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Le Jeu de Paume propose au public parisien de découvrir la première grande exposition posthume consacrée à Frank Horvat qui avait été présentée l’été dernier, au Château de Tours. Cette expo monographique, curatée par la commissaire Virginie Chardin, cible une une période particulièrement productive du photographe que sont les années 1950 à 1965. Pour cette version parisienne, on y découvre également des travaux entièrement inédits. En parallèle, le Jeu de Paume vous propose l’exposition du photographe et réalisateur néerlandais, Johan van der Keuken. À voir, jusqu’au 17 septembre prochain.

© Frank Horvat, Coco Chanel, fashion designer, watching her fashion show, 1958, Paris, France

 

© Frank Horvat, Chapeau Givenchy, Paris, pour Jardin des Modes, 1958

Frank Horvat, Deborah Dixon sur les marches de la Piazza di Spagna, haute couture italienne, Rome, Italie, pour Harper’s Bazaar, 1962

« J’étais le libérateur, le croisé, qui allait libérer les femmes de toutes ces conventions, de toutes ces perruques, de tous ces maquillages, de toutes ces poses stéréotypées. J’allais montrer la vraie femme » Frank Horvat

L’exposition proposée par le Jeu de Paume Paris après le hors les murs au Château de Tours, a la particularité par rapport à d’autres rétrospectives, de se focaliser sur les 15 premières années de son parcours, en 1950 (rencontre à Paris avec Cartier Bresson) et 1965 (sommet de sa carrière dans la mode avec Harper’s Bazaar). Une période charnière retracée à partir de 170 images et 70 documents d’archives conservés par sa fille dans sa maison atelier de Boulogne dont certains jamais montrés.

© Frank Horvat, Grand magasin, Tokyo, Japon, 1963

© Frank Horvat, Combat de boxe entre enfants, Lambeth, Londres, Angleterre, 1955

Francesco Horvat né à Abbazia (Italie) en 1928, doit se réfugier en Suisse avec sa mère à Lugano. Il étudie à Milan et se lance dans le monde de la publicité sans apprécier. Il décide de devenir photographe. Il commence à publier pour les journaux Epoca. Die Woche et Sie und Er en signant Franco Horvart. Il rencontre Cartier Bresson à Paris en 1951 qui lui conseille de se mettre au Leica. Il part en Inde et au Pakistan pour un voyage initiatique. L’une de ses images est sélectionnée par Edward Steichen pour la fameuse exposition « The family of man » au MoMa, son destin est joué ! Après l’Asie et un passage à Londres il s’établit à Paris recevant une commande du magazine Réalités d’une enquête sur le proxénétisme. Il explore le monde de la nuit qui le fascine et réalise une série au cabaret de strip tease le Sphinx où il est admis en coulisses. Il devient membre de l’agence Magnum où il ne restera pas. Le spectateur devient un voyeur, un thème qui l’habite et le poursuit. Il fait l’acquisition d’un téléobjectif Novoflex, passionné par les nouveautés techniques et prend des vues de Paris Innovantes. Camera lui consacre 20 pages et il est exposé à la première Biennale de Photographie de Venise. William Klein, suite à ses images, lui présente Jacques Moutin, le directeur artistique du Jardin des Modes. Il pose ses conditions : lumière et décors naturels, appareil petit format, mannequins sans maquillage outrancier. Le style reportage est ainsi décliné et fait recette. Horvart collabore pour le Vogue anglais et Harper’s Bazaar, le graal. Il recherche des mannequins atypiques prêts à s’adapter à un style plus naturaliste qui tranche avec les codes telles que Nico, Deborah Nixon pu Anna Karina. Mais suite à une rupture familiale et professionnelle, il décide de quitter la mode et part faire un tour du monde à la suite d’une commande du magazine allemand Revue sur 12 villes non européennes : Le Caire, Tel Aviv, Calcutta, Sydney, Bangkok…Mélancolie, échange des regards, solitude, dans des variations hallucinées. Mais Revue ne gardera qu’une petite partie de cet opus et les tirages restent en sommeil dans des boîtes. Pouvoir les découvrir est donc un évènement.

Johan van der Keuken Wij zijn 17, 1955 Collection Universitaire Bibliotheken Leiden © Noshka van der Lely

Johan van der Keuken : Le rythme des images

« J’ai été formé par la tradition de l’oeil vagabond et solitaire – un mythe que j’avais fait mien depuis mon adolescence. » Johan van der Keuken

Avec le photographe et cinéaste néerlandais Johan van der Keuken, il s’agit d’une découverte pour le public français. L’artiste a 12 ans lorsqu’il est initié par son grand père à la photographie et il publie son première livre de photographie à seulement 17 ans. Il vient à Paris un an plus tard, suivre des études à l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques. Le parcours alterne images et court-métrages, van der Keuken choisissant le médium photographique dans les années 1960 et privilégiant le film expérimental à partir des années 1970 et 80.

Johan van der Keuken Logement pour étudiant Weesperstraat, Amsterdam 1966 Collection Het Nieuwe Instituut, Rotterdam © Noshka van der Lel

Chaque film introduit une salle suivante. Le son, la musique font partie intégrante de sa narration. La vitalité et l’énergie de la ville l’inspire : Paris, Amsterdam, New York. La recherche de l’état émotionnel et de l’impulsion, les instantanés de rue, le rythme rompent avec une narration linéaire. Il est un grand admirateur du cinéma de la Nouvelle Vague. Le cadre, la fenêtre, le corps, la surface vide et plane constituent son vocabulaire plastique. Il se tourne vers des sujets engagés et politiques dans les années 1970 et 80 anticipant des enjeux géopolitiques devenus essentiels de nos jours.

INFORMATIONS PRATIQUES

lun12jui(jui 12)11 h 00 mindim17sep(sep 17)19 h 00 minFrank HorvatPhotographiesJeu de Paume, 1, place de la Concorde 75008 Paris

lun12jui(jui 12)11 h 00 mindim17sep(sep 17)19 h 00 minJohan van der KeukenJeu de Paume, 1, place de la Concorde 75008 Paris

ÉGALEMENT

sam01avr14 h 00 minsam02sep(sep 2)19 h 00 minFrank HorvatPARISCentre photographique Rouen Normandie, 15, rue de la Chaîne 76000 Rouen

sam10jui(jui 10)14 h 00 minsam09sep(sep 9)19 h 00 minFrank HorvatNew YorkLes Douches la Galerie, 5, rue Legouvé 75010 Paris

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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