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Pour sa première carte blanche, notre invité de la semaine, le co-fondateur et directeur artistique de La chambre claire Galerie, Alain Eudot, a souhaité débuter par la présentation de cette jeune galerie douarneniste. Ouverte en 2019, ce nouveau lieu consacré à la photographie présente chaque année au public, quatre expositions. Si la crise sanitaire est venue perturber la programmation du début, chaque rendez-vous vous embarque dans l’univers d’un·e photographe singulier·e. Aujourd’hui, nous vous donnons l’occasion de dévoiler les coulisses de la création de cette galerie !

La chambre claire Galerie

Aujourd’hui j’ai envie de vous parler, peut-être immodestement, de cette aventure qu’est La chambre claire Galerie, à Douarnenez… de notre démarche, à ma compagne Martine Chapin et moi-même, des découvertes et des rencontres qu’elle nous a permises et du plaisir que nous avons à les faire partager.

Au commencement, bien que gourmands d’expositions, de festivals, de livres photographiques, il faut bien dire que l’autre côté du miroir nous était totalement inconnu. Mais qu’à cela ne tienne, une audace et un alignement de planètes nous ont amenés à acquérir un local dans le centre de Douarnenez que nous dédierons donc à la photographie.

Avec une envie folle de faire venir au bout de cette terre de l’Ouest des photographes dont nous aimons les travaux qui ne sont pas toujours faciles à découvrir ou redécouvrir et acquérir loin des grands centres urbains.

Je ne sais pas si nous pouvons parler de « ligne éditoriale » dans ce que seront nos choix mais une constante sûrement nous anime : l’émotion. Une émotion portée par l’imaginaire, la liberté, le rêve, la poésie… sans préjuger des techniques photographiques que les uns et les autres mettent en oeuvre.

L’aventure est donc lancée…

© Christine Lefèbvre

Sur le blog « L’intervalle » de notre ami Fabien Ribéry, nous découvrons son article sur L’entre temps (Filigranes Editions, 2017) de Christine Lefèbvre où « L’éphémère rencontre l’atemporel dans une perception très sensualiste du monde ». Et nous devons avouer qu’exposer en premier une femme photographe n’était pas pour nous déplaire, les créatrices ayant, encore aujourd’hui, toujours plus de difficultés à se faire reconnaître que leurs homologues masculins.

Une première prise de contact et, surprise, Christine accepte sans sourciller, heureuse d’inaugurer une nouvelle galerie évidemment inconnue puisqu’encore inexistante.

Ce sera la première d’une suite de belles rencontres…

© Christian Poncet

Viendra Christian Poncet dont une amie qui venait d’arriver à Douarnenez en provenance de Sète, nous a raconté qu’elle y avait croisé ses photographies dans une exposition qui l’avait beaucoup touchée. Internet nous a alors permis d’aller découvrir son univers qui nous a immédiatement séduits. Et contact pris, l’« accroche » avec Christian Poncet s’est avérée solide… avec une première rencontre physique inopinée et improbable à la galerie Les Douches à Paris… mais c’est une autre  (incroyable) histoire, qui serait trop longue à développer ici.

Ce qui nous a touchés dans les photographies de Christian Poncet, c’est qu’elles sont immédiatement attirantes, souvent nostalgiques comme si elles prêtaient matière et forme à l’écho de nos souvenirs.

Nous tendons donc à rencontrer d’abord les œuvres avant leurs auteurs, même si nous n’en faisons pas une règle absolue. Et ces rencontres se font quand les photographies laissent place à l’imaginaire, la réflexion (dans tous les sens du terme), l’évasion, le hors-champ, l’introspection, la délicatesse, la poésie… que nous avons pu trouver dans le regard de ces deux photographes… et dans celui de ceux qui suivront.

Puis nous prenons contact avec le photographe… et le courant passe (et combien est-il passé avec Christine Lefèbvre et Christian Poncet…) ou pas. Nous ne pourrions envisager d’exposer des photographies, quand bien même elles nous parleraient, sans cela.

Et ce sera donc le cas pour…

© Patrick Le Bescont

Patrick Le Bescont (dont je parlerai bientôt, en tant qu’éditeur…) et ses « Échos du silence », une cantate du bout des doigts que son œil a capturée sur les bords du Saint Laurent et par qui François Cheng à la rencontre de « Rimouski » s’est laissé prendre.

© Stéphane Mahé

Stéphane Mahé dont nous avions découvert le travail aux Promenades photographiques de Vendôme. Avec sa série « Somewhere » et le livre éponyme publié aux Éditions de Juillet, comment ne pas se laisser porter par la profondeur de ces noirs où parfois une note rouge ponctue un lointain espoir ? Une invitation à l’ailleurs ?

J’ai peur d’être trop long si je continue cette liste à la Prévert que je vous impose… mais je veux quand même citer tous nos « invités » avec qui de si beaux moments ont été partagés, avec qui des liens se sont tissés souvent, avec qui, à travers leurs photographies, nous vivons chaque fois 6 semaines à la fin desquelles la séparation est toujours difficile, quand l’heure du décrochage arrive…

Il y aura donc eu :

© Sophie Patry

Sophie Patry qu’un ami commun nous fit connaître. « L’avenir est aux fantômes » disait Jacques Derrida. Les photographies de Sophie en sont pleines… de fantômes et d’avenir.

Julie Aybes qui vécut un temps à Douarnenez, aux prises de vue instinctives, qui se laisse traverser par ce qui arrive au monde, attentive à ce qui survient.

© Julie Aybes

© Laure Maugeais

Laure Maugeais chez qui le regard se fait complice de celui de l’enfant et qui nous donne à rencontrer ces couleurs chatoyantes et veloutées pour mieux éveiller notre sensibilité. Elle passait un jour, avec sa fille, nous voir à la galerie…

… et encore…

© Sara Imloul

Sara Imloul toute en discrétion lors de notre première rencontre mais si chaleureuse et dont la puissance d’écriture ne cesse de nous époustoufler…Chez qui l’image photographique attise la confusion des temps. Dont les touches introspectives et surréalistes de ses séries « Das Schloss » et « Passages » nous ont tant touchés.

Éric Pillot dont nous avons découvert le travail chez… Christian Poncet et qui, dans sa série in situ, nous donne à penser l’animal, celui que l’on préserve comme un joyau avec la peur de le voir disparaitre de notre mémoire… Cet animal que donc je suis », comme s’amuse à le dire Derrida.

© Eric Pillot

© François Sagnes

François Sagnes rencontré sur la route d’Islande à Saint-Malo alors que je partais pour un long temps sur cette ile lointaine, et retrouvé grâce aux Éditions Créaphis chez qui nous étions pour les Échos du silence de… Patrick Le Bescont. Avec sa chambre, dans ses Seuils et ses Marbres, François Sagnes capte la lumière, immédiatement, le photon seul est burin, pointe sèche, pinceau… une lumière que nous avons suivie..

Irène Jonas dont les « Crépuscules » aux Éditions de Juillet nous ont captivés et que nous avons rencontrée un soir chez des amis… Irène Jonas photographie en toute discrétion. Ses photos peintes révèlent son écoute des gens, des paysages, où l’esthétique est toujours présente, comme une consolation de l’indicible.

© Irène Jonas

© Michel Monteaux

Michel Monteaux qui nous contactait une première fois sur la toile avant d’entrer un jour dans la galerie. Le courant est passé très vite. Son travail sur la trace et le déchet, au delà d’une première approche esthétique traduit une idée du vivant, de ces 10 000 êtres au monde qui nous entourent et qui sont aussi là dans les « traces négligées de l’histoire qui nous habite et nous est commune » et que révèle la série Matters Matter

La Femme au sac à main, 1987 © Dolorès Marat

Et Dolorès Marat que nous avons croisée dans ses livres avant de rencontrer cette femme à la force fragile, d’une générosité relationnelle qui en a surpris plus d’un lors de sa présence à Douarnenez notamment après la projection du film de Thomas Goupille « Dolorès » dont nous avions organisé la projection en partenariat avec le cinéma Le Club de Douarnenez (Ce fut leur plus belle projection de l’été….). La restitution de ses émotions à travers la totalité de ses photographies, cette offre d’elle même, sans filtre, ont touché, transporté, ému, jusqu’aux pleurs parfois, les si nombreux visiteurs auxquels nous avons eu le bonheur de proposer ses oeuvres.

Puis viendront en cette année 2023 Dana Cojbuc découverte aux Confrontations photographiques de Gex, Colette Pourroy rencontrée à Paris Photo 2019, Corinne Mercadier dont une photographie sur les murs de l’appartement de Christine Lefèbvre fut notre premier contact, et Christian Poncet à nouveau qui amorcera, avec de nouvelles photos, un cycle sur le long terme de retrouvailles à la galerie. Comme la trace d’une fidélité qui nous importe.

http://lachambreclairegalerie.fr

CETTE ANNÉE À LA GALERIE :

sam08avr(avr 8)10 h 30 minsam20mai(mai 20)19 h 00 minDana CojbucPhotographiesGalerie - La chambre claire, 3, rue Voltaire 29100 Douarnenez

sam10jui(jui 10)10 h 30 minsam15jul(jul 15)19 h 00 minColette PourroyPhotographiesGalerie - La chambre claire, 3, rue Voltaire 29100 Douarnenez

sam29jul(jul 29)10 h 30 minsam09sep(sep 9)19 h 00 minCorinne MercadierÉtoile du soirGalerie - La chambre claire, 3, rue Voltaire 29100 Douarnenez

sam25nov(nov 25)10 h 30 min2024sam06jan(jan 6)19 h 00 minChristian PoncetMain StreetGalerie - La chambre claire, 3, rue Voltaire 29100 Douarnenez

La Rédaction
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