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Partager Partager Temps de lecture estimé : 8minsLe musée du quai Branly vient de dévoiler les noms des trois lauréat·es de la seconde édition de son prix dédié à la photographie qui vise à récompenser des artistes originaires de l’un des quatre continents représentés dans les collections du musée : Afrique, Asie, Amériques et Océanie. Destiny Deacon (Australie), Mónica Alcázar-Duarte (Mexique / Grande-Bretagne) et Jaisingh Nagaswaran sont les heureux·es lauréat·es, une mention spéciale a été décernée à l’artiste australienne Naomie Hobson. Dans le sillage de son programme de biennales et de résidences photographiques, le musée du quai Branly – Jacques Chirac a lancé en 2022 son Prix pour la photographie, réaffirmant son engagement historique et pérenne au service de la création photographique contemporaine extra-européenne. Les lauréats du Prix pour la photographie du musée du quai Branly – Jacques Chirac 2023 sont Destiny Deacon (Australie) pour son projet Outside Looking In, Mónica Alcázar-Duarte (Mexique / Grande-Bretagne) pour son projet Grandma as a beekeeper et Jaisingh Nagaswaran (Inde) pour son projet Pallivaal (Lizard’s Tail). Les membres du jury ont également décerné une mention spéciale à l’artiste australienne Naomie Hobson pour son projet Adolescent Wonderland. Destiny Deacon Outside Looking In Outside Looking In © Destiny Deacon Outside Looking In est une nouvelle série photographique de Destiny Deacon, dans laquelle elle déploie son humour à travers des compositions figurant des poupées et des personnes proches. Son travail confronte le colonialisme, la souveraineté et le racisme avec un assortiment de kitsch Koorie et des poupées trouvées : « J’ai de la peine pour ces petites poupées qui traînent dans les marchés aux ordures et aux trésors… elles ont l’air tout à fait délaissées. J’ai l’impression de les sauver ». Outside Looking In explore le rôle du regard, le fait d’être sujet et assujetti, l’intérieur et l’extérieur ainsi que les barrières : « La plupart d’entre nous, les autochtones, avons l’habitude d’être dévisagés et regardés avec suspicion et/ou mépris et, dans mes images, j’aime faire allusion au côté sombre de la vie. » Pour le Prix, Destiny Deacon produira de nouvelles images qui déplacent le regard dans un acte de revendication et de réappropriation, mêlant, comme toujours, comédie et tragédie. Elle utilisera des accessoires pour créer des scénarios plein de jeux de mots et d’inversions, d’humour sournois et de références culturelles voilées. Ses photographies mêlent violence et gaieté et rappellent l’histoire du racisme et du génocide en Australie. Réalisé depuis sa maison de Naarm, à Melbourne, le travail de Destiny Deacon interrogera ce qui constitue l’identité aborigène. Pour ce travail, elle reviendra à l’utilisation du Polaroid pour sa rapidité d’exécution afin de dépeindre une vision du monde sombrement comique et idiosyncrasique, et de produire un instantané drôle, parfois absurde, de la vie australienne contemporaine. L’artiste, reconnue pour son humour, mêle souvent tragédie et comédie dans une même image. Dans plusieurs de ses travaux, elle met en scène des poupées, des objets touristiques, des accessoires kitsch, dans diverses situations, pour dénoncer les stéréotypes occidentaux projetés sur les populations aborigènes ou des évènements tragiques de l’histoire australienne (Blak Lik Me, 1991 ; I Seen Myself, 1991). Depuis plusieurs années, Destiny Deacon collabore avec l’artiste et écrivaine Virginia Fraser et crée des installations et des vidéos où sont abordés le racisme et les stéréotypes. Destiny Deacon expose à l’échelle nationale et internationale depuis le début des années 1990, en solo et en groupe. Elle a organisé deux grandes rétrospectives, en 2004 et 2020, au Museum of Contemporary Art de Sydney et à la National Gallery of Victoria à Melbourne. En 2022, elle a reçu le Prix Red Ochre pour l’ensemble de ses réalisations lors de la remise des prix des arts des Premières nations. La même année, ses oeuvres ont été exposées à l’ambassade d’Australie à Paris dans le cadre d’une exposition intitulée Destiny – The art of Destiny Deacon. En 2023, l’artiste fait partie de la Biennale de Sharjah 15, Thinking Historically in the Present. Les oeuvres de Destiny Deacon sont conservées dans la plupart des grandes collections publiques d’Australie, ainsi qu’au Museum Moderner Kunst (MUMOK), Stifting Ludwig, Vienne, Autriche et Museum Sammlung Essl, Autriche. Destiny Deacon est représentée par la Roslyn Oxley9 Gallery depuis 2001. Mónica Alcázar-Duarte Grandma as a beekeeper Grandma as a beekeeper © Mónica AlcázarDuarte Le projet Grandma as a beekeeper porte sur un arbre généalogique déraciné et se compose de trois chapitres principaux, chacun dédié à un lieu différent. Le premier chapitre se situe à Mexico et s’appelle Santa Fe, le deuxième lieu est Gipuzkoa, au Pays basque, d’où son grand-père était originaire. Enfin, le troisième se situe dans les archives d’objets mexicains de la collection du musée du quai Branly – Jacques Chirac. Les trois chapitres forment ensemble la mythologie de son propre sens de l’identité, tel qu’il est vécu à travers un lieu et son environnement, cherchant à comprendre ce que signifie le mestizaje pour l’artiste aujourd’hui et l’impact que cela a sur les questions plus larges, telles que la gestion écologique et les connaissances autochtones dans un contexte contemporain. Mónica Alcázar-Duarte est une artiste visuelle multidisciplinaire mexicobritannique. Dans son travail, elle reconnaît son héritage autochtone tout en explorant les idéaux actuels de progrès. Elle aborde des thèmes liés à la science et à la technologie et à leur influence sur la société et le monde naturel. Elle mélange les images et les nouvelles technologies, telles que la réalité augmentée, pour créer des oeuvres complexes, aux lectures multiples, produisant du sens à travers des récits apparemment déconnectés. Le travail de Mónica Alcázar-Duarte fait référence à l’obsession de la société occidentale pour la vitesse, l’expansion et l’accumulation de ressources comme indice de progrès à une époque où le désastre écologique menace.Elle envisage d’autres façons de voir, de connaître et d’être dans le monde. L’un des derniers travaux de l’artiste, Possible Landscapes, est un projet participatif de réconciliation pour les jeunes en situation de post-conflit. En 2023, elle a été nominée pour le prix Pictet et son travail a été acquis par la V&A Parasol Foundation. Elle a également reçu une bourse du National Geographic Storytelling Grant pour réaliser un film en 2024. En 2022, elle a reçu un prix Wayfinder de National Geographic et obtenu une résidence avec Light Work par l’intermédiaire de la galerie Autograph à Londres. Mónica Alcázar-Duarte a reçu des bourses de la Fondation MEAD, de la Fondation Ampersand, de la Fondation Bar-Tur et du British Arts Council. Ses oeuvres ont été exposées et collectionnées dans toute l’Europe, au Mexique et aux États-Unis, notamment au Museum of Modern Art de New York, à l’Autograph Gallery de Londres et au Wilhelm Hack Museum en Allemagne. Jaisingh Nagaswaran Pallivaal (Lizard’s Tail) Pallivaal © Jaisingh Nagaswaran Le projet Pallivaal (Lizard’s Tail) est né au moment où Jaisingh Nagaswaran décide de tourner l’objectif vers lui-même, pour explorer plusieurs étapes et marqueurs mémoriels de son enfance et de son vécu. À travers ce projet personnel et introspectif, il s’agit de raviver ses expériences dans cet environnement naturel, se remémorer la manière dont sa famille a façonné ses rencontres, interroger sa dyslexie non détectée. Un aspect essentiel de son oeuvre prend racine dans le fait qu’il est issu d’une caste marginalisée, les Dalits, dont plusieurs membres de la famille participèrent à des mouvements visionnaires, mais subirent également une discrimination violente et une humiliation sociale constante. Très tôt il décide de fuir son village natal pour se rendre à Mumbai. Pendant la pandémie de la Covid, il a est forcé de revenir chez lui – il est alors contraint de faire face à sa propre histoire et à sa propre identité. À travers cette série, Jaisingh Nagaswaran revisite les lieux où la photographie l’a conduit et interroge la manière dont cet outil s’est transformé en médium introspectif, lui permettant de renouer avec ses multiples identités. Avec ce travail, l’artiste souhaite se réapproprier les espaces où il a vécu des expériences difficiles dans le passé, tout en se remémorant les souvenirs heureux de sa vie au village. Jaisingh Nageswaran est un artiste visuel autodidacte, basé dans son village de Vadipatti au Tamil Nadu (Inde). Né de parents ouvriers, il a été scolarisé à la maison par sa grand-mère. La pratique de Jaisingh Nageswaran s’articule autour de la documentation des communautés socialement vulnérables et des questions liées à la vie rurale. Finaliste de la bourse Serendipity Arles en 2020, il est un membre actif de 13Jara, un collectif d’artistes, et a travaillé en tant que photographe pour des films en Inde. Jaisingh Nagaswaran a été boursier de la Fondation Magnum pour la photographie et la justice sociale en 2021. Son oeuvre I Feel Like a Fish a été présentée lors de la 13e édition des Rencontres de Bamako, la Biennale africaine de la photographie. La série Lodge est exposée au festival de photographie Kyotographie à Kyoto, au Japon, en 2023. Le Musée du quai Branly annonce son premier Prix pour la photographie Favori0
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