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Partager Partager Temps de lecture estimé : 8minsPour sa quatrième et dernière carte blanche, notre invitée de la semaine Lise Bruyneel – Fondatrice du laboratoire créatif La fabrique des regards, nous parle de son métier. Quel mot traduirait le mieux son savoir-faire ? Chasseuse d’images, directrice artistique, dramaturge de l’image, iconographe, « détourneuse » d’images ? Elle se qualifie être « un œil à l’écoute », et je trouve que cette définition lui sied parfaitement. Dans ce dernier article, elle nous décrypte son processus de création qu’elle met au service des autres. Merci Lise, pour cette magnifique et inspirante semaine ! La salle est plongée dans les noir, des sons s’élèvent (Un chant ? Un récit ? Des bruits de voyage, sont-ils vrais ?). Dimanche, ce sera la création de Nenia. Des balançoires oscillent sur une grande surface de calque — vides, on va parler de la mort. Aujourd’hui, on a presque fini, j’ai le temps de sortir un livre à citer et troquer mon controller video pour un software de texte. Iconographie ONP © Aela Labble Iconographie ONP © Marc Wendelski Iconographie OBV © Aela Filip Van Voe Iconographie CNSMDP © CS Kim Chasseuse d’images, directrice artistique, dramaturge de l’image, iconographe voire parfois « détourneuse » d’images, la dénomination de mon métier laisse souvent perplexe. Ni graphiste ni stratège de communication, ni chercheuse ni photographe, ni petite main ni créatrice, je suis un œil à l’écoute, à la recherche d’images qui viennent accompagner un spectacle ou une saison, qui vont inviter le spectateur par la métaphore (dans le cas d’une affiche) ou le mener sur d’autres chemins émotionnels que celui du spectacle (dans le cas d’une publication). Le mot iconographe est souvent décrié en France (« mais non, Lise, tu n’es pas iconographe, tu es directrice artistique ! »), mais quelle plus belle activité que d’écrire en images, avec les images des autres ? Personne ne comprend ce que je fais en une phrase (mon envie, légèrement jalouse, face à l’évidence du « je suis photographe »), mais personne ne se pose la question de toutes ces images qui nous entourent ? Il y a bien des gens qui les cherchent ? Ma description préférée est celle de Nicolas Bouvier en 1975, qui n’a pas pris beaucoup de rides : « J’ai exercé pendant vingt ans le métier d’iconographe. – Vous voulez dire peintre d’icônes ? » Vous n’y êtes pas du tout ! Ne demandez pas au voisin qui n’en saura pas plus long que vous et ne cachez pas votre ignorance qui est déjà pardonnée, puisque la profession dont je vous parle est aussi répandue que celle de charmeur de rats ou de chien truffier. (…) L’iconographe est un homme qui recherche les images qu’une clientèle variée — érudits, éditeurs, rédacteurs de magazines, graphistes, farceurs — lui demande et qui, ce faisant, en trouve d’autres, plus belles et plus drôles, qu’on ne lui demandait pas. Cette activité (…) s’exerce dans les grands et petits musées (petits de préférence), les bibliothèques, librairies anciennes, manuscrits et grimoires, devant les murs de ferme, de métro, de pissoirs où nos voeux les plus chers s’expriment en graphismes naïfs, devant des petits objets « peints à motifs » tels que tabatières, éventails, boîtes à cachous, fourneaux de pipes, dans les églises à ex-voto et les archives des magazines à scandales, dans l’atelier des photographes, des peintres d’enseignes, des tatoueurs de Copenhague, bref, partout où l’image, partout où l’imagination vous porte. (…) Iconographie CNSMDP © Bas Jan Ader Opéra national de Paris. Photos Geert Goiris et Parke Harrison Iconographie Silbersee. Photo Ilkka Haslo Iconographie ONP. Photo Anthony Gerace Iconographie CBG. Photo Rune Guneriussen Iconographie ONR. Photo Smith En rêve, il souhaiterait procéder par voies d’affiches ou couvrir les murs de nos villes de grandes images, belles, incongrues, inutiles, sans rapport aucun avec ce qui s’achète ou se vend. » Chez moi, tout est parti de la musique, et d’une intuition assez vague mais tenace. Entre les arts du temps et les arts de l’espace, il devait bien y avoir des ponts à construire encore ? Une photo de spectacle fige une production, elle donne quelques indications sur un décor ou un costume, mais elle ne dit rien sur la musique et peu sur l’histoire. Dans le cas des créations, on n’a même pas ces photos au moment où l’on communique. D’où la question de mon directeur d’opéra de l’époque, Gerard Mortier, celui qui m’a donné ma chance : ne serait-on pas plus proche du ressenti émotionnel que l’on peut avoir le soir d’un spectacle si on invite la métaphore ? Si on utilise une oeuvre existante qui nous semble proche de l’intention du metteur en scène ou d’une écriture musicale, et qu’on la détourne pour la transformer en affiche ? On réalise le rêve cité plus haut, on abandonne l’idée de publicité, on convoque les arts plastiques, on invite le spectateur en couvrant les murs de nos villes d’images belles, incongrues, voire inutiles. Iconographie ONP. Photo Lukasz Wierzbowski Iconographie ONP. Photo Laura El Tantawi Iconographie CGB. Photo Stephen Gill Je passe donc mes journées à écouter de la musique qui a déjà souvent des siècles, et à imaginer un univers visuel qui pourrait lui répondre. Voilà la chasse ouverte. Qui s’exerce de la même manière que du temps de Nicolas Bouvier, à peine actualisée : on a plus d’outils, plus de collections digitalisées, on a des tonnes de comptes insta, blogs ou tableaux Pinterest à disposition, mais la base de l’inspiration se situe encore et toujours dans les musées, les librairies, les bibliothèques, les galeries, les ateliers d’artistes. Le droit d’auteur s’est développé, mais la cadre de négociations reste le même : trouver un juste milieu entre le budget coincé des lieux subventionnés et les artistes qui essayent de survivre. La monnaie. Photo Michel François Iconographie ONP. Photo Bill Henson Iconographie ONP. Photo Bill Viola Ces collaborations peuvent prendre mille formes. Moi qui venais d’art ancien, je me suis de plus en plus rapprochée de la photographie, pour que le public ne doive pas traverser un autre medium que celui qu’il utilise lui-même avant de commencer à lire une image. Au début, j’étais allergique à la commande, car son résultat me semblait toujours plus faible que quand un artiste suivait sa propre inspiration. Et puis, surtout grâce à l’impulsion de Jeroen Vanacker au Concertgebouw de Bruges, j’ai vu qu’on pouvait être comblé.e par la commande quand on arrive à créer un cadre de création qui invite l’artiste dans une zone de confiance. Parfois, il faut une ligne iconographique extrêmement resserrée tout en étant variée (pour refléter une saison d’opéra par exemple), parfois c’est mieux de passer du coq à l’âne, tant en disciplines qu’en époques, dans un esprit dynamique (c’est le cas des brochures de saison du Conservatoire de Paris, sous l’impulsion de sa directrice Emilie Delorme). Dans tous les cas, il s’agit de faire vivre des images, de leur donner un autre public, une autre histoire. On me demande parfois si je n’ai pas fait le tour. Mais les artistes me surprennent toujours, répondent au monde qui bouge tellement vite, forcent d’autres regards ou d’autres questions, et on repart pour un tour, les yeux écarquillés, en se demandant : mais comment font-ils ? Entre une publication dont l’iconographie est soignée et une exposition, il n’y a pas beaucoup de différences. C’est comme si je mettais les pages d’un chemin de fer au mur. A part la 3e dimension qui s’invite, et la disponibilité des oeuvres, tout le reste est le même : trouver des lignes de forces, des travaux qui dialoguent sans se répéter, créer un espace de liberté pour le lecteur ou le visiteur en laissant des portes ouvertes… https://www.lafabriquedesregards.eu/ Marque-page0
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