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Vincent Fillon à la galerie Little big Galerie

Temps de lecture estimé : 4mins
Après plusieurs travaux portant sur le paysage urbain dont les séries Entre-deux et City One, Vincent Fillon revient à la Little Big Galerie avec un travail réalisé de nuit au cœur de la forêt. Une exposition qui fait partie des “lieux associés” du festival Circulation(s).
L’objet mental

WE WHERE HERE, expose une série de huit formats couleur, à la facture soignée irréprochable. Ce travail maîtrisé très agréablement offre au regard plus qu’une vision élective, un » Experiment » sous forme d’un objet Mental, d’une proposition visuelle très assumée. Huit tirages couleurs dévoilent bleus, noirs, verts d’une forêt, la nuit, éclairée d’une seule source de lumière, placée à contre-jour, dans le champ photographique. Le jeu n’est il pas de faire enter un peu d’une forêt, dans notre champ de conscience, partages du rêve, émission fantasmatique, entre des sources de lumières tendances Design et la nuit d’une forêt fort disciplinée, rapprochements féconds.

C’est Le cadre choisi par Vincent Fillon , pour s’émouvoir esthétiquement du jeu mathématique des formes, le carré, la ligne très DESIGN des sources lumineuses faisant sourdre le trait des branches, arbres, feuillages dont la découpe lumineuse enchante: percevoir le haïku des arbres éclairés dans une forêt claire et ouverte, convoquer le rêve d’ une nuit magique. Exercice très discipliné, très agréablement maîtrisé du photographe, plaçant cette expérience plutôt conceptuelle du côté d’une intention plastique, « mystérieuse » dit le dossier de presse. J’y vois un exercice plus formel, dans un dialogue entre la géométrie des sources lumineuses et celles fluentes de la forêt. Se perçoivent les lignes directrices de l’espace, le trait des troncs et des branches, beaucoup de verticales et les volumes des feuillages, rapports entre les lignes « sèches », le trait naturel et les lignes fortes, les volumes épanouis, sensuels, opulents de ceux ci .Vincent Fillon perçoit cette sensualité du trait dans un rapport esthétique à l’art du dessin et s’en éloigne pour produire un objet d’abord conceptuel, ensuite pictural, dans la mesure où l’imaginaire est sollicité en toile de fond.

WE WHERE HERE, En effet retient l’attention, Y SOMMES NOUS de fait, Y avons nous été, Y serons nous demain? Cette forêt, est elle l’image souhaitée d’une de nos expériences, quand l’obscurité a gagné les frondaisons et que le souhait d’éclairages, de lumière se fait? Le fait d’éclairer la forêt rappelle plus que la forêt elle même, l’expérience de s’y promener agréablement, dans une proximité confortable, comme si ce fut un « ready made » tout en présence, dévolu au plaisir de l ‘être là. La sensibilité esthétique engagée par le dispositif minimal, devient « objective », c’est à dire perceptible et évocatrice….ce qui me parait singulier et touchant, intellectuellement. De cette forêt « enlunée », enluminée, éclairée, il ne me vient non pas la perception de la Nature et de la Nuit, mais son idéalité, son image, à la fois proche et distante, dans un confort relatif à tout objet esthétique, appel fantasmatique de l’heureuse Maîtrise de l’Homme sur la Nature, un peu de l’effervescent principe des Lumières et de l’art des jardins architecturés, dont ici l’intention serait le degré unitaire, un peu d’une forêt en soi.

WE WHERE HERE est déjà une source de plaisirs esthétiques et de jouissances, contaminants physiquement la réception des ces beaux formats ouvrant sur l’ espace mental d’un imaginaire. Ne posent ils pas la question de l’articulation de la perception de l’installation, ni land Art, ni simulacre, dispositif visuel voulant s’assurer de la présence? Chacun peut vérifier ce qu’il se passe quand un objet mental est proposé à la lecture du corps, Idées et Perceptions découplées, devant cette forêt métonymique importée de la nuit…

EXPOSITION
We were here
Vincent Fillon
Du 26 janvier au 12 mars 2017
Little big Galerie
45 rue Lepic
75018 Paris
France
http://littlebiggalerie.com/
http://www.festival-circulations.com/

Pascal Therme
Les articles autour de la photographie ont trouvé une place dans le magazine 9 LIVES, dans une lecture de ce qui émane des oeuvres exposées, des dialogues issus des livres, des expositions ou d’événements. Comme une main tendue, ces articles sont déjà des rencontres, polies, du coin des yeux, mantiques sincères. Le moi est ici en relation commandée avec le Réel, pour en saisir, le flux, l’intention secrète et les possibilités de regards, de dessillements, afin d’y voir plus net, de noter, de mesurer en soi la structure du sens et de son affleurement dans et par la forme…..

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