Pour sa 70ème édition, le Prix Nadar organisé par l’Association des Gens d’Images vient de récompenser la dernière monographie de Jean-Michel André, édité par Actes Sud : Chambre 207. Un essai visuel visant à reconstituer la mémoire perdue du photographe suite à un traumatisme de son enfance. Où 40 ans plus tôt, son père se fait assassiner, avec six autres personnes, dans un hôtel sur le chemin des vacances… Un crime resté alors non élucidé.

© Jean-Michel André
Le 5 août 1983, le père de Jean-Michel André est assassiné avec six autres personnes dans un hôtel à Avignon. Ils étaient ensemble sur la route des vacances. L’affaire n’a jamais clairement été élucidée, mais l’enquête a néanmoins fait apparaître un mobile : une tentative de hold-up menée par des malfaiteurs « sans envergure » qui a dégénéré en carnage. Âgé de 7 ans et présent dans une chambre attenante à celle de son père à l’époque des faits, Jean-Michel André, sous le choc, perd la mémoire.
Quarante ans plus tard, il revisite et photographie des lieux qu’il a pu – ou qu’il aurait pu – traverser avec son père. Il mêle éléments d’enquête, archives de presse et objets familiaux à ses photographies pour composer un recueil questionnant la mémoire, le deuil et la réparation.
Chambre 207 s’inscrit dans la veine de l’autofiction et repose sur une mémoire réinventée à la suite de ce trauma d’enfance. Le livre, au format A4 – celui des dossiers d’enquête –, est conçu comme un essai visuel qui relève autant de la reconstitution que de la reconstruction. Le récit nous transporte dans une temporalité anachronique, mêlant le futur et le passé de cette nuit tragique. L’auteur développe une quête de vérité qui se transforme peu à peu en délivrance. Son écriture, très poétique, se prête à ces différentes lectures et permet de naviguer dans le temps de cette histoire poignante et ouverte à tous.
– Clément Chéroux

© Jean-Michel André
Jean-Michel André est né à Nantes en 1976. Diplômé de l’école des Gobelins en 2000, il poursuit un travail de création photographique reposant sur une vision politique et poétique du territoire, dont il interroge les limites, la mémoire et les évolutions. Il explore aussi la notion de circulation, et notamment celle des flux économiques, financiers et migratoires. Les questions liées à l’absence, au manque et à la réparation font partie des fils conducteurs de l’ensemble de ses séries. Son travail est diffusé dans le cadre d’expositions, de résidences et de publications en France et à l’étranger. Il fait partie des artistes de la galerie Sit Down. En 2021, son projet intitulé Borders est publié aux éditions Actes Sud et exposé pendant les Rencontres de la photographie à Arles, puis à Paris Photo. En 2022, Jean-Michel André fait partie des lauréats de la Grande commande nationale portée par la BnF et le Ministère de la culture pour réaliser son projet intitulé À bout de souffle, récompensé en 2023 par le Prix Maison Blanche. Chambre 207, sa dernière monographie, est publiée aux éditions Actes Sud en octobre 2024.
On retrouve la série primée exposée au Musée de Hospice Comtesse à Lille jusqu’au 2 février prochain mais aussi à Paris, à l’occasion de l’exposition collective « La Photographie à tout prix » à la BnF du 10 décembre au 30 mars 2025.
Les ouvrages finalistes du prix :
– Collectionner les tombes, le Fonds André Chabot, édité par les Editions Païen
– Les souvenirs des autres de Akihiko Okamura, édité par EXB
– Mister K de Sylvie Meunier, édité par EXB
– Here in absence de Mikael Siirilä, édité par IIKKI
– Wild Grass de JT, édité par La Maison de Z
– Soledades de Gilles Roudière, édité par lamaindonne
– La disparition Annette Zelman, été 42 de Jacques Sierpinski, édité par Les Éditions de Juillet
– L’ARBRE MACHINE Un monde en mue de Sylvie Bonnot, édité par Loco
– Okame de Hideoki, édité par the(M)
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