Entrer dans l’œuvre de Frédérique Petit, c’est pénétrer dans un monde bien particulier où alternent des pièces textiles – broderies en ombres chinoises, tapisseries minuscules –, des pièces construites avec des cailloux ramassés au hasard de ses promenades, des nids en fil de fer, des cocons en fer à béton, etc. Tessons de terre cuite, silex bien ronds, morceaux de papiers peints anciens, fragments de faïence sont autant de moyens pour l’artiste de remonter le temps, afin de constituer une archéologie toute personnelle des petites choses du quotidien – la « petite histoire », l’histoire ordinaire ou l’art de tous les jours.
« Je suis une plasticienne touche-à-tout, explique-t-elle le sourire toujours aux lèvres, j’ai toujours eu du mal à entrer dans des cases… Si j’ai démarré avec le tissage et la tapisserie, par exemple en reproduisant des fragments de papiers anciens qui décoraient jadis ma maison, l’utilisation du fil de fer m’a permis de travailler en volume et le passage du fil de fer au fer à béton s’est fait naturellement. Mon travail est fait d’explorations, je ne peux pas me limiter à exploiter la même veine toute ma vie. Alors j’emprunte des chemins buissonniers, en revenant de temps en temps sur la route principale. »
De la broderie au fer à béton tressé
La démarche de Frédérique Petit n’est en rien conceptuelle, mais avant tout instinctive. Elle se dit guidée par le thème plutôt que le matériau. Qu’elle brode un long morceau de tissu blanc, avec un fil de soie noir pour ébaucher une longue frise en ombre chinoise symbolisant les paysages percherons et ses haies à la fois fragiles, élégantes et mystérieuses, qu’elle torde et soude des fers à béton pour construire des huttes ou des nids hébergeant des pierres rondes, ou qu’elle assemble des fragments de matériaux avec du fil de fer, Frédérique Petit célèbre la nature et nous transmet son émerveillement. « Il convient de rester modeste. Tout cela, la nature le fait toute seule. Pour moi, ce travail n’a rien d’artificiel. Je le fais car je sens quelque chose, des ondes, comme une connexion et un besoin de la matérialiser. Je suis instinctivement en prise avec la matière. Le regard commande le cerveau qui, à son tour, commande le geste. »
Dans les jardins du Château de Maison-Maugis, sont exposées des œuvres monumentales de Frédérique Petit : huttes, nids et cocons en fers à béton tressés. Dans une pièce du château, des sphères suspendues évoquent le jeu des planètes, la gravitation et la légèreté. Comme un instant d’histoire suspendu. Dans le logis seigneurial de Préaux, elle présente une série d’objets, faits de fragments d’objets anciens et vestiges naturels, assemblés avec des fils de fer ; là encore une évocation du nid, du cocon, où le fil de fer n’enferme pas mais protège, et où l’artiste joue avec la notion du temps. Un peu comme quand elle collecte, dans sa cour, des cailloux de couleurs différentes pour créer un calendrier personnel, où le hasard devient nécessité.
En réalité, Frédérique Petit nous engage à aller voir derrière la ‘banalité’ des objets que l’on croise tous les jours, leur étrangeté, leur singularité et ce qu’ils portent de chacun de nous, si on sait les regarder sans a priori.
INFORMATIONS PRATIQUES
Dans le cadre du Champ des Impossibles.02, Frédérique Petit expose à la Mairie de Préaux-du-Perche et au Château de Maison-Maugis (Cour-Maugis-sur-Huisne), tous les week-ends de 14 à 18h30.
Infos : www.lechampdesimpossibles.com