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Contretype – le Centre pour la photographie contemporaine à Bruxelles, présente les six lauréats de la seconde édition d’archipel, un projet visant à soutenir la jeune photographie sur les territoires bruxellois et francophone. Suite à un appel à projets lancé l’été dernier, ce sont près de 100 dossiers qui ont été examinés pour choisir les six séries qui vont être exposés à partir de vendredi sur les cimaises de Contretype, une exposition qui s’inscrit dans le programme de la huitième édition du festival Photo Brussels. Découvrez les projets primés de Francesca Comune, Aubane Filée, Lilly Lulay, Juliet Merie, Pascal Sgro et Antonin Weber.

Ce sont six photographes de moins de 40 ans qui ont été sélectionné·es par un jury d’expert·es pour la diversité, la qualité et la pertinence de leurs recherches. Photo, vidéo et installation sont les moyens qu’ielles ont choisis pour parler de leur rapport au monde, entre témoignage documentaire et approche poétique, résonances intimes et confrontation à des problématiques sociétales, questions de genre ou d’économie de l’image. Chacun·e développe des choix esthétiques et formels singuliers et adaptés à sa recherche. Il s’agit de donner à voir une photo (partielle!) de ce qui se joue ici et maintenant dans le monde de l’image, de donner à voir comment celle-ci s’adresse au monde, par un éventail d’approches singulières.

No one can move this house, 2024 © Francesca Comune

Napolitaine d’origine, ancienne étudiante à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, Francesca COMUNE poursuit une recherche à la fois documentaire et poétique qui pourrait s’apparenter à un processus archéologique. Elle interroge les strates d’histoire, d’activités humaines et de paysages qui composent l’environnement dans lequel elle a grandi. Cet enchevêtrement de couches et d’affleurements se traduit par une installation, No one can move this house, que le public est invité à traverser, sorte d’architecture ou de grille de lecture qui offre la possibilité de multiplier les points de vue et de perception.

Nous sommes légitimes, 2022 © Aubane Filée

Diplômée de l’ESA Saint-Luc à Liège et poursuivant des études en cinéma à l’INSAS à Bruxelles, Aubane FILEE développe un travail à caractère politique et militant. Pour archipel_1, elle présente l’installation multimédia Nous sommes légitimes, à mi-chemin entre photo et vidéo, qui traite des agressions sexuelles et qui entend donner voix à des victimes souvent ignorées. Elle choisit ses médiums en fonction du message à partager. Il s’agit pour elle de « produire pour se libérer des affects refoulés, des conflits (in)conscients, des événements traumatiques. »

Digital Dust, 2018 © Lilly Lulay


Lilly LULAY
partage sa vie entre Bruxelles et Francfort. Son travail, déjà largement présenté au niveau international mais pour la première fois à Bruxelles, se construit sur une analyse des médias et des flux d’images qui font interface entre la sphère privée et la sphère publique. Sa série Digital Dust peut se définir comme un autoportrait par défaut, constitué par l’accumulation de toutes les images stockées sur son smartphone en une année. Elle est un amalgame organisé d’images fragmentaires et semitransparentes. Elle interroge la subjectivité de la mémoire individuelle face aux technologies de la reconnaissance et de l’identification, invitant le spectateur à regarder au-delà des écrans. Elle aborde les questions de l’(in)visibilité et de l’(in)transparence au sein de la nouvelle économie de l’image.

Hosted by red dust, 2024 © Juliet Merie

Juliet MERIE présente un travail entre photo et littérature, qui interroge l’idée de “faire lieu”. Sa proposition, Hosted By Red Dust, porte sur la question du paysage. Mais il est clair qu’il ne s’agit pas de faire écho au style “pictural”, assimilé aux jardins ou au paysagisme, mais bien à la question du lieu, du site, de l’environnement. Mettant en tension photographie et langue, elle invite le regard à participer à l’établissement d’un espace de vie et de contemplation. Elle cherche à créer des objets, textes et images qui offrent la possibilité d’espaces aux propriétés mentales, narratives, poétiques et poïétiques.

Le Jardin du lunch, 2023 © Pascal Sgro

Pascal SGRO présente un ensemble de photographies intitulé Le jardin du lunch, réalisées dans une cafétéria de grande surface. Il s’efforce de saisir le caractère profond de cet endroit, de peindre une image de son atmosphère unique. Cet endroit, immuable si ce n’est désuet, est une source de souvenirs et d’émotions personnelles en même temps qu’il est le théâtre d’une humanité que Pascal SGRO documente, à la fois tendre et amusée. Un peu comme la fameuse émission de télévision Strip Tease, Le jardin du lunch pourrait être un documentaire dans lequel le commentateur s’effacerait pour laisser parler les protagonistes d’une vie de tous les jours, d’une intimité quotidienne.

Les Masculinités © Antonin Weber

Enfin, l’ensemble Les masculinités d’Antonin WEBER, inspiré par une réflexion de l’écrivaine féministe Virginie Despentes constitue une ambitieuse recherche à caractère sociologique sur la question de la virilité. Il interroge notre notion de la masculinité à travers les histoires intimes d’hommes qui essaient, à leur manière, de déconstruire leur genre ou au contraire, de suivre les normes sociétales pour « être de vrais hommes ». Antonin WEBER tente d’établir un dialogue entre nos différentes perceptions de la masculinité.

(textes par Olivier Grasser, Directeur de Contretype).

INFORMATIONS PRATIQUES

ven12jan(jan 12)12 h 00 minlun25mar(mar 25)18 h 00 minarchipel_1Exposition collectiveContretype - Centre pour la photographie contemporaine à Bruxelles, Cité Fontainas, 4 A - 1060 Bruxelles

jeu25jan12 h 00 mindim25fev18 h 00 minPhotoBrussels Festival 08hangar photo art center gallery, 18, Place du Châtelain 1050 Brussels

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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