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L'Invité·e Carte blanche à Anne de Mondenard : Eugène Atget à la fondation Henri Cartier-Bresson La Rédaction24 novembre 2020 Partager Partager Temps de lecture estimé : 4minsPour sa première carte blanche, notre invitée de la semaine, la conservatrice en chef du patrimoine, responsable des collections photographiques et images numériques du Musée Carnavalet, Anne de Mondenard, nous parle de l’exposition consacrée à Atget qui aurait dû ouvrir ses portes à la Fondation Henri Cartier-Bresson le 17 novembre. Face à la crise sanitaire, de nombreux événements du mois ont été annulés ou reportés. Anne de Mondenard, nous dévoile cet immense projet d’exposition… La semaine du 9 novembre devait être pour moi celle de l’accrochage, avec Agnès Sire, de l’exposition « Atget, voir Paris » à la Fondation Henri Cartier-Bresson. Pendant deux ans, nous avons regardé ensemble plus de 9000 tirages conservés dans les réserves du musée Carnavalet pour en choisir 145. Ce projet est né grâce à Agnès Sire qui souhaitait depuis longtemps faire une exposition Atget et prendre le temps de regarder des tirages originaux de ce photographe érigé en père de la modernité et dont l’œuvre ne cesse de hanter de nombreux photographes, critiques et historiens. J’étais forcément partante pour cette aventure qui me permettait de poursuivre la découverte de la collection très volumineuse du musée, estimée à 150 000 pièces. Notre projet, dès le début de notre exploration, était de partager, à travers une exposition et un livre, la dimension poétique de l’œuvre. Je me souviens de la confidence de Philippe Néagu, alors conservateur au musée d’Orsay, qui, m’interrogeant sur mes goûts en photographie avant de m’accueillir pour un stage de fin d’études, m’avait lancé : « pour moi, le plus grand c’est Atget ». Il était alors en train de défendre l’acquisition d’un nu, dont la date de prise de vue (1921) dépassait les limites chronologiques du musée. Il savait que le musée national d’Art moderne (en 1990) ne se serait jamais lancé dans l’acquisition d’un Atget. Il en avait fait un argument qui a été entendu. J’ai eu la chance de le côtoyer à Orsay, ainsi que Françoise Heilbrun. Tous les deux ont œuvré avec détermination pour que la photographie trouve sa place dans les musées. Et tous ceux qui s’occupent de photographie dans les musées en France aujourd’hui ne le savent peut-être pas mais leur doivent quelque-chose pour ne pas dire beaucoup. Avec Agnès Sire, nous avons flâné dans les tirages d’Atget, comme le photographe dans les rues de Paris. Nous avons ouvert quelque 180 boites et fait de belles découvertes. Un tiers des tirages (2868 pour être précise) avait à peine été étudié, n’avait été ni publié ni exposé. Les 145 tirages choisis, tous restaurés, montés et encadrés étaient prêts à partir pour la Fondation quand le 2e confinement a été annoncé. L’exposition est donc reportée. La date d’ouverture n’est pas encore fixée et dépendra de l’évolution de la pandémie. Mais le livre qui accompagne l’exposition est prêt. Édité par l’Atelier EXB, il n’offre pas seulement une très belle couverture, il cherche aussi à approcher au mieux la matérialité des photographies. Pour Atget c’est presque une première. L’impression est en couleurs et les bords irréguliers des tirages n’ont pas été recoupés pour en faire des rectangles parfaits. Ce travail est celui d’une équipe : Nathalie Chapuis (éditrice), Line Célo (graphiste), Charlotte Debiolles (fabrication) sans oublier Daniel Regard. Il a pu vérifier les gravures à côté des originaux qui venaient de passer entre les mains attentives et expertes de l’Atelier de restauration et de conservation des photographies de la ville de Paris (ARCP). J’espère que le plaisir que nous avons eu à construire ce bel album sera partagé. Le livre s’ouvre avec une citation de Pierre Mac Orlan à propos d’Atget publiée dans le Crapouillot en 1929 et qui répond bien à notre projet : « La photographie n’est pas un art de luxe. Ce n’est pas non plus un art populaire. C’est une apparition assez récente de la poésie dans un monde qui aime encore les poètes à la condition qu’ils ne soient pas absolument ceux qu’il a connus. » Il se ferme sur un texte de Peter Galassi qui explore les liens entre Atget et la génération de photographes qui lui a succédé, et en particulier le jeune Henri Cartier-Bresson. Son texte annonce le second volet de notre collaboration avec la Fondation Henri Cartier-Bresson : une exposition sur l’importance de Paris dans l’œuvre de Cartier-Bresson. Les deux expositions devaient initialement se tenir en même temps. Celle consacrée à Cartier-Bresson et Paris est maintenant prévue au printemps 2021 en même temps que la réouverture du musée Carnavalet rénové. Le livre est en cours de finition. À suivre donc. INFORMATIONS PRATIQUES – LIVRE Voir Paris Eugène Atget Textes d’Anne de Mondenard, Agnès Sire et Peter Galassi Editions EXB 21 x 26 cm Environ 170 photographies 224 pages ISBN 978-2-36511-281-9 42€ – EXPOSITION Fondation Henri Cartier Bresson79, rue des Archives 75003 Paris jeu03jui(jui 3)11 h 00 mindim19sep(sep 19)19 h 00 minVoir ParisEugène AtgetFondation Henri Cartier Bresson, 79, rue des Archives 75003 Paris Détail de l'événementEnviron deux générations séparent les deux photographes. Le premier, Eugène Atget, abandonne sa carrière de comédien, le deuxième, Henri Cartier-Bresson, celle de peintre, au profit d’un art relativement nouveau, l’enregistrement Détail de l'événement Environ deux générations séparent les deux photographes. Le premier, Eugène Atget, abandonne sa carrière de comédien, le deuxième, Henri Cartier-Bresson, celle de peintre, au profit d’un art relativement nouveau, l’enregistrement photographique. Dans une double exposition exceptionnelle et des approches inédites, la Fondation HCB (du 17 novembre 2020 au 21 février 2021) et le musée Carnavalet – Histoire de Paris (au printemps 2021), s’associent pour montrer, à partir de leurs collections, l’essence de la capitale dans l’oeuvre de ces deux grandes figures de la photographie française. Henri Cartier-Bresson, subjugué par l’approche d’Eugène Atget, l’imitera jusqu’au moment où il découvre le Leica et pratique l’image à la sauvette. « Prendre la poudre d’escampette » après avoir enregistré ce qu’il a vu, comme le disait souvent Cartier-Bresson, reste sa provocation favorite alors que pour Atget, dès l’aube, son lourd chargement sur le dos, l’enregistrement est très réfléchi ; on y devine peu de hasards mais un plaisir de la vision qui s’affirme avec le temps. Atget, plus intéressé par la ville, depuis l’architecture la plus classique jusqu’aux cours les plus reculées, a mis en images de façon obsessionnelle un Paris marqué par l’histoire, proposant ses tirages à des peintres ou des bibliothèques. Les personnages qui s’invitent dans le cadre se fondent dans le décor. Henri Cartier-Bresson, après avoir fréquenté les surréalistes dans les années vingt, se découvre voyageur au long cours, avec Paris comme port d’attache. Plus que la ville, c’est l’Homme qui l’intéresse, il le saisit dans la rue ou à l’occasion de rencontres. Son boitier ne le quitte pas, photographier est une respiration, une affirmation, une protestation parfois, avec de temps en temps une velléité documentaire mais sans satisfaction. Atget n’a rien dit ou presque sur son travail. Des propos rapportés ont servi à définir un projet essentiellement documentaire mais son approche directe et emprunte de poésie a fasciné nombre de ses contemporains, d’où les commentaires les plus contradictoires sur cette oeuvre atypique. Cartier-Bresson, dont le musée Carnavalet possède une belle collection, a beaucoup commenté son travail et surtout en opposition à ce que l’on voulait lui faire dire. Il en résulte une autre complexité confirmée par l’examen de ses archives conservées au sein de sa fondation. Photographes, Atget et Cartier-Bresson sont aussi de grands lecteurs. Ces deux figures foncièrement indépendantes, un brin austères, n’ont cultivé ni concepts intellectuels ni principes artistiques pour se fonder sur la valeur de l’expérience. Ils invitent à exercer notre regard, à considérer la complexité de ce monde comme la source même de notre faculté imaginaire. L’Histoire a voulu que ces deux oeuvres, émancipatrices de la photographie, soient d’abord reconnues aux États-Unis, avant de laisser chacune une postérité immense. Les deux commissaires ont voulu que cette sélection originale reflète la dimension poétique des deux auteurs. À l’occasion de la réouverture du musée Carnavalet et du deuxième anniversaire de l’arrivée dans le Marais de la Fondation HCB, c’est une célébration de Paris par des regards singuliers, un siècle avant qu’elle ne devienne la ville la plus photographiée au monde. COMMISSARIAT DES DEUX EXPOSITIONS Anne de Mondenard, responsable du département Photographies et Images numériques, musée Carnavalet – Histoire de Paris Agnès Sire, directrice artistique, Fondation HCB DatesJuin 3 (Jeudi) 22 h 00 min - Septembre 19 (Dimanche) 6 h 00 min(GMT-11:00) LieuFondation Henri Cartier Bresson79, rue des Archives 75003 Paris Fondation Henri Cartier Bresson79, rue des Archives 75003 ParisLa Fondation est ouverte du mardi au dimanche de 11h à 19h. Plein tarif 10 € / Tarif réduit 5 € (sur justificatif) Get Directions CalendrierGoogleCal Related Events Revoir Paris 14 Juin 2021 23 h 00 min - 31 Octobre 2021 7 h 00 min Favori1
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