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Partager Partager Temps de lecture estimé : 12minsDepuis janvier 2025, Sophie Lévy a pris les rênes du Voyage à Nantes, succédant à Jean Blaise, figure emblématique de l’événement. En préparant cette édition, Jean Blaise avait choisi pour thématique « l’étrangeté ». Elle estime que ce choix est particulièrement judicieux car forme une sorte de synthèse de l’approche qu’il avait jusqu’alors adoptée : faire de la ville de Nantes, berceau du surréalisme, le lieu du surgissement inopiné, surprenant de l’art au sein du chaos urbain, conçu comme déplacement. Les artistes invités par Jean Blaise ont été libres de s’emparer de ce fil rouge, et ils l’ont souvent fait selon l’axe d’une hybridation de l’être humain avec le monde du vivant (par exemple dans l’exposition de Gloria Friedmann, l’installation d’Eléonore Saintagnan Ver-Vert ou encore pour le jeu d’échecs imaginé par Aurélie Ferruel et Florentine Guédon) ou de la réactivation du passé par une relecture contemporaine. Ainsi, Iván Argote revisite la statue de Louis XVI, Prune Nourry interroge l’héritage portuaire de la ville, Jenna Kaës convoque la mémoire médicale du musée Dobrée, tandis que Willem de Haan propose une relecture contemporaine de la fontaine de 1865 de la place Royale. Autant d’installations qui soulignent la capacité de Nantes à faire dialoguer le passé et le présent, à superposer les strates de son histoire, la ville devenant surface de projection, palimpseste d’un futur à inventer. Sophie Lévy, qui a dirigé auparavant le LaM à Villeneuve d’Ascq puis le Musée d’arts de Nantes depuis 2016, entend faire évoluer la manifestation vers de nouvelles perspectives. Après cette année de transition, elle ambitionne de retisser le lien entre la ville et la nature, en explorant les éléments naturels fondamentaux tels que la terre, le fleuve, l’air ou la lumière, des forces vives qui donnent à Nantes sa fluidité si singulière et une certaine douceur de vie. Malgré un contexte budgétaire tendu dans le milieu culturel en Pays de la Loire, lié au gel de très nombreuses subventions par la Région des Pays de la Loire et le Département de Loire-Atlantique, le Voyage à Nantes reste pour le moment relativement préservé, assure-t-elle. Un atout non négligeable alors qu’elle amorce un nouveau cycle, porté par une volonté de tenter de réconcilier grâce à l’art les différentes échelles de sociabilité d’une métropole en pleine expansion. Sophie Lévy a répondu à mes questions. Le Voyage à Nantes 2025Willem de Haan, Latest Version, place Royale, Le Voyage à Nantes 2025 © Martin Argyroglo-LVAN Marie de la Fresnaye. Qu’est-ce-qui vous a motivé dans cette nouvelle aventure ? Sophie Lévy. Alors que j’avais pour habitude de changer de ville lorsque je changeais de poste, à l’image de l’expression de l’artiste Gloria Friedmann « ne jamais se retourner en arrière », je fais une exception, ce nouveau départ s’inscrivant à la fois en rupture et en continuité de mon parcours. J’ai fait le choix, après des années à défendre la musée comme une sorte de maison, de sortir de son enceinte. L’idée de ma candidature, toutefois, n’a pas été accueillie au début sans un certain scepticisme. Jean Blaise qui avait cheminé depuis une carrière de metteur en scène, était une figure tellement centrale qu’il paraissait difficile d’imaginer qu’une conservatrice de musée puisse lui succéder. J’ai vu dans cette réaction une forme de défi à relever. Le Voyage à Nantes, ce n’est pas vraiment une institution : c’est plutôt une atmosphère, un souffle qui se glisse entre les structures existantes, du Château des ducs de Bretagne dirigé par Bertrand Guillet, aux Machines de l’île, en passant par l’Office de Tourisme ou le parcours artistique. C’est cette fluidité, cette idée d’un projet vivant au service de la culture et d’une certaine vision de la ville, qui m’a séduite. Ivàn Argote, Antipodos, place Maréchal-Foch, Le Voyage à Nantes 2025 © Philippe Piron-LVAN MdF. Quelle proposition imaginez-vous pour la prochaine édition ? SL. Avant même de postuler, j’avais une image en tête concernant Nantes : celle d’un être qui, alors qu’il grossit, se perçoit toujours dans une apparence physique antérieure. Une métaphore pour parler de Nantes, qui connaît une croissance démographique importante, d’environ 1 % par an. Une dynamique qui pourrait faire doubler sa population en un siècle, soulevant la question de la cohabitation de différentes échelles urbaines, réelle et vécue. Le village nantais, encore vivant dans le cœur des habitants, se trouve en quelque sorte débordé par les visages de la métropole. Je crois que l’art peut aider à se réconcilier avec ce nouveau corps, en s’appuyant sur les éléments naturels, très présents ici : l’eau, le fleuve, l’air, la lumière. Ces éléments, porteurs de douceur et de fluidité, seront au cœur des prochaines éditions. Non seulement comme symboles d’une capacité différente à vivre l’espace urbain, mais aussi comme leviers pour repenser la ville et les liens sociaux. Nantes n’a pas la beauté classique qu’ont certaines villes comme Bordeaux, mais elle possède un charme plus diffus, plus contemporain, plus riche de possibles. Dans cette nouvelle configuration l’espace d’exposition sur l’île de Nantes, la HAB Galerie, permettra une mise en espace du thème dans ses déclinaisons, tandis qu’il sera proposé aux artistes de se saisir, comme auparavant, de différents sites dans la ville, certains emblématiques, certains plus secrets ou méconnus. C’est grâce au Voyage à Nantes que j’ai pu découvrir de nouveaux quartiers comme le parc des Oblates, ou la rue de l’Héronnière, malgré déjà neuf années passées dans la ville. Le parcours permet aux visiteurs et aux habitants de voir la ville autrement. Et dans ces prochaines éditions, l’idée est à nouveau d’inviter chacun à sortir de ses parcours automatiques, souvent liés à des déplacements fonctionnels, pour pouvoir découvrir ou se perdre dans la ville tel un flâneur. Cette nouvelle inflexion donnée au parcours du Voyage à Nantes est une manière d’offrir, du moins pour quelques années, une autre lecture de la ville. Eléonore Saintagnan, Vies de bêtes, Vue de l’exposition Passage Saint-Croix, Le Voyage à Nantes 2025 © Martin Argyroglo-LVAN MdF. Le titre « L’Étrange été » et ses résonances SL. Le surréalisme fait partie de l’ADN nantais. Il est né de frictions, de mélanges improbables entre le monde interlope du port et une tradition terrienne plus conservatrice, un contraste que l’on retrouve dans les films de Jacques Demy. Une ville bigarrée qui a visiblement inspiré Jean Blaise. L’étrangeté, à la fois conceptuelle et sensible, a été interprétée librement par les artistes, chacun la tirant vers ses propres obsessions. Ivan Argote, à qui l’on doit l’affiche du Voyage à Nantes 2025, livre une lecture singulière autour de la figure de l’étranger. Son œuvre évoque un homme venu des antipodes – antipodos en grec, « le lieu opposé » – représenté de façon inhabituelle : non plus à la verticale, mais perpendiculaire à une façade et à la colonne Louis XVI, comme un être fragile, aux pieds tournés vers l’arrière. Dans sa création monumentale, il fait « escalader » à ce personnage l’un des monuments emblématiques de Nantes, où trône une statue longtemps absente pour cause d’instabilité politique postrévolutionnaire. En y ajoutant une figure à la fois légère et humoristique, Argote évoque la capacité de la ville à accueillir de nouvelles strates historiques et par extension, à accueillir l’étranger et l’étrangeté. Prune Nourry, Mothersiph, place Graslin, Le Voyage à Nantes 2025 © Martin Argyroglo-LVAN MdF. Autre œuvre emblématique avec Prune Nourry et la mémoire enfouie de Nantes SL. Parmi les œuvres marquantes de cette édition 2025, celle de Prune Nourry occupe une place singulière. Déjà connue pour Mater Earth, une sculpture monumentale représentant une femme enceinte surgissant de la terre, installée de façon pérenne à Château La Coste, l’artiste revisite ici ce motif en hommage à Nantes. Intitulée Mothership, cette nouvelle version joue sur une double symbolique : celle de la maternité et celle du navire, ship, en anglais, dans un clin d’œil à la fois poétique et conceptuel à l’histoire portuaire de la ville. Je l’interprète comme une scène primitive, une métaphore de Nantes elle-même. L’œuvre suggère qu’au-delà des strates visibles de la ville, de ses couches historiques et de son urbanisme en perpétuelle mutation, existe peut-être une origine plus ancienne, plus souterraine, que le temps aurait recouverte. Un passé immergé, figuré ici par cette embarcation renversée, presque enfouie, qui rappelle aux Nantais qu’une autre mémoire sommeille sous leurs pieds. Mothership évoque une Nantes matricielle, originelle, à laquelle nous n’avons plus vraiment accès. Gloria Friedmann vue de l’exposition « Combien de terres faut-il à l’homme ? « HAB Galerie © Martin Argyroglo-LVAN MdF. Étrangeté/ anthropocène / histoire : une trilogie agissante SL. Avec Mothership, Prune Nourry ne se contente pas de réinterpréter un motif sculptural puissant ; elle s’inscrit aussi dans une réflexion plus large sur le temps, qui traverse en filigrane plusieurs propositions de cette édition du Voyage à Nantes. Mais une autre thématique m’a frappée dès ma découverte des propositions de Jean Blaise et de ses équipes : une lecture de l’étrangeté à l’ère de l’anthropocène, où se joue une hybridation croissante entre l’humain et le vivant. On en trouve une déclinaison joyeusement absurde chez Éléonore Saintagnan, qui met en scène, en lien avec un conte-poème du XVIIIe siècle, un perroquet aux comportements étonnamment humains dans un film burlesque. Gloria Friedmann, quant à elle, dans l’exposition « Combien de terres faut-il à l’homme ? », aborde les ravages de l’être humain sur son environnement, tandis qu’Aurélie Ferruel et Florentine Guédon transforment un jeu d’échecs en une cartographie vivante et mouvante. Même Iván Argote, avec son personnage aux pieds retournés, évoque une créature mi-homme mi-animal, une sorte de chimère contemporaine. Au-delà de cette étrangeté biologique ou symbolique, une autre idée affleure : celle d’un dialogue permanent entre passé et présent. Chaque œuvre installée en ville, parce qu’elle s’inscrit in situ, finit par convoquer l’histoire. Une tension particulièrement perceptible cette année à l’image de Willem de Haan, qui propose sur la place Royale une relecture de la fontaine emblématique. En utilisant les codes de l’hyperréalisme, il en livre une version presque littérale, transposée dans un langage sculptural contemporain. Une manière ludique et subtile de poser la question : à quoi ressembleraient les génies nantais du XXIe siècle ? Qui seraient-ils ? Et quelle mémoire collective forge-t-on à travers eux ? Jenna Kaës, Aurarium, dispensaire Jean V du musée Dobrée, Le Voyage à Nantes 2025 © Martin Argyroglo-LVAN MdF. Dans quelle mesure le Voyage à Nantes est-il confronté aux restrictions budgétaires drastiques de la région ? SL. Alors que le secteur culturel régional traverse une zone de turbulences, le Voyage à Nantes (VAN) se distingue par une relative stabilité. La Région Pays de la Loire (ainsi que le département de Loire-Atlantique) a en effet supprimé l’intégralité de ses subventions, qui s’inscrivaient pourtant dans deux axes bien définis : d’une part, l’entretien des œuvres du parcours Estuaire, en particulier celles situées hors du territoire nantais, et d’autre part, le soutien à une action de valorisation des produits locaux à travers le Grand Marché des Pays de la Loire, de ce fait aujourd’hui supprimé. Un paradoxe, dans la mesure où Nantes Métropole assume de ce fait 90 % du coût de maintenance des œuvres d’Estuaire, pourtant pensées dès l’origine pour relier symboliquement Nantes à l’océan et attirer de nouveaux visiteurs bien au-delà de son territoire. Du côté du département, la logique de soutien était similaire, concentrée elle aussi sur la préservation du patrimoine artistique en plein air. Si ces soutiens ont été intégralement coupés, ils n’impactent pas directement le cœur du projet artistique estival, dont le financement repose en grande partie sur la métropole nantaise. Un cas à part, donc, alors que beaucoup d’autres structures culturelles accusent le coup : l’Opéra de Nantes, l’ONPL, le FRAC, Trempolino, Stereolux… Plusieurs sont contraintes à des réductions de programmation, voire à des suppressions de postes. Une situation dramatique pour l’emploi culturel régional, que le VAN évite en partie grâce à son ancrage urbain fort. Le fait que le Voyage à Nantes ait été d’abord et avant tout dédié à la mise en tourisme de la métropole le protège en quelque sorte, alors même que les missions initiales des conseils régionaux et départementaux consistaient à rééquilibrer l’offre en dehors de la capitale régionale. MdF. Quel bilan au Musée d’arts ? SL. J’y ai passé huit années de grand bonheur, dont une avant sa réouverture puis sept à tracer sa stratégie et son insertion dans le paysage culturel. Il y avait une sorte de symbiose avec l’équipe, une entente silencieuse, presque musicale. À la fin, nous étions comme un collectif qui chante sans vraiment savoir d’où vient la mélodie. Chacun apportait sa pierre, son identité. Mais ce qui est un peu terrible dans ma personnalité, c’est qu’au bout d’un moment, je m’ennuie. Très vite, j’éprouve le besoin de me confronter à l’adversité, à l’inconnu. INFOS PRATIQUES : « L’étrange été » Le Voyage à Nantes Jusqu’au 31 août 2025 Parcours, suivez la ligne verte ! https://www.levoyageanantes.fr/ En complément lire mon interview avec Bertrand Guillet, directeur du Musée d’histoire de Nantes à l’occasion de l’exceptionnelle exposition HOKUSAI. Marque-page0
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