vite donné des appareils jetables, mais lorsque j’ai intégré la Villa Arson, j’ai pu développer un travail plus global autour de l’image, des formes plastiques liées à l’art contemporain, des installations.
En école de photo, je crois qu’on se concentre beaucoup sur la technique, alors qu’aux Beaux Arts, tous les supports sont légitimes, je pouvais même faire des photos avec mon téléphone.

Avec quoi tu préfères travailler ?

Ça dépend du projet : quand j’avais accès à une bonne caméra, je l’utilisais mais, elle n’est pas forcément pratique, surtout lorsque j’essaie d’être discrète, alors j’utilise un appareil photo compact numérique.
Sinon j’ai toujours un petit compact argentique point and shoot sur moi, et un argentique reflex. Je préfère vraiment travailler à l’argentique, mais j’aime aussi beaucoup mélanger différentes qualités, avec le côté lisse du numérique.

Sans titre, 2019 © Silina Syan

Sans titre, 2019 © Silina Syan

Sans titre, 2019 © Silina Syan

Quels sont les sujets que tu abordes dans ton travail ?

Mon travail en école était porté sur la multiculturalité, les origines de mes parents.
J’y ai vu une sorte de réponse à mes questions, surtout quand j’ai découvert le travail d’autres artistes comme Mohammed Bourouissa ou Bouchra Khalili.
J’ai donc compris qu’il était possible d’en parler dans l’art contemporain.
J’ai grandi dans une partie de la ville (de Clamart) où il y avait peu de population issue de l’immigration, à part une grosse communauté Arménienne, dont ma mère fait partie, mon père étant né au bled ( Bangladesh )
En arrivant dans l’école, j’ai eu l’impression que ces sujets étaient peu traités, et la représentation de mes communautés quasi invisible.
Pour ce qui concerne plutôt le photo journalisme, j’avais besoin de me sentir plus proche de ma réalité « de base » et de sortir de l’école, donc j’ai commencé à travailler avec Echo Banlieues. A ce moment là je me suis tournée vers une photographie plus documentaire, notamment par le biais de portraits des habitant•e•s des quartiers dans lesquels on allait faire des reportages.

Echo Banlieues, Montreuil La Boissière, 2021 © Silina Syan

Echo Banlieues, Montreuil La Boissière, 2021 © Silina Syan

Peux tu me parler de « Echo banlieues » ?

C’est un media Indépendant en ligne créé en 2017 suite à l’affaire Theo à Aulnay-sous-bois, et que j’ai rejoint en tant que photographe.
C’est une équipe de photographes, vidéastes, qui a pour objectif de représenter la vie et les visages des habitants des quartiers populaires avec un regard situé, pour contrebalancer les images traditionnelles qu’on trouve dans les médias en général.

Rue du Faubourg Saint-Denis, 2018 © Silina Syan

Rue du Faubourg Saint-Denis, 2018 © Silina Syan

Peux tu me parler de ton travail video?

Dans mon travail autour de la diaspora Bengalie, j’ai accompagné mon père, dans ses sorties avec ses cousins, ses amis, comme un témoignage. C’est comme si je voulais rajouter du son et de la texture à ma photo.
Je suis aussi allée sur la rue du Faubourg st Denis, endroit à Paris où la communauté Indienne (au sens large du terme) est présente, mais qui est aussi près de la Gare du Nord, lieu de transit de beaucoup de personnes qui habitent en banlieue nord de Paris. C’est un endroit important pour la communauté, on y trouve tout, de quoi cuisiner nos plats traditionnels, des tenues, des salons de beauté avec épilation au fil…

Est ce que c’est difficile de porter un regard juste lorsqu’on travaille sur des communautés ou en cité ?

Je pense que le plus important c’est de rester transparent·e quant à l’endroit d’où on parle, il faut savoir se situer.
Et surtout communiquer avec les personnes qu’on prend en photo !

100% L’Expo, La Villette, Syan Silina, 2022 © Quentin Chevrier

La suite ?

J’ai commencé un travail sur les archives de la communauté Arménienne, pendant une résidence à Marseille à Triangle-Asterides, je travaille aussi sur un projet de boîte de nuit des années 80… Je viens tout juste d’emménager dans mon atelier à Artagon Pantin où je vais développer tout ça !

Merci !

Silina Syan sera exposée lors du Festival L’Image Satellite au Chantier 109 du 23/09 au 15/10 2022

https://www.instagram.com/silinasyan
https://www.bruisemagazine.com/article/conversation-avec-silina-syan

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