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Les ouvrages de Christine Lefebvre sont des voyages que l’on attend. Fortement marqué par ses inspirations littéraires, le nouveau livre de la photographe belge « Chroniques de l’oiseau perdu » est à la fois une odyssée enchanteresse où les paysages immémoriaux sépia, les forêts mythiques côtoient les récits merveilleux. La nature nous offre ce qu’elle a de plus sensible et ses éléments jouent avec nos sens. Les créatures féminines et héroïnes légendaires ne sont jamais bien loin. La magie opère…

© Christine Lefebvre

Six ans après votre dernier ouvrage, quelle a été la genèse de ce nouveau livre ?

Le point de départ, c’est le projet d’exposition au Centre pour la photographie contemporaine « Contretype » qui a eu lieu en 2021.
J’ai à préparer cette exposition, et nous sommes confinés, sans aucune possibilité de se procurer du papier photo. Des boites périmées très anciennes, trainant au fond de mon labo, vont alors constituer un champ expérimental intéressant. Cette découverte hasardeuse devient un excellent prétexte de réflexion sur le vivant : la liberté laissée à la matière acquiert une temporalité, l’imperfection des tirages désamorce le réel, l’oiseau, l’arbre, le dos deviennent des signes, une écriture, une nouvelle lecture de ma partition.
« Le petit oiseau perdu » prend vie doucement…

© Christine Lefebvre

© Christine Lefebvre

© Christine Lefebvre

Quelles techniques avez-vous utilisées pour cette série ?

De bout en bout à la chambre argentique, et depuis toujours. La seule particularité étant l’utilisation de papiers anciens. Dans la chambre noire, je m’abandonne, chaque tirage est le lieu d’une exploration. Beaucoup de tirages iront à la poubelle ! Viendront enrichir ma série : ceux qui rejoignent l’originel, qui accentuent la force des éléments, les images fragiles qui basculent ou vont basculer. Les taches, déchirures libèrent l’image : la photo m’est donnée, c’est un trésor que je reçois, émue !

© Christine Lefebvre

© Christine Lefebvre

© Christine Lefebvre

© Christine Lefebvre

Dans vos ouvrages, l’écriture a une part importante. Pour « Chroniques de l’oiseau perdu », vous avez fait appel à la philosophe et critique d’art Marguerite Pilven. Pouvez-vous nous en dire plus ?

D’une manière générale, je suis très sensible au pouvoir des mots. D’autre part, j’aime être accompagnée : la (le) philosophe ne touche pas à ce qui est accessible au regard, mais va creuser, scruter ce qui résiste à la vue, au-dessous de l’œuvre. C’est aussi une très belle rencontre avec Marguerite Pilven. De la même façon que ce le fut avec Corinne Mercadier pour le livre précédent (L’Entre temps, publié en 2017 aux éditions Filigranes, NDLR). D’emblée, nous nous sommes comprises, leur approche du livre se faisant par un angle décalé. Marguerite Pilven prend de la distance avec les propos du livre, en donne un autre point de vue.

© Christine Lefebvre

© Christine Lefebvre

© Christine Lefebvre

« Chroniques de l’oiseau perdu » est un poème visuel, une ode à la nature, aux éléments, à la sensibilité. A quoi rêviez-vous pendant vos déambulations et prises de vue ?

Mes prises de vue, je les aborde plutôt comme une méditation plutôt qu’un rêve.
Cette attitude atteste d’un besoin profond d’être en harmonie avec les éléments naturels :
les paysages millénaires me fascinent, ceux qui sont les témoins d’une nature qui s’ancre, se transforme (déserts, glaciers, roches), ceux qui évoquent le sacré de la Terre.

Vous avez présenté en avant-première votre ouvrage à Arles, pendant Les Rencontres. Quels ont été les retours des lecteurs ?

C’est une grande joie de rencontrer les personnes qui viennent d’acquérir votre livre !
« L’instantané » d’échange et de connivence est souvent plus précieux, plus intense, que des heures de blabla. Il est très intéressant aussi de découvrir la multiplicité des regards.
Certains le recevant comme « dantesque » par un côté sombre, inquiétant. D’autres disent être transportés dans un autre monde qui leur était familier sans qu’ils le connaissent.
D’autres encore, y retrouvent espoir et joie un peu oubliés dans ces temps où l’absurde, plus que jamais, se fait loi…

ACTUALITÉ – EXPOSITION CHRISTINE LEFEBVRE

sam23sep(sep 23)12 h 00 minven03nov(nov 3)19 h 00 minChristine LefebvreChroniques de l’oiseau perduAtelier l’Oeil Vert, 12 rue Léopold Bellan 75002 Paris

ACTUALITÉ – LIVRE CHRISTINE LEFEBVRE

Chroniques de l’oiseau perdu, texte de Marguerite Pilven, paru aux Éditions Filigranes
Présentation et signature le mercredi 20 septembre à partir de 19h
La Comète – Quai de la Photo – 9 port de la Gare, 75013 Paris (Ouvert tous les jours de 12h à 20h)
Vous pouvez commander votre exemplaire ou votre éditions spéciale signés et dédicacés :
https://lacomete.picto.fr/product/christine-lefebvre-chroniques-de-loiseau-perdu/
https://lacomete.picto.fr/product/edition-speciale-christine-lefebvre-chroniques-de-loiseau-perdu/
Pour en savoir plus : https://www.filigranes.com/livre/chroniques-de-loiseau-perdu/

Info : Christine Lefebvre présentera et signera également son ouvrage pendant Paris-Photo en novembre prochain sur le stand des Editions Filigranes (informations à venir sur www.filigranes.com).

Christine Bréchemier
Après avoir débuté sa carrière professionnelle au service commercial et communication de l’Agence France-Presse (AFP), Christine Bréchemier intègre en 1998, l’école photo expérimentale et le collectif de l’Atelier Réflexe à Montreuil. Photographe pendant plus de 10 ans, elle rejoint en 2012 le comité artistique du festival Circulation(s) dédié à la photographie émergente en Europe. Elle devient attachée de presse indépendante et cofonde IZO Photographie. Responsable de communication, elle collabore depuis avec différents acteurs du monde de la photographie.

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