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En décembre 2021, Viviane Esders, collectionneuse et experte en photographie, créé un fonds de dotation dans le but de primer chaque année, un photographe européen. Ce prix qui porte son nom s’adresse aux photographes indépendants en activité et non représentés de plus de 60 ans. Un choix parfaitement assumé par la fondatrice du prix, qui souhaite mettre en lumière le travail des photographes qui sont peu soutenus. C’est le photographe italien, Mario Carnicelli, qui avait ouvert le bal en remportant l’édition inaugurale, et c’est le photographe français Pierre de Vallombreuse qui remporte le prix de cette seconde édition !

Chiapas, Mexique, 1998 © Pierre de Vallombreuse / Lauréat du Prix Viviane Esders 2023

Ils étaient 5 photographes en lice* pour remporter les 60.000€, le jury** composé de six personnalités du monde de la photographie et de la culture accompagné de Viviane Esders, a choisi de récompenser le travail de Pierre de Vallombreuse, qui met l’Humain au cœur de son œuvre. Un choix qui ne s’est pas fait sans difficulté face à la qualité et la pluralité des dossiers présélectionnés. Pierre de Vallombreuse a soufflé ses 61 bougies le 23 juillet dernier. C’est Joseph Kessel, romancier, reporter et aventurier mais aussi grand ami de ses parents, qui lui donne l’envie d’être un témoin de son temps.
En 1984, il rentre à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris avec l’idée de faire une carrière de dessinateur de presse. Un voyage à Bornéo l’année suivante va bouleverser le cours de sa vie avec la rencontre des derniers nomades de la jungle : Les Punans. D’artiste sédentaire, il devient alors un témoin nomade. La photographie sera son mode d’expression.
Après Bornéo, il découvre aux Philippines, dans la jungle de l’île de Palawan, une vallée qui va structurer une très grande partie de son existence. Cela fait 34 ans qu’il raconte la vie de ses habitants, autrefois isolés, depuis longtemps exposés. Il a vécu avec eux plus de quatre ans, lors de 23 voyages, et continue à documenter son évolution.

Peuple Basque Bilbao, 2006 © Pierre de Vallombreuse / Lauréat du Prix Viviane Esders

Depuis 1986, il témoigne inlassablement de la vie des peuples autochtones sur les cinq continents. Il a constitué un fond photographique unique, en constante évolution, de plus de 140 000 photos sur 42 peuples, rendant ainsi hommage à la précieuse diversité du monde. Pierre de Vallombreuse nous fait découvrir la réalité complexe de leurs modes de vie et défend le respect et la juste représentation de ces populations fragilisées, dont l’héritage nous est vital, loin de la représentation exotique auxquels ils sont trop souvent réduits. Ces populations sont trop souvent les premières victimes de génocides, de guerres, d’idéologies racistes, de prédations économiques, de pénuries alimentaires, de désastres écologiques et de « l’intégration désintégrant » dont parle Edgar Morin dans la préface de son livre « Peuples ». Autant de questions cruciales qui, loin d’être cantonnées à ces territoires plus ou moins reculés, concernent notre humanité. La réalité qu’il nous montre à travers la photographie n’est pas exotique mais celle de leur combat pour survivre.

* Les photographes finalistes étaient Jean-Claude Delalande, Markéta Luskačová, Payram, Pierre de Vallombreuse et Nancy Wilson-Pajic.

**Le jury était composé par Antoine de Galbert (mécène et collectionneur), Anny Duperey (écrivaine et comédienne), Atiq Rahimi (romancier et réalisateur), Françoise Reynaud (historienne de la photographie, conservatrice au musée Carnavalet), Isabella Seniuta (curatrice indépendante), Maria Finders (curatrice Luma days pour Arles) aux côtés de Viviane Esders.

http://pierredevallombreuse.com
https://prixvivianeesders.com/

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Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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