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Cet été, le Prix Leica Oskar Barnack Award a dévoilé les douze finalistes de cette 43ème édition. Les noms des lauréat·es, seront dévoilés par les membres du jury*, lors d’une cérémonie officielle au Leitz Park à Wetzlar, le 12 octobre prochain. En attendant, découvrez les travaux des douze photographes internationaux en lice pour le grand Prix Leica Oskar Barnack Award et pour le prix Newcomer, dédié aux photographes émergents, dotés respectivement de 40.000€ et 10.000€.

Les séries des finalistes seront exposées à partir du 12 octobre au musée Ernst Leitz à Wetzlar. Le ou la lauréaté du Prix Leica Oskar Barnack Award reçoit 40 000 euros et un appareil photo Leica d’une valeur de 10 000 euros ; le ou la lauréate du Newcomer reçoit 10 000 euros et un Leica Q3.

Eric Bouvet : Elévations

© Eric Bouvet

Des montagnes, des glaciers et, inexplicablement, une arrête : en hommage aux débuts de la photographie, le photographe français (né en 1961) travaille depuis trois ans sur cette série en utilisant une chambre 20×25 et un procédé photographique historique du XIXe siècle. Sa vision de la diminution des zones glaciaires et des changements climatiques dans les paysages alpins français autour du Mont Blanc, qu’il a capturés sous forme de sujets monumentaux en utilisant ce procédé élaboré, est d’une grande actualité.

Ismail Ferdous : Plage maritime

© Ismail Ferdous

La vie colorée sur la plage : Cox’s Bazar se trouve à l’extrême sud du Bangladesh. C’est une destination populaire pour une grande partie de la population du pays, qui s’étend le long du golfe du Bengale. Elle est considérée comme un foyer culturel, où des personnes de tous horizons et de toutes conditions sociales viennent chercher quelques instants de détente et de loisirs. Bien qu’il soit actuellement basé à New York, le photographe (né en 1989) est originaire du Bangladesh et est retourné dans cet endroit particulier pour capturer les baigneurs et son ambiance aux couleurs éclatantes.

Johanna-Maria Fritz : Une tombe dans le jardin

© Johanna-Maria Fritz

L’invasion russe de l’Ukraine a commencé le 24 février 2022. Deux jours plus tard, la photographe allemande (née en 1994) commence son travail documentaire dans les zones contestées. Les photos qui composent la série ont été prises en l’espace d’un an, dans des lieux différents, et révèlent les horreurs de la guerre et les conséquences cruelles pour la population. Cet impressionnant reportage jette un regard direct et sans fard sur l’existence quotidienne de personnes qui doivent se battre chaque jour pour leur vie.

Natela Grigalashvili : Les derniers jours des nomades géorgiens

© Natela Grigalashvili

Le photographe géorgien (né en 1965) a observé et exploré les communautés villageoises de l’Adjarie, l’une des régions montagneuses les plus remarquables de Géorgie. Les vieilles traditions et les modes de vie nomades y sont toujours présents, mais les conditions sociales et économiques difficiles entraînent des changements de plus en plus importants dans la région. Les gens partent, des villages entiers sont abandonnés et les anciennes traditions disparaissent peu à peu.

Jonas Kakó : Le fleuve qui meurt

© Jonas Kakó

Le fleuve Colorado coulait autrefois sur 2 000 kilomètres, des montagnes Rocheuses au golfe de Californie, mais ces dernières décennies, l’eau a été détournée au profit de l’agriculture et des grandes villes, entrainant l’assèchement du fleuve à certains endroits. Le photographe allemand (né en 1992) révèle la lutte pour l’eau dont dépendent quelque 44 millions de personnes. L’avenir semble particulièrement sombre pour le peuple indigène Cucapá qui vit dans le delta du Colorado : sans le fleuve, leur culture s’éteindra.

Ziyi Le : Nouveau Venu

© Ziyi Le

Le photographe chinois (né en 1993) a commencé ce projet en utilisant Weibo, un portail de messages courts semblable à Twitter en Chine, où il a trouvé des personnes intéressées par sa série de portraits sensibles. Il trouve que la mise en scène des séances photo représente un reflet de son propre doute, ainsi que le sentiment d’aliénation et de vide croissant. Le résultat est un portrait touchant du « New Comer », une génération à la recherche de son développement personnel et de sa place dans la société.

Edu León : Déterrer la mémoire

© Edu León

Le photographe espagnol (né en 1977) vit en Amérique latine depuis plus de dix ans. Il a photographié cette série dans les régions de Colombie les plus touchées par le conflit armé : Buenaventura, Cacarica, La Ciénaga et El Salado. Avec ses protagonistes, il a développé des sujets qui servent à se souvenir et à donner de la visibilité aux femmes et à leurs expériences.
En résultent des images de peine, mais aussi d’espoir d’un avenir pacifique dans ce pays rongé par la violence.

Rania Matar : Cinquante ans plus tard

© Rania Matar

Le Liban souffre encore des conséquences de la guerre civile qui a débuté il y a cinquante ans. Après des affrontements brutaux, des gouvernements corrompus et des mois de confinement pendant la pandémie de Covid, les explosions dans le port de Beyrouth, en 2020, ont plongé le pays encore plus profondément dans l’abîme. Née au Liban en 1964, la photographe américaine dédie sa série aux femmes du pays : les images capturant leur présence, leur créativité, leur force, leur dignité et leur résilience sont représentatives des espoirs, des rêves et des craintes de toute une génération.

Gustavo Minas : Cités liquides

© Gustavo Minas

Portraits de personnes dans des lieux de transition : les photos prises par le photographe brésilien (né en 1981) sont caractérisées par un sentiment d’isolement, d’aliénation et même de peur. En intégrant fréquemment des reflets dans ses images, le photographe capture différents niveaux de réalité, qui sont définis par les divers besoins personnels de différents groupes sociaux et sociétaux. Cette série passionnante a été photographiée dans plusieurs grandes villes, principalement en Amérique, mais aussi en Europe.

Seamus Murphy : Le Royaume

© Seamus Murphy

Le photographe irlandais (né en 1959) vit en Grande-Bretagne depuis plus de 35 ans. Il apprécie la politesse britannique, doublée d’une excentricité anarchique. Au moment du Brexit, il a commencé à repenser sa relation au pays et à voir les détails, les gestes quotidiens et les rituels publics sous un nouveau jour. Par conséquent, depuis 2016, il en résulte une série pleine d’ironie amère, d’empathie et de critique des conditions sociales et sociétales. Le photographe suggère que le son d’une fanfare militaire excentrique pourrait constituer un accompagnement musical approprié pour ses images.

Jordi Ruiz Cirera : De ce côté, il y a aussi des rêves

© Jordi Ruiz Cirera

Le point de départ de cette série : la vie quotidienne des habitants de la frontière nord du Mexique – une région qui s’étend sur 3 000 kilomètres, de Tijuana, sur le Pacifique, au golfe du Mexique. Cette région frontalière est le plus souvent couverte par les médias lorsqu’ils traitent de la violence et des conflits migratoires. En revanche, le photographe espagnol (né en 1984)
concentre ses séries tranquilles sur les espoirs et les rêves, les histoires de tous les jours et les paysages uniques.

Laetitia Vançon : Hommage à Odessa

© Laetitia Vançon

Cette série a été réalisée à Odessa et dans la région qui entoure la ville ukrainienne, en juin 2022 : c’est un lieu symbolique et stratégique pour les deux parties du conflit. L’agression russe dure depuis des mois ; la ville a été touchée mais a résisté aux attaques. La photographe française basée à Munich (née en 1979) a concentré ses reportages sur les moments calmes et simples de la vie quotidienne, révélant comment les gens s’accrochent à leurs routines quotidiennes, dans l’espoir de retrouver un sentiment de normalité.

*Le jury de cette 43ème édition du Prix Leica Oskar Barnack Award était composée de Caroline Hunter (Photo Editor, The Guardian Saturday magazine, UK), Whitney Hollington Matewe (Photo Editor au TIME magazine, USA), François Hébel (Curateur, France), Luca Locatelli, (Photographe, Italy) et Karin Rehn-Kaufmann (Art Director and Chief Representative of Leica Galleries International, Austria)

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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