Mars, 2021

Roger Catherineau ou l'irréalisme

jeu11mar(mar 11)14 h 00 minsam03jul(jul 3)19 h 00 minRoger Catherineau ou l'irréalismeLes Douches la Galerie, 5, rue Legouvé 75010 Paris

Détail de l'événement

En créateur éclairé et exigent, il va durant une quinzaine d’années travailler la matière argentique comme un peintre sa toile. « Son objectif est pour lui un instrument d’expression identique au crayon du dessinateur ou au pinceau du peintre »5. Il considère « la photographie comme art à part entière, débarrassé des impératifs de la reproduction ou de l’interprétation du réel »6. Dans la production de Roger Catherineau, on parle d’ailleurs plus aisément de créations photographiques que de photographies.
Dans une plaquette présentant son travail, il défend l’idée que la photographie prend « place parmi les autres moyens d’expression : dessin, gravure, sculpture peinture… pour créer des images.
»7 Il résume ainsi sa vision : la photographie est créatrice d’image, elle ne les capte pas.
Dans son travail, « le pittoresque, l’anecdote sont exclus »8. Considérant que la photographie est devenue une industrie, il en catégorise ses producteurs : les « commerçants » qui s’enrichissent, « les purs » qui se ruinent avec passion, et les « autres » qui tuent le temps en essayant de le fixer (en référence aux nombreux photographes amateurs, organisés en clubs). Il est certain que Roger Catherineau se range dans la deuxième catégorie. À la fin des années 50, il déplore le flot d’images, réfute la locution « photographie d’art », « l’enseigne de médiocres commerçants de photo-souvenirs ou d’identité. » Déjà, il regrette la méconnaissance des maîtres : Atget, Stieglitz, Weston, et le manque de considération de la photographie dans les institutions françaises qui pourraient être une mémoire de cette « immense aventure9» qu’est la photographie. Elle est une pratique artistique qui doit être aussi bien traitée que les autres.
Reconnu par un premier prix à Saarbrücken dans l’exposition de Subjektive Fotografie II, il expose régulièrement dans différents salons avec des bonheurs aléatoires : les jurés de sélection ne retiennent qu’une ou deux de ses photographies, déroutés par leur modernité si éloignée « des couchers de soleil, des nénuphars ou des groupes de clochards »10 qui peuplaient encore les sélections. « La photographie est une écriture de lumière, selon la définition propre. S’il est permis à tous d’écrire, y a-t-il pour autant beaucoup d’écrivains véritables ? Puisse la création photographique pure être une Poésie pouvant se passer du Verbe ! »11
Pour lui, le travail se fait dans la chambre noire, c’est une « obligation d’effectuer soi-même tous les travaux de laboratoire », car cela « aide à pénétrer plus avant le fantastique du réel du Grand Meaulnes »12. Pour Catherineau, les frontières s’estompent : les sujets sont à la fois animaux, végétaux — le coeur de son oeuvre —, matières organiques, objets industriels, et ainsi « l’homme rejoint le verre, la peau devient fibre ». Le plus souvent, partant de la nature, il aboutit à l’abstraction pure.
Clairvoyant sur la spécificité de son oeuvre et probablement conscient d’une fin proche, Roger Catherineau a pris le soin de classer en une dizaine de planches l’évolution de ses recherches.
Document précieux pour le chercheur d’aujourd’hui, cette succession de 150 vignettes nous offre une vision, un choix des oeuvres emblématiques de sa production et un parcours édifiant de ses recherches plastiques. À la réflexion de Guy Moinet dans l’un des premiers articles consacrés à Catherineau, « l’avenir nous dira si les recherches que Catherine au poursuit actuellement avec une caméra présenteront le même intérêt, la même réussite artistique. N’en doutons pas ! »13, on constate aujourd’hui que dans la dizaine d’années qui lui restait à créer, ses recherches sont devenues oeuvres et ont tenu bien plus que leurs promesses.
Éric Rémy
Commissaire de l’exposition

Photo : Roger Catherineau
Luminogramme, n.d. & Photogramme, c.1957-1958
Tirage d’époque, réalisé par l’artiste
Tampon de l’artiste au verso
© Roger Catherineau /Courtesy Les Douches la Galerie, Paris

Dates

Mars 11 (Jeudi) 1 h 00 min - Juillet 3 (Samedi) 6 h 00 min(GMT-11:00)

Les Douches la Galerie5, rue Legouvé 75010 ParisOuvert du mercredi au samedi de 14h à 19h ou sur rendez-vous

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