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L'Invité·e Carte blanche à Klavdij Sluban : Maša Lancner, Femme photographe slovène La Rédaction3 décembre 2020 Partager Partager Temps de lecture estimé : 6minsÀ l’occasion de sa carte blanche, le photographe français Klavdij Sluban a choisi une dizaine de femmes photographes slovènes qu’il nous présentera chaque jour. Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de deux photographes : Maša Lancner et Lucija Rosc. Dans cet article, nous découvrons Maša Lancner, photographe de 36 ans vivant dans une province Slovène, à travers sa série « Les Oiseaux migrateurs ». Chaque jour, jusqu’au 11 décembre, et grâce à notre invité, nous consacrerons un ou deux portfolios à ces femmes photographes slovènes qui luttent pour exister. Maša Lancner est née en 1984 à Nova Gorica (Slovénie) où elle vit. Après des études de langues, espagnol et japonais, qu’elle maîtrise parfaitement, en plus de l’italien et du français, sans oublier l’anglais, Maša Lancner fait une école de photo dans sa région, à Sežana, se spécialisant dans le documentaire d’auteur. Puis voyage de par le monde avec arrêts prolongés en Espagne, Amérique du Sud et Japon. Ses deux défauts principaux, dit-elle, pour ne pas être plus présente sur la scène artistique slovène sont qu’elle soit une femme et qu’elle habite en province. Sans se démonter pour autant, elle s’est totalement investie dans sa région. Elle y crée, monte des projets, enseigne à des enfants ainsi qu’à des personnes en institutions spécialisées et a monté la structure iManaLAB. Partant du local, Maša Lancner crée des ponts avec l’étranger, où elle se rend souvent, se débrouillant pour trouver bourses, échanges, invitations… Les Oiseaux Migrateurs © Maša Lancner Les Oiseaux Migrateurs © Maša Lancner iManLAB est une multi-structure qui offre une variété inouïe de propositions si l’on considère le peu de personnes qui y travaillent ; organisation d’expositions de photographes slovènes et étrangers, cours de photos, création de livres, voyages à thèmes, invitation d’artistes étrangers, du Japon, du Mexique, d’Espagne…pour y organiser des rencontres, résidences, workshops… Des partenariats sont crées avec d’autres structures à l’étranger . La structure elle-même étant trop jeune pour pouvoir recevoir des aides du Ministère de la culture, elle doit s’auto-financer. Avec de nombreuses expositions dans sa région, mais à travers le reste du le pays, aussi, et même à Ljubljana, Maša Lancner a également exposé, entre autres, à Bratislava (Slovaquie), aux Encontros da Imagem de Braga et à Evora (Portugal) et reçu en 2013 le prix Četrtkova Nagrada du festival Fotopub de Novo Mesto (Slovénie) et fut finaliste du prix international Emergentes Dst et du prix Forum Eugenio de Almeida (Portugal). Cette énergie déployée pour lutter sur plusieurs fronts toujours avec le même souci de défendre et montrer une photographie d’auteur engagée ne l’empêche pas d’avoir une œuvre personnelle foisonnante. Au contraire. Le travail de Maša Lancner est d’une rigueur et d’une cohérence stupéfiantes depuis ses tout premiers travaux. Pour son diplôme de fin d’études photographiques, elle a frappé au cœur de ce que seront ses thématiques récurrentes : le territoire / l’espace, l’humain à l’intérieur de cet espace, la frontière, le regard sur l’autre, le normé ou les notions de normal / anormal. Les Oiseaux Migrateurs © Maša Lancner Les Oiseaux Migrateurs © Maša Lancner Son premier travail, Life on the Border, prend la frontière non pas comme une séparation physique mais comme une ligne qui sépare le « bien du mal », le « petit du grand ». Cette frontière qui existe dans nos têtes. Elle se focalise sur trois communautés / minorités, comme elle les nomme : les Roms, les personnes âgées et les personnes handicapées. Le résultat est une série en Noir et Blanc, sur film, toute en respect, en union avec les gens, sans démagogie ni pathos. Une autre de ses séries, Entre deux mondes, est le portrait d’une jeune danseuse, Eva Pirnat, atteinte du syndrome de Down. Un regard simple, direct, sans emphase aucune. Comme pour une personne « normale » ! Avec I Before Myself, Maša Lancner questionne le rapport intime que nous avons au territoire de nos origines. Profondément ancrée dans sa région natale du Littoral, elle a récupéré des informations sur les lieux où s’est rendue sa mère, alors enceinte de Maša. En se rendant sur ces lieux-mêmes où elle déjà été dans le ventre de sa mère, elle tente de retranscrire visuellement ce qu’elle pu ressentir avant d’être celle qui désormais voit. En révisitant ces lieux, elle a commencé à élargir son champ de la création, s’ouvrant à la mise en scène ou à l’installation, s’éloignant du réel pour mieux exprimer ce qu’elle a vécu avant de naître, avant de voir. Les Oiseaux Migrateurs © Maša Lancner Les Oiseaux Migrateurs © Maša Lancner Sa dernière série, présentée ici, Les Oiseaux Migrateurs, questionne de manière conceptuelle / d’ailleurs, qu’est-ce que le conceptuel ? donc pour utiliser des termes dont nous maîtrisons, à peu près, le sens, disons que la manière utilisée est une série de portraits sur fond documentaire, avec l’intégration systématique d’un élément incongru récurent, un fichu qui recouvre la tête de chaque personne portraiturée. Partie à Madrid pour y suivre un stage de formation, Maša Lancner s’est intégrée à la vie locale, s’est fait des amis, bref, s’y est bien sentie. De retour en Slovénie elle savait qu’elle retournerait un jour visiter ses amis. Ce jour est arrivé et la voilà de nouveau à Madrid. Sauf qu’entre temps la crise est passée par là, l’économie a dégringolé…des amis qu’elles avait connus pratiquement aucun n’était resté en Espagne. Tous s’étaient exilés. Là où elle avait pour habitude de rencontrer ses amis d’antan, elle a fait poser des inconnus, avec un tissu leur couvrant la tête. Pour matérialiser cette absence, ressentie intimement, le propos est politique. Maša Lancner dénonce « le néolibéralisme qui à l’ère de l’individualisme détruit les rapports sociaux, amicaux, intimes et rend les gens interchangeables». Sauf les amis. En savoir plus http://masalancner.com/ http://imanalab.com/ Favori0
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