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Partager Partager Le nom de la lauréate de la 14ᵉ édition du Prix Focale – Ville de Nyon, qui récompense une série documentaire, vient d’être dévoilé : il s’agit de la photographe brésilienne Camila Svenson, pour I’d rather have more heart than talent any day. Ce travail a été réalisé lors d’une résidence artistique au Japon, autour des femmes les plus âgées de la région de Fukui, dans un pays où l’espérance de vie est parmi les plus élevées au monde et où le vieillissement de la population s’accélère. La série primée sera exposée à la galerie à partir du 21 novembre prochain. Au Japon, les aînés exercent une influence sociale et familiale essentielle. Ils préservent des savoir-faire artisanaux, des histoires locales et des enseignements spirituels, garantissant la continuité d’une identité culturelle en équilibre entre modernité et passé Mother and daughter in their kitchen. Eiheiji, Japan, 2024, @Camila Svenson L’histoire de ce travail se déploie dans la ville d’Eiheiji, préfecture de Fukui, au Japon, lors d’une résidence artistique à laquelle j’ai participé. Les femmes que je représente ici me soufflaient des mots et des images dans mes rêves, m’offrant des indices sur un monde façonné dans un moment suspendu entre le visible et l’invisible, le domestiqué et le sauvage, le naturel et l’artificiel, le temps et sa représentation. Lorsque j’ai soumis ma proposition pour la résidence, j’y écrivais mon souhait de photographier les femmes les plus âgées de la région. Je ne savais rien du Japon, et je n’ai jamais cru que trois mois suffiraient pour vraiment le connaître. Mais j’aime l’idée de dispositifs qui servent de point de départ dans mon travail : un déclencheur, un élan qui finit par me conduire vers d’autres sujets et d’autres récits, surtout dans un territoire si lointain de tout ce qui m’est familier. Les personnes âgées occupent un rôle central dans la société japonaise, non seulement comme gardiennes de la mémoire collective et des traditions culturelles, mais aussi comme symboles de sagesse et d’expérience. Dans un pays qui compte parmi ceux où l’espérance de vie est la plus élevée au monde, et où la population vieillit rapidement, les anciens portent une importance sociale et familiale considérable, influençant valeurs, pratiques et rituels du quotidien. Ils préservent des savoir-faire artisanaux, des histoires locales, des enseignements spirituels, assurant la continuité d’une identité culturelle en équilibre entre modernité et passé. Chaque portrait me conduisait à un paysage. Chaque paysage me guidait vers une fiction. Ces fictions m’apportaient des nouvelles d’un lieu inventé, né de la matérialité brute et intense de la rencontre, quelque chose qui ne peut jamais être entièrement résolu dans le seul domaine des images. Mother and daughter in their living room. Eiheiji, Japan, 2024. © Camila Svenson La cloche du temple sonne à sept heures du matin, puis à cinq heures de l’après-midi. Le jour où cette cloche ne sonnera pas, cela signifiera que le monde a sombré dans la folie. L’implosion ne laissera que quelques traces minuscules, que de futurs archéologues prendront pour des pierres. La nuit, toutes les créatures sortent marcher sur la terre humide et verte de la ville. Les statues s’évanouissent à leur tour, déambulant dans les jardins. Les pierres bougent et reprennent place là où elles n’avaient jamais été auparavant. Au lever du jour, chacun retrouve son poste. One of the last days of summer in the city. Eiheiji, Japan, 2024, @Camila Svenson Un jour, je pédale quinze kilomètres pour photographier une rivière artificielle et observe la chute furieuse de l’eau dans un bassin de béton gris. L’eau hurle et frappe les pierres sans pitié. Sur le chemin du retour, je découvre une minuscule boulangerie au milieu d’un immense parking. Une enseigne blanche démesurée annonce : « Romantic ». Je photographie la façade et un tas de lourds blocs de béton empilés dans un coin. Je sais que je suis trompée, mais je fais confiance à ce jeu et ne le questionne jamais. Un après-midi, chez Mme Miyagawa, peu avant mon retour au Brésil, nous contemplons ensemble l’autel de ses ancêtres. À un moment, elle me pose une question à travers un traducteur électronique, et une voix métallique robotisée la traduit en portugais : « Que se passera-t-il quand tout cela sera terminé ? ». Je suis presque certaine que ce n’était pas la question originale, mais il y avait quelque chose d’étrange et de sauvage dans la manière dont les traductions peuvent advenir. Recréer du sens est un don. Je la regarde et lui réponds que je n’ai aucune idée de ce qui se passera, mais qu’il nous reste encore le temps de partager une autre tasse de thé. L’un de mes derniers jours dans la ville, juste avant de rentrer au Brésil, je prends le train en direction de l’océan. Au lieu de sable, la plage est recouverte de pierres de toutes tailles, couleurs et textures. De petits fragments du passé. Une vaine tentative de comprendre l’autre. Sur le chemin du retour, je passe devant une petite boutique de vêtements, sombre et vide, où une chemise grise en tissu raffiné est exposée en vitrine. On y lit : « I’d rather have more heart than talent any day. » Ce travail est né du mystère de la rencontre et de l’approche de l’autre, dans un moment suspendu entre le visible et l’invisible, le domestiqué et le sauvage, le naturel et l’artificiel, et surtout, dans la lenteur d’un temps dont j’ignorais encore qu’il était possible de l’éprouver. Basée à São Paulo, Camila Svenson développe une pratique qui explore les relations entre personnes, souvenirs et lieux, et la manière dont elles évoluent avec le temps. Elle collecte des fragments du quotidien, objets, images et histoires, pour créer des ensembles évolutifs où mémoire et fiction se confondent, explorant la notion de rencontre et de perception du réel. Formée à l’Escola Panamericana de Arte e Design et au Centro Universitário SENAC (São Paulo), elle a ensuite obtenu un Master en journalisme visuel et photographie documentaire à l’International Center of Photography de New York (2015). INFORMATIONS PRATIQUES Galerie – Librairie FOCALEPlace du Château 4 – 1260 Nyon ven21nov(nov 21)14 h 00 minmer24déc(déc 24)18 h 00 minCamila SvensonI’d rather have more heart than talent any dayGalerie – Librairie FOCALE, Place du Château 4 – 1260 Nyon Détail de l'événementPrix Focale – Ville de Nyon 2025 L’histoire de ce travail se déploie dans la ville d’Eiheiji, préfecture de Fukui, au Japon, lors d’une résidence artistique à laquelle j’ai participé. Les Détail de l'événement Prix Focale – Ville de Nyon 2025 L’histoire de ce travail se déploie dans la ville d’Eiheiji, préfecture de Fukui, au Japon, lors d’une résidence artistique à laquelle j’ai participé. Les femmes que je représente ici me soufflaient des mots et des images dans mes rêves, m’offrant des indices sur un monde façonné dans un moment suspendu entre le visible et l’invisible, le domestiqué et le sauvage, le naturel et l’artificiel, le temps et sa représentation. Lorsque j’ai soumis ma proposition pour la résidence, j’y écrivais mon souhait de photographier les femmes les plus âgées de la région. Je ne savais rien du Japon, et je n’ai jamais cru que trois mois suffiraient pour vraiment le connaître. Mais j’aime l’idée de dispositifs qui servent de point de départ dans mon travail : un déclencheur, un élan qui finit par me conduire vers d’autres sujets et d’autres récits, surtout dans un territoire si lointain de tout ce qui m’est familier. Les personnes âgées occupent un rôle central dans la société japonaise, non seulement comme gardiennes de la mémoire collective et des traditions culturelles, mais aussi comme symboles de sagesse et d’expérience. Dans un pays qui compte parmi ceux où l’espérance de vie est la plus élevée au monde, et où la population vieillit rapidement, les anciens portent une importance sociale et familiale considérable, influençant valeurs, pratiques et rituels du quotidien. Ils préservent des savoir-faire artisanaux, des histoires locales, des enseignements spirituels, assurant la continuité d’une identité culturelle en équilibre entre modernité et passé. Chaque portrait me conduisait à un paysage. Chaque paysage me guidait vers une fiction. Ces fictions m’apportaient des nouvelles d’un lieu inventé, né de la matérialité brute et intense de la rencontre, quelque chose qui ne peut jamais être entièrement résolu dans le seul domaine des images. La cloche du temple sonne à sept heures du matin, puis à cinq heures de l’après-midi. Le jour où cette cloche ne sonnera pas, cela signifiera que le monde a sombré dans la folie. L’implosion ne laissera que quelques traces minuscules, que de futurs archéologues prendront pour des pierres. La nuit, toutes les créatures sortent marcher sur la terre humide et verte de la ville. Les statues s’évanouissent à leur tour, déambulant dans les jardins. Les pierres bougent et reprennent place là où elles n’avaient jamais été auparavant. Au lever du jour, chacun retrouve son poste. Un jour, je pédale quinze kilomètres pour photographier une rivière artificielle et observe la chute furieuse de l’eau dans un bassin de béton gris. L’eau hurle et frappe les pierres sans pitié. Sur le chemin du retour, je découvre une minuscule boulangerie au milieu d’un immense parking. Une enseigne blanche démesurée annonce : « Romantic ». Je photographie la façade et un tas de lourds blocs de béton empilés dans un coin. Je sais que je suis trompée, mais je fais confiance à ce jeu et ne le questionne jamais. Un après-midi, chez Mme Miyagawa, peu avant mon retour au Brésil, nous contemplons ensemble l’autel de ses ancêtres. À un moment, elle me pose une question à travers un traducteur électronique, et une voix métallique robotisée la traduit en portugais : « Que se passera-t-il quand tout cela sera terminé ? ». Je suis presque certaine que ce n’était pas la question originale, mais il y avait quelque chose d’étrange et de sauvage dans la manière dont les traductions peuvent advenir. Recréer du sens est un don. Je la regarde et lui réponds que je n’ai aucune idée de ce qui se passera, mais qu’il nous reste encore le temps de partager une autre tasse de thé. L’un de mes derniers jours dans la ville, juste avant de rentrer au Brésil, je prends le train en direction de l’océan. Au lieu de sable, la plage est recouverte de pierres de toutes tailles, couleurs et textures. De petits fragments du passé. Une vaine tentative de comprendre l’autre. Sur le chemin du retour, je passe devant une petite boutique de vêtements, sombre et vide, où une chemise grise en tissu raffiné est exposée en vitrine. On y lit : « I’d rather have more heart than talent any day. » Ce travail est né du mystère de la rencontre et de l’approche de l’autre, dans un moment suspendu entre le visible et l’invisible, le domestiqué et le sauvage, le naturel et l’artificiel, et surtout, dans la lenteur d’un temps dont j’ignorais encore qu’il était possible de l’éprouver. Dates21 Novembre 2025 14 h 00 min - 24 Décembre 2025 18 h 00 min(GMT+00:00) LieuGalerie – Librairie FOCALEPlace du Château 4 – 1260 NyonOther Events Get Directions CalendrierGoogleCal Marque-page0
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