Les lauréates 2024 des Bourses d’aides à la création du festival ‘Les Femmes s’exposent’ révélées 3 jours ago
Masterclass Oeildeep : Softness Will Set You Free, un refuge dans la couleur par Maude Girard 29 novembre 2024
Du côté des galeries : Heidi Bucher, Jacqueline de Jong, Simone Breton & friends, Photo days… 7 heures ago
Art Antwerp 2024 : Maurice Verbaet Gallery « Masters of Antwerp », Interview Sibylle Cosyn, directrice 1 jour ago
Partager Partager Temps de lecture estimé : 6minsDans le cadre du Symposium organisé par l’Observatoire des Nouvelles écritures de la photographie documentaire Photo Doc, jeudi 10 octobre autour de la thématique « Créer en Anthropocène », Christine Delory-Momberger partage avec nous la chronique de l’ouvrage « Les ruines circulaires » publié chez Dunes avec les travaux d’Orianne Ciantar Olive. Lors de cet événement, l’artiste plasticienne sera aux côtés d’Anaïs Tondeur (lire l’interview publié hier) et des deux chercheurs de renom Jean-Philippe Pierron, philosophe du vivant et Michel Agier, anthropologue. Astre © Orianne Cianta Olive Ce feu dans ta main © Orianne Ciantar Olive Orianne Ciantar Olive emprunte le titre d’une courte et énigmatique nouvelle de Jorge Luis Borges Les ruines circulaires pour nommer son livre, récemment paru aux éditions Dunes, tout aussi étrange et subtil, qu’elle définit comme « un essai photographique à mi-chemin entre récit métaphysique et documentaire ». Si l’on entre comme dans un rêve dans le récit de Borges, ce sont les yeux grands ouverts et les sens en alerte que l’on aborde le territoire iconique et textuel d’Orianne Ciantar Olive. Il nous faut d’abord trouver la voie de sa propre traversée, de son enquête, les images ne se donnent pas, elles s’esquivent si l’on s’en approche trop légèrement et les textes poétiques ne se livrent pas si l’on en fait une lecture trop hâtive. C’est avec patience, humilité et respect que s’embrasse ce corpus. Couverture du livre On peut entrer par le milieu dans ce livre tenu par une spirale et ce sont les yeux brûlants de la réverbération du soleil sur les pages d’un rouge brillant trouées d’or et de violet que l’on commence à tracer ses lignes de regard et de lecture. Un poème accroché là comme un avis de passage, nous prévient que « les héros meurent parce que le soleil tourne, tourne autour du soleil, qui lui-même se meurt ». Choisir de s’aventurer plus avant est une affaire sensible car ce n’est pas seulement le récit de l’enquête d’un désastre jusqu’à son origine, jusqu’au mur de séparation de Kfar Kila dans le Sud-Liban, c’est aussi l’histoire d’une artiste qui emprunte trois identités différentes pour pénétrer le cœur de son terrain, qui ne fait aucune concession. Elle est tour à tour Lina Bitar, Orianne Olive et Marianne Ciantar. Quelles qu’en soient les raisons réelles et objectives de prudence, ces identités fictives – dont on reconnaît dans deux d’entre elles le nom tronqué de l’artiste – amènent des biographies qui ont sans doute chacune leur part de vérité. S’agirait-il, au-delà de l’enquête de terrain, également d’une enquête intérieure qui la tramerait et l’organiserait discrètement, souterrainement ? Cet ancrage nominatif semble être en creux de ce travail, l’accompagnant dans un pistage original des lieux de violence, d’occupation et d’exils forcés qui traversent de manière cyclique ce territoire. Chaque image de ce livre, chaque mot et chaque phrase crient la révolte contre l’absurde et l’horreur de territoires ravagés et de vies sacrifiées, c’est un travail hautement politique qui ne montre pas et ne dit pas de manière ostentatoire mais qui invite le regardeur et le lecteur à venir partager dans le sensible la sidération d’une artiste affectée et engagée devant le cours d’une histoire sanglante qui se répète indéfiniment. Le souffle (le port) © Orianne Cianta Olive En mon nom, la bombe © Orianne Ciantar Olive Les images sont comme des prises, des captations de pans rapprochés d’éboulements, de portes fantomatiques, de personnages errants, de désertifications urbaines, de paysages tremblés. La crainte et la peur transpercent ces images témoignant de l’agonie d’un pays et d’un peuple otages d’un conflit qui ne trouve pas son terme. Pour rendre compte de cela, Orianne Ciantar Olive ne pouvait s’en tenir à des images lissées et elle est entrée dans un corps à corps avec la matière, retournant ses pellicules, procédant à des solarisations et accueillant les accidents photographiques comme autant de retournements pour faire émerger cet autre versant d’une histoire torturée et insensée d’un pays qu’elle nomme Nabil, nom inversé du Liban. Le feu et la cendre frappent les images, on y cherche des braises qui couveraient l’espoir d’un retournement possible d’une politique meurtrière mais ce sont les sirènes de la catastrophe imminente qui hurlent tout au long de ce livre. Les prostrés © Orianne Ciantar Olive Le marc de café © Orianne Ciantar Olive Les poèmes sont sertis entre les images dans une délicate orfèvrerie, comme de petits encarts qui seraient les balises d’un chemin qu’il ne faut pas quitter pour percevoir jusqu’au bout la profonde et durable désolation qu’engendre la folie des guerres. Les mots jaillissent dans une incandescence sublime : « La mort, elle, est grise. Comme les murs des camps, comme les champs de ruines. Comme le visage de l’enfant, sorti de son dernier abri ». Ce chemin part et mène jusqu’au mur de séparation Kfar Kila placé à l’ouverture de ce livre et « des montagnes à la mer, tout au long du mur, des visages peints, verts, rouges, bruns, apparaissent sous le soleil blanc ». Ruines circulaires, éternel recommencement de l’histoire et comme dans la nouvelle de Borges où le protagoniste inverse le cours du récit en comprenant soudain « que lui aussi était une apparence, qu’un autre était en train de rêver » ; happés par une plongée en apnée dans les images et les textes, nous entrons dans cette histoire devenue la nôtre et une fois le livre refermé, nous sommes cette histoire. A l’infini des ruines se trouve l’envisagement d’une barbarie qui n’a plus de camp, qui peut frapper partout où l’hybris du profit écrase l’altérité, où ne se crée aucune alliance avec le vivant, où la déraison l’emporte sur les égards d’attention, où la colère fait loi, où le bruit et la fureur étouffent la petite musique de la vie. Merci à Orianne Ciantar Olive de nous avoir ouvert le chemin. INFORMATIONS PRATIQUES Orianne Ciantar Olive Les ruines circulaires Dunes Editions Langue : Français – Anglais 138 pages 52 photographies couleurs 22 photographies en N&B Format : 16 x 24 cm Reliure : spirale Design graphique : Bureau Kayser Édition de 1000 exemplaires ISBN : 978-2-9576132-2-9 59€ https://fr.dunes-editions.com/lesruinescirculaires https://orianneciantarolive.format.com/ L’ÉVÉNEMENT Symposium « Créer en Anthropocène » Enquêtes, alliances et retournements nouveaux récits photodocumentaires Le 10 octobre 2024 de 9h30 à 17h La Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord Auditorium. 20, avenue George Sand 93210-Saint-Denis Intervenants : Jean-Philippe Pierron, philosophe du vivant et Michel Agier, anthropologue en dialogue avec deux artistes visuels : Anaïs Tondeur, artiste chercheure et Orianne Ciantar Olive, artiste plasticienne. Conception / organisation Christine Delory-Momberger & Valentin Bardawil Inscription obligatoire : https://forms.gle/6HXjjxNhw7FpQCq59 Favori1
L'Invité·e Carte blanche à Aurélie Voltz : Alain Kirili, Défi de l’apesanteur Pour sa troisième carte blanche, notre invitée de la semaine, Aurélie Voltz – directrice du musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne ...
L'Interview Fermeture de la Galerie Le Réverbère : Rencontre avec Frédéric Bellay Après une annonce abrupte au début de l’été de l’arrêt de la galerie Le Réverbère après 43 ans d’activité, nous avons décidé ...
L'Invité·e Carte blanche à Aurélie Voltz : l’artiste britannique, Charlotte Moth Pour sa deuxième carte blanche, notre invitée de la semaine, Aurélie Voltz – directrice du musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne ...
Les lauréates 2024 des Bourses d’aides à la création du festival ‘Les Femmes s’exposent’ révélées 3 jours ago
Masterclass Oeildeep : Softness Will Set You Free, un refuge dans la couleur par Maude Girard 29 novembre 2024
Du côté des galeries : Heidi Bucher, Jacqueline de Jong, Simone Breton & friends, Photo days… 7 heures ago
Art Antwerp 2024 : Maurice Verbaet Gallery « Masters of Antwerp », Interview Sibylle Cosyn, directrice 1 jour ago