Masterclass Oeildeep : Stella par Anne-Charlotte Moulard

Cette semaine, nous débutons la restitution de la dernière Masterclass Oeildeep, qui a été encadrée notamment par les photographes Jane Evelyn Atwood et Jean-Christian Bourcart. Découvrez la série « Stella » réalisée par Anne-Charlotte Moulard. Stella est le nom de la ville où la photographe et réalisatrice a grandi et qui a été fondée par son arrière grand-père dans les années 30. Nous vous dévoilons aujourd’hui, le premier chapitre de cette série qui a pour héroïne cette petite cité balnéaire de la Côte d’Opale…

STELLA

« Nous naissons pour ainsi dire provisoirement quelque part et c’est peu à peu que nous composons en nous le lieu de notre origine ; pour y naître après coup et chaque jour plus définitivement ». Rainer Maria RILKE

Stella est le nom de la ville où j’ai grandi. Elle a été fondée par mon arrière grand-père dans les années 30, en pleine essor des bains de mer. Rentrer à la maison peut indiquer un lieu précis mais cela peut aussi englober un espace plus large. Ainsi, durant des années, j’ai photographié la maison : les rues et les habitants de mon village, un besoin viscéral comme celui d’Eugène Atget peut-être. « Être né quelque part» voilà la question récurrente que l’on perçoit au travers des images de Stella. Pourquoi ce lieu ? Pourquoi est-ce chez moi ?

Ce premier chapitre de Stella est une liste d’images syncopées d’une ville de bord de mer : Cinecittà sans Pasolini, désert américain sans western et plage abandonnée sans Gérard Depardieu ni Patrick Dewaere. Car oui, Stella a connu son heure de gloire à l’époque du tournage du film Les Valseuses. Sous la forme d’une bande originale, je fais de Stella un récit aussi fractionné que le temps écoulé, le tout raconté au présent. Souvenirs relatés et images sont mis sur le même plan. Il devient impossible de connaître la datation de celles-ci et c’est bien là le but.
En effet, les images de Stella sont faussement documentaires. Sans jamais indiquer à quoi ressemble la ville dans son ensemble, insidieusement, je perds toujours plus le spectateur dans une ville faite de références cinématographiques et de souvenirs que je n’explicite que peu . Ainsi, comme une ville mystère, Stella n’est jamais acquise, elle fascine et intrigue. A dessein, ce lieu secret, que j’ai tant besoin de raconter, reste impalpable et éternel.

« La beauté cachée
Des laids des laids
Se voit sans
Délai délai » Serge Gainsbourg

Stella répond bien à cette métaphore tant elle reste imperceptible pour les visiteurs occasionnels.
Au gré des images, je transporte hors de France : westerns spaghettis, rêve américain. La série propose une cartographie mentale de la ville telle que je la vois, le tout pétri de références personnelles issues de ma passion pour le cinéma. A cheval entre imaginaire et documents réels, passé et présent, ce Stella n’existe que dans mon imaginaire. De mes premières images réalisées en 35mm datant de 2005 aux images plus récentes réalisées au 6×6 ou 6×7, il est possible de voir mon oeil d’artiste s’affiner au fil du temps. En sous-texte, Stella apparaît comme le théâtre de mon apprentissage de la photographie.

Anne-Charlotte Moulard, acronyme ACM, est une photographe et réalisatrice française travaillant entre le Nord de la France et Paris. Sa formation polyvalente ( direction artistique à Penninghen, photographie aux Gobelins puis direction de la photographie à la Central Saint Martin School, à Londres ou encore réalisation de films de fiction à l’ENS Louis Lumière) lui permet de naviguer de la réalisation aux projets de commande, sans oublier son travail artistique qui constitue la colonne vertébrale de sa démarche.

De 2011 à 2015, la série ©Où est Charlie réalisée en duo avec Maxence Boulart-Cardon sous le nom de max&charlotte est exposée à Bercy-Village durant six mois avant de tourner à Singapour, Amsterdam et Cap Town. Elle est accompagnée d’une couverture médiatique importante pour des artistes émergents (Polka magazine, Le Monde de la Photo, Arty magazine, Le Monde, Courrier International Japon, La Repubblica, Zeitmagazin, TV5 Québec-Canada, La lettre de la photographie, Canal+, France Info). De 2015 à 2019, elle travaille pour des marques, notamment Lancôme avec qui elle collabore durant trois années. Suite à son expérience en tant qu’assistante du photographe Rankin à Londres, en 2010, elle s’associe avec la styliste anglaise Emily Evans sur différents projets narratifs aux accents mode pour des magazines tels que Schön, DScene, The Impression ou encore Blanc. Dès 2019, elle se lance dans la réalisation avec un premier court-métrage auto-produit Early Bird qui, après plus de dix-huit sélections officielles dans des festivals internationaux, remporte le premier prix (la boule rouge) du Nouveau Talent mode décerné par le prestigieux Club des Directeurs Artistiques à Paris. Forte de cette première expérience, elle enchaîne avec un second film, Thermal réalisé en 2021 qui suit le même parcours unique. Avec quinze nominations mondiales, ce dernier remporte le premier prix de la meilleure musique originale en décembre 2022 ( CANIFF, Canadian International Fashion Film Festival, Toronto). Cette même année, elle est résidente du festival Planches Contact à Deauville aux côtés de la directrice artistique Laura Serani. Son projet Léon a rasé César à Noël avec un titre en palindrome, est un récit surréaliste et sensoriel sur la quête de sens. Exposée au grand bain, une des photographies de la série est aussi choisie pour incarner l’affiche de cette 13ème édition.

Ses projets en cours (Stella 2005-2022, Raw land 2010-2024) sont toujours emprunts d’un questionnement philosophique. Sans jamais répondre de manière linéaire à une simple question posée, son esprit à la construction en arborescence, suggère plusieurs perceptions, retranscrites ensuite dans ses images. Enfin, son regard questionne le vernis de notre monde public, celui que l’on donne à voir, en proposant un travail décalé, mêlant figures de style et références cinématographiques.

https://www.annecharlottemoulard.com/
https://www.instagram.com/annecharlottemoulard/

Vous souhaitez participer à la prochaine masterclass (du 3 juin au 3 décembre 2023), encadrée par Laura Serani, Stefano De Luigi et Jean-Christian Bourcart ?

• 6 mois d’accompagnement artistique et technique adapté à vos objectifs et votre parcours
• 3 professionnels s’impliquent et vous guident dans la construction de votre projet photographique de la conception à la finalisation : prise de vue, editing, post-production, mise en forme pour exposition, publication, projection
• Alternance de week-ends en groupe à Paris et d’un suivi individuel par skype
• Restitution de fin de masterclass: projection lors de la semaine d’ouverture des Rencontres de la photographique d’Arles et publication de chaque portfolio sur le site de notre partenaire 9 Lives Magazine.
• Date de clôture des inscriptions : 3 mai 2023 (dans la limite des places disponibles).

https://oeildeep.com/masterclass

Vous êtes photographes et vous souhaitez donner de la visibilité et de la résonance à votre travail ? Notre rubrique Portfolio vous est consacrée !

Comment participer ?
Pour soumettre votre travail à la rédaction, il vous suffit d’envoyer à info@9lives-magazine.com

• Une série composée de 10 à 20 images. Vos fichiers doivent être en 72DPI au format JPG avec une taille en pixels entre 1200 et 2000 pixels dans la plus grande partie de l’image ;
• Des légendes (si il y a) ;
• Un texte de présentation de votre série (pas de format maximum ou minimum) ;
• Une courte biographie avec les coordonnées que vous souhaitez rendre public (site web, email, réseaux sociaux…)