Hannah Villiger

Réunissant une centaine d’oeuvres et de documents issus de la collection du Musée national d’art moderne et de celle de la fondation Estate Hannah Villiger, cette exposition monographique consacrée à l’artiste suisse Hannah Villiger est la première d’une telle envergure en France. Elle rend hommage à une pratique artistique oscillant entre sculpture et photographie, au début des années 1970 jusqu’au milieu des années 1990.

L’exposition présente plusieurs acquisitions récentes du Musée national d’art moderne, permettant de revenir sur les périodes clés du parcours de l’artiste. Diplômée en sculpture de l’École des arts appliqués de Lucerne (Suisse) en 1974, Hannah Villiger (1951-1997) est rapidement reconnue sur la scène internationale. Elle s’inspire alors de l’arte povera et de l’art conceptuel, en utilisant des objets simples et des matériaux naturels dans ses créations. D’abord utilisé pour documenter ses oeuvres, le médium photographique devient central dans sa pratique artistique. Avec un appareil 35mm, elle réalise plusieurs séries de photographies en noir et blanc de divers éléments naturels en mouvement (plume, balle, oiseau, eau…). Puis, avec un appareil Polaroid, elle donne à voir son corps de manière fragmentaire. Les images instantanées petit format en couleur qu’elle obtient sont rephotographiées puis agrandies au centuple : « Les photos doivent être grandes pour que je puisse entrer en elles. », écrit-elle dans un de ses carnets de notes. Vers 1984, elle commence à donner le nom de Skulptural à ses oeuvres, insistant ainsi sur le rapport de l’image à la sculpture. Plus tard, elle assemble ses photographies grand format en des Blocks monumentaux, réalisés à partir de montages Polaroid, dont une sélection est également montrée dans l’exposition. Le parcours présente aussi un ensemble de carnets et d’ephemera (cartons d’invitations, affiches).

L’oeuvre entier d’Hannah Villiger se développe en écho à ceux réalisés par ses contemporaines, telles Valie Export, Cindy Sherman, Martha Wilson ou encore Orlan, mais semble dépourvu de problématiques identitaires ou de revendications ouvertement féministes. Se définissant toujours comme une sculptrice, elle n’a de cesse de chercher, avec ses photographies agrandies et présentées dans des ensembles dynamiques, à révéler les propriétés intrinsèques d’un corps matériau anonymisé, modelé par l’enregistrement mécanique. La mise en espace de ses photographies dans le lieu d’exposition fait partie intégrante de son oeuvre, tout comme sa dimension performative.

La carrière de Villiger se poursuit à Paris à partir de 1986. L’artiste participe dans les années 1990 à de nombreuses expositions internationales et représente le pavillon suisse à la Biennale de São Paolo en 1994. Une importante rétrospective, accompagnée d’un catalogue raisonné de son oeuvre, lui a été consacrée à la Kunsthalle de Bâle en 2001.

Photo : Hannah Villiger, « Arbeit / Work », 1980 © Foundation The Estate of Hannah Villiger