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Le Champ des Impossibles.03, dont la thématique centrale est l’arbre, se déroule jusqu’au 12 juin 2022. Chaque jour, nous vous proposons le portrait d’un artiste du Parcours Art & Patrimoine en Perche .03 rédigé par Emmanuel Berck. Aujourd’hui on retrouve Gaël Davrinche, un peintre réinterprétant les classiques de l’Histoire de l’Art pour illustrer l’infinité des possibilités offertes par la peinture..

Diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2000, Gaël Davrinche vit et travaille à Montreuil tout en exposant ses peintures un peu partout dans le monde (Singapour, Paris, Lille, Bruxelles, Bari, Hong Kong, etc.). L’artiste s’est attaché à revisiter la peinture classique, principalement les grands genres académiques du portrait et de la nature morte et maintenant du paysage, dans une démarche artistique tenant à la fois de l’hommage et de la déconstruction.

Gaël Davrinche, Sunset (Les Guilands), huile sur toile, 250x200cm,2018

« Je navigue de l’hyper-réalisme à la déstructuration, constamment à la recherche de ce qui fait l’essence de la peinture. Ma manière de peindre est gestuelle,  physique, parfois je m’affranchis même du pinceau pour peindre directement avec les doigts. Si je peins principalement sur toile, et souvent en grand format, j’utilise aussi d’autres techniques, comme le dessin, la sculpture ou l’estampe, et travaille également sur des petits formats, comme vous pourrez le voir au Moulin Blanchard. J’ai délaissé quelque peu le portrait, que j’ai beaucoup exploré, pour aller vers l’éclatement de la couleur. A la différence d’un crâne qui est principalement un espace clos, les fleurs et les paysages offrent des formes beaucoup plus variées qui me permettent de travailler par couche de couleurs, plutôt que de chercher à représenter fidèlement la réalité. J’ose des couleurs qu’on ne verrait pas naturellement, un peu à la manière des Nabis, mais en étant plus libre dans la gestuelle. »

L’artiste n’a de cesse de fouiller l’Histoire de l’Art pour entretenir un dialogue plastique entre tradition et déconstruction totale de ses principes, symbolisant ainsi son attachement pour la peinture et pour l’infinité de possibilités qu’elle offre. Empruntant fréquemment au registre graphique de l’enfance, il cite et caricature avec humour les chefs d’œuvres de l’art européen dans le cadre d’une série fleuve nommée « Les Revisités », entamée il y a une douzaine d’années et dont l’on décèle encore les soubresauts dans sa production actuelle.

Une peinture physique

Gaël Davrinche, Vidovina 2, huile sur toile, 200x250cm, 2021

Dans le cadre du Parcours Art et Patrimoine en Perche 2022, Gaël Davrinche présente sur le site du Moulin Blanchard, deux séries de peintures. La première, composée de 5 grands formats (250×200 cm) horizontaux, représente des sous-bois, dans une recherche d’équilibre ombre-clarté, « où le tableau offre toujours une sortie vers la lumière, comme une note d’espoir. La toile devient un prétexte à la couleur et aussi au geste : la trace de ce geste, c’est à dire la matière, tient lieu de sujet. Cette gestuelle me permet de tendre vers une forme d’abstraction, de déconstruire le paysage ».

La seconde série est composée d’une quinzaine de petits formats (73×60 cm : le format traditionnel des figures et des paysages). « Ces toiles sont un peu mon laboratoire d’expériences pour des œuvres en plus grand format à produire dans l’avenir. Manquant de temps pour cause de simultanéité d’expositions, je présente ce travail de recherche dans l’idée de revenir exposer, dans une prochaine édition, des plus grands formats. Je m’intéresse beaucoup à la profondeur de champ, et la travaille avec des nuances de couleurs, dont notamment des zones de la toile que je laisse vides, et donc blanches. Le manque de temps est également un moteur créatif : je dois trouver des solutions pour peindre plus rapidement et cette contrainte est source d’inventivité. »

Gaël Davrinche, Vidovina, huile sur toile, 200x250cm, 2021

Qu’il peigne des portraits, des natures mortes, ou plus récemment des foisonnements végétaux, Gaël Davrinche dresse finalement en creux le portrait de l’homme face à sa propre aventure existentielle et au cycle inexorable de la vie. Un sentiment intime, universel qu’il vient explorer avec beaucoup de poésie.

Parallèlement au Champ des Impossibles, l’artiste expose à la Cuturi Gallery de Singapour des peintures inspirées de motifs de kimonos. Il produira en outre quelques grands formats dans le cadre d’une résidence de 10 jours sur place.

« Le Champ des Impossibles porte bien son nom : on m’a demandé d’y participer au moment où, pour moi, c’était juste impossible, car ayant beaucoup d’autres engagements ! Pourtant, on a réussi à s’organiser, à trouver des solutions ! Je fais de l’art pour me surprendre, je suis à la fois dans l’aventure et l’émerveillement. Toute déconstruction vient avant une reconstruction. J’aime cette mise en danger, cette obligation de trouver des solutions. C’est cela qui me fait avancer. »

Plus d’information : www.lechampdesimpossibles.com

INFORMATIONS PRATIQUES

sam07mai(mai 7)10 h 00 mindim12jui(jui 12)18 h 00 minLe Champ des ImpossiblesParcours Art et Patrimoine en Perche .03Moulin Blanchard, 11 Rue de Courboyer 61340 Perche-en-Nocé


Les samedis et dimanches de 14h00 à 19h00
Entrée 10 euros pour les 17 sites d’expositions du Parcours – tarifs réduits (5 euros) et gratuité jusqu’à 18 ans

Emmanuel Berck
Après une trentaine d’années dans la communication et la traduction, majoritairement dans le secteur des nouvelles technologies, Emmanuel Berck est devenu rédacteur indépendant en 2019. Il accompagne ainsi des entreprises dans l’élaboration de leurs stratégies éditoriales, à travers la rédaction de tribunes libres, de témoignages clients ou d’articles destinés à la presse. Il développe parallèlement une activité de pigiste pour différents magazines locaux ou nationaux, comme « Pays du Perche », « Pando » et « Profession Photographe ». Ses thèmes de prédilection sont l’environnement et la transition agricole, l’évolution climatique et la préservation de la biodiversité, et les enjeux liés à l’alimentation en circuits courts. Installé dans le Perche depuis 20 ans, il s’appuie sur un réseau d’acteurs locaux très divers qui lui permet d’analyser en profondeur les problématiques qu’il traite dans ses articles. Il aime en outre rédiger des portraits mettant en relief le travail de l’artiste ou l’artisan – le geste et les outils – son savoir-faire, son parcours et ses préoccupations actuelles. Emmanuel a réalisé 11 portraits d’artistes du Champ des impossibles.02, publiés dans l’hebdomadaire « Le Perche » durant l’été 2021. Il a également écrit deux entretiens avec deux artistes du Champ des impossibles, à paraître aux Editions Filigrane.

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