Mécanique d’une ville

Comment la ville moderne s’est-elle construite ? Quelles relations s’établissent entre le centre historique et les faubourgs ? Quelle empreinte l’évolution de la société entre la XIXe et le XXe siècle laisse-t-elle sur l’architecture et l’urbanisme ?

L’exposition Mécanique d’une ville interroge le développement de la morphologie des villes du XIXe au XXe siècle. L’histoire et l’architecture des faubourgs du Mans est à ce titre un exemple de construction d’une ville moderne. En effet, l’industrialisation progressive entraine le développement de ville. De nouveaux habitats, des équipements sportifs, de loisirs et de cultes se construisent alors et transforment le paysage urbain. Photographies, documents d’archives, maquettes, vidéos-témoignages, pastilles sonores au ton décalé… permettent de retracer le déploiement du Mans, de la manufacture des tabacs à la piscine des Sablons, de la maison « mancelle » à la Tour Cristal, et dressent ainsi un panorama complet de l’histoire contemporaine et architecturale des faubourgs manceaux.

Comment est-on passé, en l’espace de deux siècles, d’un territoire essentiellement rural à un territoire densément urbanisé ? Comment le périmètre du Mans n’a cessé de s’étendre, au point que les périphéries occupent désormais 74% du territoire manceau actuel ? L’exposition explore les raisons de cette extension urbaine aux XIXe et XXe siècles en s’appuyant sur les recherches menées pendant six ans par le service patrimoine de la Région Pays de la Loire qui a déployé une vaste opération d’inventaire.

En s’éloignant du centre pour se concentrer sur les périphéries, l’exposition renouvelle le regard porté sur la ville contemporaine. Elle en dévoile les mécaniques : le développement des industries et des équipements (sportifs, culturels et de divertissement) mais aussi l’évolution de l’habitat (de la maison individuelle aux grands ensembles). En analysant les faubourgs, Mécanique d’une ville révèle un patrimoine parfois méconnu et pourtant déterminant pour comprendre le Mans d’aujourd’hui et, plus largement, la ville moderne. On y découvre une architecture variée, marquée par l’empreinte de l’habitat ouvrier mais aussi par la reconstruction d’après-guerre dessinée par l’architecte Pierre Vago – élève d’Auguste Perret.

Le parcours invite à la découverte du patrimoine industriel, des premières entreprises familiales aux grandes industries nationales. Fonderie Chappée, usine Bollée, Manufacture des tabacs… rappellent la position de carrefour essentielle du Mans et son rôle dans le développement et la recherche dans le secteur automobile et aéronautique. Du tissage à l’usine Renault, c’est l’histoire industrielle française des XIXe et XXe siècle que l’on découvre.

La séquence suivante ouvre sur un autre aspect important de cette période : le développement de la société de loisirs avec l’apparition d’équipements sportifs, culturels et de divertissement dans les faubourgs. Le jardin des plantes dont le projet s’est inscrit dans la mouvance des jardins à l’anglaise du XIXe, la piscine dite Tournesol et sa coupole, le basket club de Saint-Pavin ou encore l’église du ChristSauveur, nous racontent cette histoire.

Ces grandes périodes influencent aussi l’habitat manceau, dernière séquence de l’exposition : les « mancelles » ( dont le nom est dérivé de la ville), les « Leroy et Haricot », les cités jardins, les grands ensembles…C’est l’évolution de l’habitat qui se dessine ici avec la découverte de pépites architecturales qui reflètent également l’histoire du territoire.

Un grand espace ludique est aménagé autour de l’exposition avec jeux de constructions, manipulations, œuvres réalisées par les habitants des quartiers… permettant de rendre accessible ce sujet à tous les publics.

Cette exposition s’inscrit dans le cadre d’une convention de coopération avec le service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire qui a déployé une vaste opération d’inventaire (2018-2024) axée sur l’étude des faubourgs manceaux et l’implantation de l’habitat dans ces zones.

Commissariat
Commissariat général : Julie Bouillet et Emily Rawlinson Mazeri, attachées de conservation du patrimoine, Musées du Mans
Commissariat scientifique : Marie Ferey, chercheuse au service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire

Photo : Conductrice et receveuse devant le tramway 1935 © Musées du Mans – Région Pays de la Loire – Inventaire général