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« Histoire(s) sans fin » est la toute dernière exposition présentée à la Galerie Le Réverbère, à Lyon. Catherine Derioz et Jacques Damez ont annoncé avant l’été la fermeture définitive de la galerie après 43 ans d’activité. Un arrêt aussi triste que brutal. Après avoir interrogé les premiers photographes de la galerie, nous poursuivons avec un nouvel entretien avec le photographe belge Thomas Chable, représenté par la galerie depuis 2005 qui revient sur cette aventure photographique et se confie sur l’arrêt du Réverbère.

Série L’ombre des jours
Ela-Woha, Ethiopie, 2010
© Thomas Chable / Courtesy Le Réverbère

Série L’ombre des jours
Korem Ethiopie 2018
© Thomas Chable / Courtesy Le Réverbère

Ericka Weidmann : Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Catherine et Jacques et comment avez-vous intégré la galerie ?

Thomas Chable : Alors, notre rencontre s’est faite de manière un peu due au hasard mais c’est aussi de choper l’occasion qui se présente .En 2002, j’expose avec Pol Pirard à l’école nationale de photographie à Arles, à cette occasion, une personne prend contact avec la galerie Le Réverbère pour acquérir une photographie, cette personne à mon avis connaissait bien le Réverbère et avait confiance en eux. C’est comme ça que nous sommes rentrés en contact, Catherine et moi mais ça a pris du temps, je n’étais pas chez moi à ce moment, en voyage en Afrique donc pas joignable et lorsque j’ai enfin pris connaissance du mail venant de la galerie j’ai été très surpris du chemin, pourquoi le Réverbère alors que c’était une galerie belge (Les Brasseurs) qui avait organisé l’exposition ?
J’apprendrai plus tard alors cette notion de confiance galeriste/collectionneurs/photographes. Ensuite il faut dire que cela faisait un petit temps que j’avais envie de rentrer en contact avec eux, et là c’est une démarche difficile, délicate mais il y avait alors une ouverture (j’avais à l’époque pris quelques râteaux, fait des rencontres sans lendemain si on peut dire).
Toujours est-il que j’ai fini par leur répondre et cela s’est passé ma foi assez simplement, j’en ai profité pour leur faire part de mon désir de venir chez eux, leur présenter mon travail ce à quoi ils m’ont répondu que bien sûr avec plaisir.

Série Site de Lucy
Hôtel du vieil Italien, Ela-Woha, Éthiopie, 2008
© Thomas Chable / Courtesy Le Réverbère

Série Site de Lucy
Hôtel du vieil Italien, Ela-Woha, Éthiopie, 2008
© Thomas Chable / Courtesy Le Réverbère

Série Odeur d’Afrique
Bobo Disalasso, Brukina Faso, 1996
© Thomas Chable / Courtesy Le Réverbère

Je suis donc descendu à Lyon, au 38 rue Burdeau, passé la porte de la galerie, reçu par Catherine assise derrière son bureau et Jacques, sur les marches de l’estrade. Ils ont longuement et tranquillement regardé mes photos, on a pas mal parlé de la photographie belge et pour finir par m’entendre dire que c’est pas évident d’inclure un nouvel artiste dans une galerie mais qu’ils me gardaient là dans un coin de leur tête à voir ce qu’ils pourraient bien faire avec moi. Bon encore un coup dans l’eau que je me suis dit.
Mais quand même ils m’ont logé chez eux, alors que l’on se connaissait pas .Bien reçu, bien dormi, bien repu, je suis reparti sans grand espoir d’exposer là dans cette galerie dont j’appréciais certains photographes qu’ils exposaient, j’avais fait en tout cas une belle rencontre avec Catherine et Jacques.
Le temps passe et puis environ deux ans près, Catherine me téléphone et me fait alors la proposition d’exposer en duo avec Arièle Bonzon, j’en suis resté sans voix, évidemment tellement c’était sorti de ma tête de travailler avec eux.
Et c’est ainsi que je me suis retrouvé à exposer avec Arièle en 2005 et par la suite avec les autres photographes présents à la galerie. Comme quoi !

© Thomas Chable / Courtesy Le Réverbère. Série exposée lors du mois de la Photo « Photo Brussels Festival »

© Thomas Chable / Courtesy Le Réverbère. Série exposée lors du mois de la Photo « Photo Brussels Festival »

© Thomas Chable / Courtesy Le Réverbère. Série exposée lors du mois de la Photo « Photo Brussels Festival »

E. W. : Que représente pour vous cette collaboration ?

T. C.: Oui, on a tous besoin de visibilité, de sortir notre travail de notre atelier et là les galeries ont leur importance. Mais pas n’importe quelle galerie, pas celle qui nous regarde de haut mais s’abaisse pour ramasser l’argent.
Rue Burdeau, on trouve des personnes sérieuses, de confiance, ce qui est important lorsque l’on travaille sans filet, autant eux que nous et ça les collectionneurs ou amateurs d’art qui les connaissent le savent. Il y a au Réverbère un contrat tacite entre nous donc on est dans une relation de confiance réciproque. Il y a une ligne donnée, qui en fait une « famille » de photographes que je découvre alors, ils suivent notre parcours, toujours intéressés par ce que l’on fait. Et c’est aussi une ouverture à travers cette riche diversité de photographes qu’ils défendent et représentent. On s’entent bien, à échanger gâteaux, photos et histoires de vie.
On défend la même chose, il y a peu de concession faite rue Burdeau.

E. W. : Comment voyez-vous la suite, sans Le Réverbère ?

T. C. : Cela a été une très belle histoire, pas totalement finie d’ailleurs puisque même la galerie fermée, les liens noués continuent d’exister. Et je ne vais pas me mettre à la recherche d’une autre galerie, d’une autre famille, je risque d’être vraiment déçu, ce qui n’empêche pas une collaboration ponctuelle avec le privé ou le public. Par exemple, il est prévu une exposition à la galerie Baxton à Bruxelles en février 2025, avec Serge Clément et Jean-Claude Palisse, en collaboration avec Le Réverbère.
J’irai marcher dans les bois, faire du canoë sur les rivières avec ou sans appareil photo.

INFORMATIONS PRATIQUES

ven20sep(sep 20)14 h 00 minsam28déc(déc 28)19 h 00 minHistoire(s) sans finExposition collectiveGalerie Le Réverbère, 38 rue Burdeau 69001 Lyon


BIENTÔT EN JANVIER :

jeu23jan12 h 00 mindim23fev18 h 00 minPhotoBrussels Festival 09hangar photo art center gallery, 18, Place du Châtelain 1050 Brussels

A LIRE
Galeries photo : des fermetures en cascade…
La fin d’une utopie. Rencontre avec Catherine Derioz et Jacques Damez de la Galerie Le Réverbère

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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