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Polis, première exposition du collectif d’artistes Rose Selavy Cøllective

Temps de lecture estimé : 5mins

Rose Selavy Cøllective réunit des artistes qui ont fait le choix de rester anonymes, afin de réaliser des œuvres à contre-courant des attendus de leurs productions. Le nom du collectif est un hommage au personnage fictif créé par Marcel Duchamp en 1920. Certains plasticiens sont représentés par des galeries et exposent dans de hauts lieux culturels, d’autres artistes pratiquent l’urbex et le street art. Les artistes vivent dans différentes villes de France et à l’étranger. Polis est leur première exposition. Différents médiums explorent la notion de frontière à la Chapelle de l’Observance, une église désacralisée dans le cœur de ville de Draguignan, dans le Var.

Environnement urbain porteur de questions sociétales

© Rose Selavy Cøllective

© Rose Selavy Cøllective

L’exposition permet de rapprocher deux univers qui ne se côtoient pas forcément et ne bénéficient pas de la même reconnaissance institutionnelle. Les artistes confirmés apportent leurs expériences mais il a fallu échanger et s’entendre. C’est dans le cadre d’un accord collectif que la scénographie a pu s’organiser à partir de plans et de maquettes. Afin de respecter l’anonymat des membres, le montage s’est fait sans eux. Les œuvres ont été conçues spécifiquement pour l’exposition de la Chapelle de l’Observance.
Le titre de l’exposition « Polis » fait référence à la Cité-Etat de la Grèce antique comme structure humaine et sociale.
Le visiteur est invité à interroger son rapport à l’environnement urbain porteur de questions sociétales.

© Rose Selavy Cøllective

Les artistes occupent ce vaste édifice de style gothique pétri d’histoire. Il s’agit d’une église préservée d’un des cinq couvents de Draguignan, bâtie au XVIe siècle. Les œuvres sont exposées dans les galeries du cloître et dans la Nef dans laquelle Le Radeau de Lampedusa – un bateau de sept mètres est échoué – en résonance au célèbre tableau de Théodore Géricault et du drame de Lampedusa en 2013. L’installation est une épave dont la coque est délabrée, la voile déchirée. C’est une évocation de l’exil et de l’espace à partager. En s’approchant, on découvre un mannequin-enfant recroquevillé, entouré d’un amas de sacs, de vêtements, d’une valise. Le bateau est une réplique d’une embarcation de Bateaux de pêche sur la plage (1888) de Vincent Van Gogh.

Rose Selavy Cøllective a souhaité « un dialogue anachronique entre passé et présent, art et réel ». Le sujet du parcours renvoie aux difficultés de la société traversée par des crises, des problématiques de territoires. L’on perçoit une certaine incandescence, une forme d’urgence sociale, un besoin d’expression.

Jeu de figuration et d’abstraction

Insurrection de salon © Rose Selavy Cøllective

La série Insurrection de salon reprend des photos de presse sur les scènes d’émeutes des Gilets Jaunes. Les supports sont inattendus car les images sont traitées par le canevas. La délicatesse du point de croix traduit une certaine douceur en opposition à la violence des images. Les membres du Rose Selavy Cøllective ont sollicité leurs grands-mères qui ont accepté de réaliser ce sujet très éloigné de leurs modèles habituels.

The Fake Life : les Supers-Zéros, Massacre en cours

The Fake Life : les Supers-Zéros, Massacre en cours © Rose Selavy Cøllective

Tout à côté, des affiches à l’humour trash revisitent les codes des comics américains et montrent des dictateurs ressuscités en zombies. Par analogie, c’est une peur que certaines idées dominent le pays. Les imprimés sont retravaillés au stylo et par des pastels. D’autres affiches représentent des criminels tristement célèbres et des dirigeants controversés. Une affiche peut se découper pour devenir un masque !

Série Landscape © Rose Selavy Cøllective

Série Landscape © Rose Selavy Cøllective

Dans la Nef, chaque toile de Landscape est basée sur la photographie d’une ville : Paris, Berlin… L’architecture citadine apparaît de façon minimaliste sous des formes géométriques colorées qui simplifient perspectives et points de fuite.

A côté de bombes de peintures, Etat de Composition rassemble des sculptures constituées de déchets plastiques. La matière recyclée est d’apparence nacrée.
Le panneau Shoefitti propose des schémas codés sur le lancer de paires de chaussures – suspendues au sein même de la chapelle – pour le marquage de territoires. C’est aussi un hommage à 10 Lignes au Hasard (1975) de François Morellet par un jeu de figuration et d’abstraction.

Shoefitti © Rose Selavy Cøllective

série Vestiges © Rose Selavy Cøllective

Autour du chœur, vingt-quatre toiles comme des diapositives en mouvement offrent un effet de narration. La série Vestiges a été réalisée avec des extincteurs remplis de peinture dans les anciennes Caves coopératives de Draguignan, les artistes y ont laissé des traces peintes. Le processus de création en plusieurs temps est présenté en photos dans des vitrines. Le parcours au ton très libre semble ne pas se terminer, peut-être parce qu’il est une invitation à une réflexion sur le geste artistique, les notions de partage et de limite.

– Fatma Alilate

INFOS PRATIQUES
Polis 
Rose Selavy Cøllective
Du 11 octobre au 25 janvier 2025
Chapelle de l’Observance Draguignan
Place de l’Observance
83300 Draguignan
https://www.ville-draguignan.fr
Du mardi au samedi 10:00-17:00 Fermée les lundis, dimanches et jours férié Entrée libre

Fatma Alilate
Fatma Alilate est chroniqueuse de 9 Lives magazine.

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