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Pour sa troisième carte blanche, notre invité de la semaine, Florent Basiletti, Directeur de la Fondation Manuel Rivera-Ortiz, partage avec nous les coulisses de la création artistique. Il a choisi deux artistes qui réalisent des explorations singulières étonnantes : Pepe Atocha et Alice Pallot. Pour sa série Chi Del Monte, Pepe utilise des procédés photographiques alternatifs pour créer des images anti-numériques en plein cœur de la forêt amazonienne. Et pour Algues Maudites, a sea of tears, Alice dévoile les coulisses de son exploration des recherches scientifiques, notamment sur les algues vertes qui prolifèrent en Bretagne…

En tant que curateur, je découvre souvent les coulisses de la création artistique. Aujourd’hui, je vous partage ma fascination pour les carnets d’artistes, les ateliers et leurs expérimentations. Découvrez avec moi deux artistes explorant le rapport au vivant à travers des backstages révélant des créations sensibles et poétiques sur un monde en évolution, où le vivant s’entremêle à l’homme. Des algues maudites à la création d’images de feu, plongeons ensemble dans ces deux explorations in situ.

Chi del monte © Pepe Atocha

Chi del monte © Pepe Atocha

Pepe Atocha vit et travaille à Tarapoto, en Haute-Amazonie. La forêt amazonienne devient son laboratoire, utilisant des procédés photographiques alternatifs pour créer des images anti-numériques, il développe la série Chi Del Monte. Après une retraite d’ayahuasca, il a eu la vision de créer des photographies avec le feu, capturant l’énergie dans l’obscurité. Les images témoignent de son engagement à explorer de nouvelles techniques dans la photographie contemporaine, avec des détails ludiques et symboliques. Chi, signifiant « flamme » en langue Shipibo, rappelle que la vie est un feu éternel. La série reflète son cheminement, marqué par des erreurs, mais guidé par une quête de compréhension du naturel et du spontané. Les Kichwa Lamistas nomment la nature « El Monte », un lieu de dialogue avec les esprits.

Expérimentation et création de Pepe Atocha

Expérimentation et création de Pepe Atocha

Expérimentation et création de Pepe Atocha

Expérimentation et création de Pepe Atocha

Exposition de Pepe Atocha

À travers ces images, Pepe nous dévoile les coulisses de son travail réalisé à la fin de décembre 2023. Il nous présente son équipement pour la cueillette des champignons, le tabac local utilisé pour la protection, ainsi que les feuilles de coca pour l’énergie. Son laboratoire au cœur de la forêt devient le lieu où l’homme et la nature se confondent.

© Pepe Atocha

Pepe parle d’une énergie qui habite, nous habite, entre la terre et l’air, des énergies que l’on ne voit pas, mais présente dans ces images ainsi presque distinguables.

Algues maudites, a sea of tears © Alice Pallot

Algues maudites, a sea of tears © Alice Pallot

Algues maudites, a sea of tears © Alice Pallot

Alice Pallot explore l’impact des activités humaines sur l’environnement à travers un documentaire d’anticipation, Algues Maudites, a sea of tears. Ses photographies, teintées d’imaginaire science-fictionnel, révèlent des problématiques souvent ignorées, offrant une vision d’un futur proche. Initié lors de la Résidence 1+2 en collaboration avec le Centre Wallonie-Bruxelles et soutenu par WBI, ce projet a été réalisé en deux phases, en Bretagne avec l’association Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre, puis à Toulouse avec les scientifiques du CNRS Occitanie-Ouest.

Expérimentations Back Stage durant la résidence 1+2 d’Alice Pallot

Expérimentations Back Stage durant la résidence 1+2 d’Alice Pallot

Expérimentations Back Stage durant la résidence 1+2 d’Alice Pallot

Alice nous dévoile les coulisses de son exploration des recherches scientifiques, notamment sur les algues vertes qui prolifèrent en Bretagne, engendrant des problèmes environnementaux et sanitaires. L’installation vivante d’algues qu’elle prépare, axée sur l’accident scientifique, sera réalisée au printemps pour la Villa Pérochon.

Algues Maudites, a sea of tears, présente des chapitres narratifs mêlant témoignages, constats, expérimentations, documents scientifiques et imaginaires poétiques. En évoquant la toxicité imperceptible des algues et en capturant des milieux anoxiques, Alice Pallot confronte le spectateur à la fragilité et à l’imprévisibilité du monde naturel, soulignant l’effondrement de la biodiversité et de ses écosystèmes. À travers le film « Anoxie verte », elle interroge les conditions futures d’habitabilité de la terre, utilisant la pollution visuelle comme un filtre photographique pour repousser les limites du médium photographique.

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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