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Le Champ des Impossibles.03, dont la thématique centrale est l’arbre, se déroule jusqu’au 12 juin 2022. Chaque jour, nous vous proposons le portrait d’un artiste du Parcours Art & Patrimoine en Perche .03 rédigé par Emmanuel Berck. Aujourd’hui on retrouve Frédérique Petit, artiste plasticienne, musicienne et brodeuse, installée depuis 25 ans dans le Perche Sarthois.

Après des études de musique (piano, orgue et direction d’orchestre), Frédérique Petit découvre le tissage en observant les anciens métiers à tisser exposés au Musée de l’homme. Elle expérimente et développe plusieurs techniques artistiques, alternant la réalisation de pièces textiles en broderie en noir et blanc ou selon une technique singulière de tapisserie miniature, avec des sculptures de petit et de grand volume : nids en fil de fer,  cocons en fer à béton, dans lesquels elle incorpore parfois des objets trouvés ou des cailloux sphériques, sorte de pierres fossiles ramassées au hasard de ses promenades etc. Chaque création se répondant et tirant parti de la précédente.

Exposition in Situ Eglise Saint Jean La forêt © Olivier Steigel

Au cœur de sa démarche artistique, basée sur l’observation et l’instinct, le fil – qu’il soit de fer, de coton, de soie – est omniprésent. « Mon travail est fait d’expérimentations : j’aime la variété et je change de support pour explorer continuellement de nouveaux horizons. Au départ, je recherche, je tâtonne. Petit à petit un sens se révèle, puis s’impose. Ma démarche n’est pas intellectuelle, mais instinctive. Je ne souhaite pas me cantonner à une technique particulière, j’emprunte des chemins buissonniers en revenant de temps en temps sur la route principale ».

Ainsi, Frédérique Petit a démarré avec le tissage et la tapisserie, puis a travaillé le fil de fer pour ajouter à son travail la troisième dimension (le volume). Par la suite elle a utilisé le fer à béton pour réaliser de grandes sculptures, associant métal et pierre, produisant des huttes et des nids monumentaux. Elle puise principalement son inspiration dans la nature et interroge la relation entre l’humain et l’environnement, dans une démarche sensible d’archéologie personnelle.

Des broderies en silhouette célébrant, entre autres, la haie percheronne

Frédérique Petit, Ombre Chinoise #2 – 115 x 1500 mm – 2008-2009 (c) Jean-Louis Leibovitch

Frédérique Petit, Winterreise #1 -115 x 1500 mm- 2014-2015 (c) Jean-Louis Leibovitch

Dans le cadre du Parcours Art et Patrimoine en Perche .03, Frédérique Petit expose dans l’église de Saint-Jean-de-la-Forêt une série de 6 broderies d’un mètre cinquante de long (sur 11 cm de large) qui symbolisent parfois la haie percheronne et reprennent également des éléments de ses voyages entre Orient et Occident. L’artiste brode sur un voile de coton très clair et lumineux un fil de soie (souvent noir, parfois gris ou sépia, mais toujours monochrome) qu’elle divise pour en varier l’épaisseur, alternant arbres et herbes folles, villages et églises, oiseaux et animaux. Présenté entre deux pièces de verre, suspendu dans l’espace, le résultat, d’une grande délicatesse, évoque la continuité écologique de ces haies que l’on appelle aussi corridors de biodiversité, leur fragilité, leur élégance et leur mystère.

« Au départ, je brode un fil rouge pour m’indiquer la ligne d’horizon, un fil conducteur si j’ose dire. Auparavant, je l’enlevais à la fin du travail. Désormais, je le laisse pour symboliser cette continuité, pour renforcer la cohérence de la pièce. Mais mon effort consiste surtout à rester modeste : tout cela, la nature le fait toute seule ! Moi, je ne cherche qu’à exprimer la connexion que je sens avec les arbres, les haies, les animaux, en prise instinctive avec la matière que je travaille au gré de mon humeur ».

Exposition in Situ Eglise Saint Jean La forêt © Olivier Steigel

A l’église de Saint-Jean-de-la-Forêt, Frédérique Petit expose également une grande tenture de 190×135 intitulée « A quoi rêvent les papillons », positionnée au-dessus de l’autel, ainsi que quelques petites sculptures (des nids et des huttes en fil de fer et de pierres glanées lors de balade dans la campagne percheronne), présentées dans la sacristie. Une évocation du nid, du cocon, où le fil de fer n’enferme pas mais protège, et où l’artiste joue avec la notion du temps, tout en nous engageant à aller voir derrière la banalité supposée des objets.

Les expositions se succèdent pour cette artiste installée à Saint-Cosme-en-Vairais depuis plus de 25 ans : salon « Art Paris » au Grand Palais Éphémère avec la galerie Sit Down ; salon « Drawing Now » avec la galerie Valérie Delaunay ; « La Quinzaine Radieuse » à Piacé ; et une autre exposition du Conseil Départemental de l’Orne à Longny-au-Perche. Dans le cadre de « In Situ » (Drac Pays de Loire) plusieurs ateliers de médiation scolaire sont prévus avec l’artiste pour 2022-23

Plus d’information : www.lechampdesimpossibles.com

INFORMATIONS PRATIQUES

sam07mai(mai 7)10 h 00 mindim12jui(jui 12)18 h 00 minLe Champ des ImpossiblesParcours Art et Patrimoine en Perche .03Moulin Blanchard, 11 Rue de Courboyer 61340 Perche-en-Nocé


Les samedis et dimanches de 14h00 à 19h00
Entrée 10 euros pour les 17 sites d’expositions du Parcours – tarifs réduits (5 euros) et gratuité jusqu’à 18 ans

Emmanuel Berck
Après une trentaine d’années dans la communication et la traduction, majoritairement dans le secteur des nouvelles technologies, Emmanuel Berck est devenu rédacteur indépendant en 2019. Il accompagne ainsi des entreprises dans l’élaboration de leurs stratégies éditoriales, à travers la rédaction de tribunes libres, de témoignages clients ou d’articles destinés à la presse. Il développe parallèlement une activité de pigiste pour différents magazines locaux ou nationaux, comme « Pays du Perche », « Pando » et « Profession Photographe ». Ses thèmes de prédilection sont l’environnement et la transition agricole, l’évolution climatique et la préservation de la biodiversité, et les enjeux liés à l’alimentation en circuits courts. Installé dans le Perche depuis 20 ans, il s’appuie sur un réseau d’acteurs locaux très divers qui lui permet d’analyser en profondeur les problématiques qu’il traite dans ses articles. Il aime en outre rédiger des portraits mettant en relief le travail de l’artiste ou l’artisan – le geste et les outils – son savoir-faire, son parcours et ses préoccupations actuelles. Emmanuel a réalisé 11 portraits d’artistes du Champ des impossibles.02, publiés dans l’hebdomadaire « Le Perche » durant l’été 2021. Il a également écrit deux entretiens avec deux artistes du Champ des impossibles, à paraître aux Editions Filigrane.

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