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Interview exclusive avec Sylvie Ramond, directrice générale du pôle des musées d’art de Lyon à l’occasion des expositions « Picasso. Baigneuses et baigneurs » et « Comme un parfum d’aventure »

Temps de lecture estimé : 18mins

L’exposition « Picasso. Baigneuses et baigneurs » qui réunit 150 œuvres est un évènement unique dû à Sylvie Ramond -avec la collaboration de Laurent Lebon, président du Musée Picasso à Paris et de Karole Vail, directrice de la collection Peggy Guggenheim à Venise – qui ambitionnait ce projet depuis longtemps. Pour la première fois sont réunies à Lyon les trois Baigneuses de février 1937 peintes par Picasso à quelques jours d’intervalle.

Le musée des Beaux-Arts réaffirme une fois de plus son leadership national et international en matière de programmation. En partenariat avec le Musée national Picasso-Paris et la Peggy Guggenheim Collection de Venise, qui possèdent chacun une œuvre jumelle, cette plongée au cœur de l’imaginaire picassien des jeux de plage et bains de mer traverse une grande partie de la vie de Picasso. La représentation de la Baigneuse est soumise à une succession de métamorphoses d’inspiration classique (Ingres, Puvis de Chavannes) et moderniste (Renoir, Cézanne), jusqu’aux multiples déformations du corps -de ludique (Baigneuses de Dinard) à plus scatologique (Baigneuses de guerre)- sous l’influence de Guernica. Si Picasso a toujours inspiré de nombreux artistes, la grande force de l’exposition est d’en faire la démonstration avec des contrepoints inédits avec des œuvres de Francis Bacon et de Henry Moore notamment. C’est aussi l’occasion de mettre en avant les liens qui unissent Picasso et Lyon comme le précise Sylvie Ramond heureuse que les prêteurs européens et américains se soient montrés si généreux pour assurer le maintien de l’exposition dont l’ouverture était initialement prévue en mars.

Elle nous présente également dans le cadre du nouveau pôle muséal réunissant le musée des Beaux-Arts, MBA et le musée d’art contemporain, MAC, l’exposition « Comme un parfum d’aventure », conçue en réponse au confinement, à partir d’un dialogue inédit entre les très riches collections des deux institutions et d’invitations à des artistes de la scène artistique régionale. Elargir le rayonnement et la diffusion de ce pôle à un niveau international comme à un niveau national fait partie des orientations définies par Sylvie Ramond qui a développé également le mécénat au MAC, à travers notamment la création d’un cercle de mécènes, le Cercle 21 -sur le modèle du Cercle Poussin adossé au musée des Beaux-Arts- dont l’une des vocations est de soutenir la création contemporaine par des acquisitions et l’aide au financement de résidences d’artistes. Un champ d’actions pluriel sous le signe du partage et du décloisonnement pour aller au-devant d’un public toujours plus diversifié.

Portrait de Sylvie Ramond, directeur du musée des Beaux-arts de Lyon
© Lyon MBA – Photo Siegfried Marque

Diplômée de la Sorbonne et de l’Ecole du Louvre, ancienne élève de l’Ecole nationale du patrimoine, conservateur en chef du patrimoine et professeur associé à l’ENS Lyon, Sylvie Ramond dirige le musée des Beaux-Arts depuis 2004. La direction générale du pôle des musées d’art MBA|MAC lui a été confiée en 2018.
Membre du groupe Bizot, chercheuse invitée de la Terra Foundation (2013) et du Getty Center, à Los Angeles (2018), elle a assuré le commissariat d’une trentaine d’expositions (Otto Dix, Fernand Léger, Braque/Laurens, Géricault, Repartir à zéro, Joseph Cornell et les surréalistes à New York, Henri Matisse. Le laboratoire intérieur, Drapé, Picasso. Baigneuses et baigneurs…).
A la demande de la Ministre de la culture Audrey Azoulay, Sylvie Ramond a dirigé un des groupes de réflexion de la « Mission Musées du XXIe siècle » (2017).

Lucien Clergue, Pablo Picasso sur la plage de l’Hôtel Gonnet et de la Reine à Cannes, le 21 août 1965, 1988 © Succession Picasso 2020 © Atelier Lucien Clergue / SAIF

À l’origine de l’exposition « Picasso. Baigneuses et baigneurs »

Nous savions que Picasso avait peint deux tableaux à quelques jours d’intervalle du nôtre, Femme assise sur la plage, 10 février 1937. J’avais depuis longtemps espéré réunir un jour les trois baigneuses. A l’occasion d’une conférence donnée à la Fondation Pinault à Venise en 2017, j’ai rencontré l’un des conservateurs de la Collection Peggy Guggenheim. Le projet est né dans ces circonstances avec le soutien de Laurent Le Bon. La Collection Guggenheim de Venise a organisé en 2018 une exposition- dossier intitulée « Picasso on the Beach » avec les trois Baigneuses de 1937 et quelques dessins et Laurent Le Bon, directeur du Musée national Picasso-Paris, a choisi en 2018-2019 de consacrer une salle aux trois Baigneuses 1937 au sein de l’exposition « Picasso .Chefs- d’œuvres !». A Lyon, nous avons souhaité travailler sur le thème de la baigneuse et proposer une relecture de l’œuvre de l’artiste à travers cette thématique. Très vite les contrepoints se sont imposés. La plage est un lieu de sociabilité que Picasso investit dès 1918 avec le rituel de ces étés passés à la plage chaque année avec ses proches. Moments d’intimité immortalisés par les photographes jusque dans l’espace de l’atelier comme David Douglas Duncan l’a fait en photographiant en 1957 Picasso improvisant une danse avec Jacqueline Roque devant le tableau des Baigneurs à la Garoupe à La Californie. Il était important pour nous d’accompagner l’exposition d’un ensemble de documents composé de photographies extraites pour certaines d’entre elles des albums de famille, de cartes postales illustrant les séjours balnéaires de l’artiste et de correspondances, notamment celle avec Jean Cocteau, auxquelles nous avons eu accès grâce au Musée national Picasso-Paris.

Diverses oeuvres de Pablo Picasso © Succession Picasso 2020

Gestion de la crise de la pandémie et maintien de l’exposition

L’exposition devait être inaugurée le 16 mars. Or nous avons appris dans la journée qu’il fallait fermer le musée. La date de fin annoncée était le 13 juillet. Nous avons donc passé deux mois sans savoir si nous pourrions partager l’exposition avec notre public. Après plusieurs échanges avec Laurent Le Bon qui a accepté de prolonger les prêts de son musée jusqu’à début janvier 2021, nous sommes revenus auprès des différents prêteurs, institutionnels et privés qui se sont montrés très généreux et ont suivi dans un vrai élan de solidarité. Avoir la possibilité de présenter ces œuvres durant 5 mois ½ au lieu des trois mois initialement prévus est une belle gageure et une exceptionnelle opportunité pour notre public.

Notre programmation culturelle associée à l’exposition n’a pas été réellement bouleversée. Nous avons accueilli en septembre une première conférence d’Emilie Bouvard avec laquelle je partage le commissariat de l’exposition, qui pendant la préparation de l’exposition a quitté ses fonctions de conservatrice au musée Picasso pour la direction scientifique à la Fondation Giacometti. Une première nocturne début octobre a été organisée avec le théâtre du 8ème : elle a remporté un grand succès. Pour les prochaines nocturnes, des concerts étaient également prévus avec l’ensemble de jazz Unitrio et le Quatuor Debussy. Malheureusement le deuxième confinement nous impose de renoncer à cette programmation.
Parmi les sources, les baigneuses de Renoir
Nous avons eu la chance d’obtenir auprès du Musée national Picasso-Paris deux prêts d’œuvres de Cézanne et de Renoir qui ont appartenu à Picasso. Picasso était fasciné par Renoir qui était lui-même intéressé par les recherches de Picasso, les deux hommes devant se rencontrer par l’intermédiaire de leur marchand, Paul Rosenberg. La rencontre n’aura pas lieu du fait de la mort de Renoir. Picasso exécute à ce moment-là, en 1919, un dessin très émouvant à partir d’une photographie de Renoir, qui à la fin de sa vie, demandait qu’on lui attache des pinceaux autour des mains pour continuer à peindre. Renoir est très présent dans la collection de Picasso, avec notamment deux baigneuses, l’une à la sanguine, La Coiffure, présentée dans l’exposition, l’autre en peinture, Baigneuse assise dans un paysage, titrée aussi Eurydice. Après une introduction consacrée aux grands aînés qui ont inspiré Picasso dans le traitement du thème de la baigneuse, l’exposition a été conçue en mêlant deux partis pris, chronologique et thématique.

Parcours de l’exposition

Le parcours commence avec « les baigneuses au bois » de 1908 où sont présentées des études se rapportant à deux grands chefs-d’œuvre conservés au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg : Trois femmes et la Dryade et se prolonge jusqu’au début des années 1960 où le thème tend à s’éclipser au profit d’un autre sujet, le peintre et son modèle.

Picasso et Lyon

Il était important pour nous de rappeler à notre public que nous avions dans nos collections avec Femme assise sur la plage, un chef-d’œuvre qui est devenu une véritable icône de notre collection du XXe siècle, légué en 1997 au musée des Beaux-Arts par l’actrice-collectionneuse Jacqueline Delubac avec un ensemble exceptionnel de tableaux du XXe siècle.

Nous avons aussi beaucoup exploité nos archives en vue de la préparation du catalogue pour rappeler au public qu’en 1953 avait été organisée à Lyon la première grande rétrospective de Picasso en France, avant celle de Paris présentée en 1955 au musée des Arts décoratifs. Elle a remporté à l’époque un grand succès. Nous publions dans le catalogue de l’exposition une grande partie des correspondances de l’artiste et de René Jullian, directeur du musée ainsi que des différents acteurs qui ont œuvré pour l’exposition, notamment Daniel-Henry Kahnweiler, directeur de la galerie Louise Leiris qui a été d’un grand soutien. L’exposition a réuni à Lyon près de cent soixante-dix œuvres de provenance prestigieuse, française et internationale, avec des prêts américains du MoMA de New York et du musée de Toledo. Des personnalités locales se sont aussi très engagées dans le projet comme les critiques René Deroudille, Jean-Jacques Lerrant ou encore le galeriste Marcel Michaud.

Picasso n’est pas venu voir la rétrospective mais apparemment il en a été très satisfait comme en témoigne le don au musée du « Buffet du Catalan » (1943) après l’exposition, tableau qui constitue le point de départ d’un fonds d’œuvres qui lui est consacré. Cette exposition est aussi un moment fondateur pour l’histoire de nos collections. Le musée conserve aujourd’hui six peintures dont trois déposées par le musée national Picasso-Paris, cinq œuvres d’art graphiques, une sculpture et un vase en céramique de l’artiste.

Diverses oeuvres de Pablo Picasso © Succession Picasso 2020 Vue de l’exposition Picasso : Baigneuses et baigneurs – 15 juillet 2020 – 3 janvier 2021
Image © Lyon MBA – Photo Martial Couderette

Les contrepoints

Nous n’avons pas souhaité multiplier les rapprochements. Nous avons préféré nous concentrer sur quelques figures majeures, tels Francis Bacon et Henry Moore, dont les liens avec Picasso ont été encore peu montrés.

Bacon a souvent rappelé qu’il avait découvert l’œuvre de Picasso avec l’exposition « Cent dessins de Picasso » présentée à la galerie Paul Rosenberg en 1927, exposition qui est à l’origine de sa vocation d’artiste. Toute la difficulté a été pour nous de localiser les œuvres des années 1930 de Bacon qui montraient ce lien avec Picasso, une grande partie des œuvres de cette époque ayant été détruites par l’artiste, Bacon préférant faire du fameux triptyque de 1944 Trois figures au pied d’une crucifixion conservé à la Tate, sa véritable entrée en peinture. Il a fallu mener une véritable enquête et j’ai été aidée dans cette recherche par le directeur de la Fondation Bacon de Monaco. Il y a ce dessin de 1933, Composition (figures), assez proche des Baigneuses de Dinard et cette peinture de 1930 qui représente une sorte de cabine de plage adossée à un arbre qui s’apparente à certains tableaux du courant métaphysique italien de Giorgio De Chirico et Carlo Carra. Bacon a répété jusqu’à la veille de sa mort que la période qui l’avait fasciné chez Picasso était la série des Baigneuses de Dinard, peintes autour de 1927-1928 et inspirées par la figure de Marie-Thérèse Walter.

Je tenais beaucoup au rapprochement avec Henry Moore, les deux artistes s’étant rencontrés à Paris en 1937. Moore rend visite à Picasso dans son atelier de la rue des Grands Augustins au moment où ce dernier peint Guernica. Un an auparavant, ils sont exposés au MoMA dans cette importante exposition qu’organise Alfred H. Barr et qu’il intitule « Cubism and Abstract Art ». C’est à partir de leurs œuvres respectives mais aussi de celles de Calder, Arp et Giacometti que Barr définira le courant du biomorphisme. Moore représente à défaut de baigneuses, des figures allongées au bord de la plage. Cela a été un grand bonheur d’obtenir les prêts d’une série de dessins de la part de nos collègues de l’Art Gallery of Ontario de Toronto, qui possède un fonds très important d’œuvres du sculpteur, presque équivalent à celui de la Tate.

Des parallèles avec d’autres sculpteurs sont présentés dans l’exposition : Julio González qui apprend à Picasso à réaliser des sculptures soudées en 1928 et David Smith qui crée dans les années 1930 ses premières sculptures très inspirées par les baigneuses picassiennes.

Des contrepoints avec trois artistes contemporains sont également proposés : Guillaume Bruère, Farah Atassi et Elsa Sahal. Guillaume Bruère, invité à dessiner pendant l’exposition  » Picasso. Chefs-d’œuvre !  » à Paris, présente ici quelques-uns des dessins qu’il a réalisés d’après les trois Baigneuses de 1937.
Farah Atassi, plus inspirée par les Baigneuses de Dinard, bénéficie actuellement d’une belle exposition à la galerie Almine Rech à Paris avec plusieurs tableaux sur ce thème.

Elsa Sahal dont un des murs de l’atelier est tapissé de reproductions de Baigneuses de Picasso, exécute en 2014 une série de sculptures en céramique inspirées des sculptures de Boisgeloup.

Vue de l’exposition Comme un parfum d’aventure au macLYON (7 octobre 2020 – 3 janvier 2021)
Crédit photo : Blaise Adilon

L’exposition « Comme un parfum d’aventure » au MAC

Les collections encyclopédiques du musée des Beaux-Arts, qui couvrent 5000 ans d’art et d’histoire ont été sollicitées à travers ses 5 départements. Couplées à celles du MAC, qui comptent plus de 1500 œuvres, elles offrent un ensemble exceptionnel et un continuum historique de l’Antiquité à nos jours. Même si l’exposition est portée plus particulièrement par le MAC, elle est le fruit d’un travail conjoint des deux équipes, sous le commissariat de Mathieu Lelièvre, conseiller artistique et Marilou Laneuville, responsable des expositions, avec une grande implication de Salima Hellal, qui dirige le département des objets d’art (MBA), de Céline Le Bacon, responsable du cabinet des arts graphiques (MBA) et d’Hervé Percebois, responsable du service collection (MAC). L’exposition est née de l’expérience du confinement. Elle explore la question du déplacement, empêché ou imposé, volontaire ou suscité. L’originalité du projet réside aussi dans une invitation lancée à plus d’une vingtaine d’artistes de la scène artistique régionale avec des commandes spécifiques.

Vue de l’exposition Comme un parfum d’aventure au macLYON (7 octobre 2020 – 3 janvier 2021)

Le rapprochement MBA-MAC : le Pôle des musées d’art de Lyon

Le pôle des musées d’art est né d’une volonté politique et d’un souhait de Gérard Collomb et de Georges Képénékian qui m’ont proposé de diriger ce nouveau pôle au moment du départ de Thierry Raspail. Ce rapprochement de nos deux institutions s’impose d’autant plus aujourd’hui qu’un grand nombre d’artistes contemporains regardent très attentivement la création du passé. Le pôle doit nous permettre de gagner encore en visibilité, notamment sur le plan international. Notre force réside dans nos collections, parmi les plus importantes d’Europe, qui couvrent un champ très large de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Il faut rappeler le lien historique qui unit les deux institutions, le musée d’art contemporain étant né dans l’aile du Palais Saint-Pierre en 1984 avant de rejoindre la Cité Internationale en 1995, vaste ensemble architectural en bordure du Parc de la Tête d’Or, et gagner une superficie de 6000 m² dans un bâtiment signé Renzo Piano.

Chaque musée garde sa spécificité et sa programmation, mais travaille à des projets communs : c’est la véritable originalité de cette organisation. Parmi nos projets transversaux, il y a la conception d’expositions conçues à partir de nos deux collections, qui ont vocation à être présentées à la fois à Lyon et hors-les-murs. Notre objectif est aussi de mieux rayonner encore sur le plan international, même si nos projets d’exposition à l’étranger sont freinés pour l’instant par la crise que nous vivons. Le pôle doit nous permettre aussi d’inventer de nouvelles relations avec nos publics et de concevoir une programmation d’évènements pour les inciter à aller d’une institution à l’autre.

Nous travaillons actuellement à un projet avec l’URDLA, centre international de l’estampe et du livre, installé à Villeurbanne, autour de l’acquisition d’un ensemble de gravures qui s’ajouterait à la collection du MAC et à celle du MBA. Cette dernière s’est considérablement enrichie récemment, grâce à d’importantes donations et à des transferts de collections de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon.

Nous souhaitons, à partir de ce fonds de gravures, imaginer des expositions qui seront plus faciles à présenter dans des lieux qui n’ont pas pour vocation première d’accueillir de telles manifestations et espérer ainsi toucher un public peu familier des musées. Ce projet reçoit aujourd’hui le soutien de la nouvelle municipalité et de certains de nos mécènes, qui sont particulièrement sensibles à cette programmation spécifique à l’intention des bénéficiaires du champ social.

Parmi les autres actions que nous souhaitons mener, il faut mentionner la mission d’expertise pour l’art dans l’espace public qui nous sera prochainement confiée. L’inventaire et la documentation de l’existant sera assuré par le Pôle. L’expertise de ce dernier pourra être étendue à la préparation de nouvelles commandes publiques sur un modèle participatif et inclusif. Autre action qui sera au cœur de nos préoccupations pour les prochaines années : les résidences d’artistes. Nous avons déjà invité le photographe Eric Poitevin à travailler à partir des collections du MBA. Il exposera ses travaux au printemps 2022, alors que le MAC présentera au même moment une exposition de la collection d’Anne Marie et Marc Robelin, dans laquelle cet artiste est particulièrement bien représenté. Nous souhaitons aussi proposer des résidences à d’autres acteurs du champ culturel : des écrivains, des musiciens, des chorégraphes…

Nous travaillons également à un projet de réserves communes. Ce projet s’impose aujourd’hui pour conserver notamment les collections de lapidaire et de mobilier du MBA et les récentes acquisitions du MAC. La question de l’empreinte énergétique, du recyclage des matériaux, sera centrale dans la conception du projet et dans les pratiques de conservation préventive qui lui sont liées.

Vue de l’exposition Edi Dubien, L’homme aux mille natures, au macLYON
(7 octobre 2020 – 3 janvier 2021). Crédit photo : Blaise Adilon
© Adagp, Paris, 2020

Quelle fréquentation depuis la réouverture ?

L’exposition Picasso nous a permis de maintenir une bonne fréquentation depuis sa réouverture le 15 juillet, même si nos jauges pour l’accueil du public sont très restrictives. Paradoxalement les conditions de visite d’une exposition n’ont jamais été aussi favorables. Cet été un public touristique a été aussi très présent dans les collections permanentes. Le second confinement a malheureusement entraîné un arrêt provisoire, nous l’espérons, de cet élan.

La place du mécénat

Le musée des Beaux-Arts de Lyon s’est imposé depuis 2008 par sa politique de mécénat principalement dédiée aux acquisitions d’œuvres d’art. Suite à l’acquisition exceptionnelle de La Fuite en Égypte de Nicolas Poussin, nous avons pu créer un fonds de dotation, le club du musée Saint-Pierre qui réunit aujourd’hui 16 entreprises auquel s’est ajoutée une fondation, le Cercle Poussin qui compte près de 150 mécènes individuels. L’association des Amis du musée nous accompagne également dans notre politique d’acquisition. Ces trois instances nous ont permis d’acquérir des œuvres exceptionnelles de Pierre Soulages, Ingres, Fragonard, Joseph Cornell, Etienne-Martin, Wifredo Lam… L’expérience du MBA dans le domaine du mécénat a permis de créer un cercle de mécènes pour le MAC, le Cercle 21. Nous réfléchissons aujourd’hui à créer une autre structure dédiée aux arts graphiques suite au succès remporté par une souscription pour l’achat d’un dessin de jeunesse de Degas. Aujourd’hui les musées ne peuvent pas se priver de mécénat, alors que la sollicitation des entreprises et des particuliers n’était pas dans l’ADN des musées européens à la différence des musées anglo-saxons. Le mécénat ne saurait toutefois se substituer au financement de l’État et des collectivités. Cette relation privilégiée avec les entreprises, les fondations, et les mécènes particuliers est aussi, plus que jamais, un ressort pour imaginer des projets dédiés aux publics éloignés des musées et de la culture. Ainsi, nous programmons autant que possible avec eux des modules d’accueil spécifiques afin que les projets portés par le mécénat aient une déclinaison solidaire.

INFOS PRATIQUES :
Picasso. Baigneuses et baigneurs
Jusqu’au 3 janvier 2021
Musée des Beaux-Arts de Lyon
https://www.mba-lyon.fr/fr
Comme un parfum d’aventure
Edi Dubien, l’homme aux mille natures
https://www.mac-lyon.com/fr
Les musées réouvriront à partir du 15 décembre 2020.
Catalogue Picasso. Baigneuses et baigneurs aux éditions SNOECK GENT.

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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