Carte blanche à Alexandre Arminjon : Programmation et expositions

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Pour sa troisième carte blanche, notre invité de la semaine, le photographe et fondateur d’Ithaque, Alexandre Arminjon revient sur le rôle de l’espace galerie de ce lieu hybride. Si au départ, Alexandre a exposé ses propres photographies, faute de visibilité dans les autres galeries, et malgré les critiques, Ithaque ouvre depuis peu son espace à d’autres photographes internationaux. Le cinéaste et photographe palestinien Amer Nasser vient d’y exposer sa série « Gaza: Signal of Life » (visible jusqu’au 18 janvier dernier), quelques temps après l’exposition éphémère de Raphael Gotheil intitulée « Rocket shelters at Gaza Border« .

Quand j’ai lancé mes premières expositions, je ne savais rien de ce que signifiait réellement l’organisation de tels événements. C’est venu petit à petit, notamment grâce à Sébastien Cherruet mon ami d’enfance et parrain d’Ithaque, qui m’a beaucoup soutenu et encouragé, en particulier à commencer par exposer mon propre travail.

Au début, j’ai été critiqué pour avoir exposé mes propres photos. Plusieurs connaissances qui travaillaient pour des galeries ou en géraient, et ne me proposaient pas d’expositions, me disaient “mais enfin tu ne peux pas t’auto-exposer”. Plutôt qu’attendre en vain une exposition, j’ai décidé de prendre en main moi-même ma carrière. Je n’ai jamais eu aucun galeriste qui m’a véritablement représenté, hormis Agathe Gaillard qui m’a exposé en 2016 avant de prendre sa retraite, et qui a exposé mes premières photos et qui m’a donné beaucoup de judicieux conseils pour l’ouverture d’Ithaque.

Photographie par Selma, 11 ans. BLACKBIRD Par les enfants de Sirkhane Darkroom

Après avoir exposé beaucoup mon propre travail en 2021 et 2022, en 2023 j’ai commencé à m’ouvrir à d’autres horizons, à commencer par Sirkhane Darkroom (aujourd’hui devenu Fotohane Darkroom) que j’ai découvert grâce à ma collaboratrice Esin Ayber qui m’accompagne avec une grande efficacité et bonne humeur depuis “on and off” depuis 2023 et que je tiens à remercier. Esin a consacré un chapitre de son mémoire à Sirkhane Darkroom, un projet qui organise des ateliers photos pour les enfants en grande partie réfugiés à Mardin, une ville au Sud-Est de la Turquie, à la frontière syrienne. En automne 2023, Ithaque a donc exposé pour la première fois en France les photographies prises par les enfants en Turquie. Par la même occasion, un “crowdfunding” pour Sirkhane Darkroom a été mis en place et nous avons pu collecter 24.000 € pour ce projet. Le fondateur de ce qui est aujourd’hui Fotohane Darkroom est Serbest Salih, un réfugié syrien qui a une grande expérience en matière d’ateliers qui est très précieuse pour ceux d’Ithaque. Mon rêve est d’organiser bientôt une exposition qui croisera les regards des enfants de Mardin avec celui des enfants d’Ile-de-France, idéalement avec un système de correspondance écrite entre la France et la Turquie.

Un abri pour protéger les civils contre les roquettes a Eshkol Regional Council, Israel, le 20 Aout 2024. © Raphael Gotheil

Début 2024, Ithaque a accueilli sa première exposition en couleur avec les fenêtres de Téhéran de la jeune photographe iranienne Golara Jahanian, et s’est ensuite ouvert au photojournalisme en exposant Raphael Gotheil et sa série “Israel post 7 octobre”, mais aussi à la photographie hors-les-murs avec Shinji Nagabe et ses séries de Dioramas. Dernièrement, le photographe palestinien Amer Nasser était exposé à Ithaque. En tant qu’étranger au conflit israélo-palestinien, j’ai cherché en 2024 dans la programmation d’Ithaque à montrer les deux côtés de la frontière, à montrer à la fois Israël et la Palestine, car je crois que c’est seulement en reconnaissant simultanément les deux parties et la validité de leurs souffrances respectives qu’on peut espérer avancer.

Entre-temps, à la suite d’un concours destiné aux photographes résidant en Iran, pour lequel plus de 200 photographes ont proposé leurs travaux, en septembre 2024 Ithaque a organisé l’exposition collective “L’Eau en Iran”. Cette exposition, organisée en partenariat avec le Centre Franco-Iranien et l’association nationale des photographes iraniens, réunissait aussi bien des œuvres expérimentales que documentaires.

https://www.ithaque-paris.fr/